vendredi 6 janvier 2012

ELITISME, MONOHUMANISME, POLYHUMANISME

Ai compris récemment la nature du polyhumanisme chez Pascal ENARD. Concept central chez lui, il correspond bien plus qu’à un suffixe stylistique accolé à l’humanisme pour renforcer la nature de ce mot.



Pour comprendre la portée conceptuelle du polyhumanisme il faut d’abord comprendre ce que sont l’élitisme et le monohumanisme.



L’élitisme correspond à une forme de régulation sociale et interindividuelle basée sur la discrimination : on postule qu’un individu ou qu’un groupe humain est par nature inférieur.



Le monohumanisme en revanche postule une égalité en droit, ou en nature, initiale. Cependant une seule forme d’excellence est reconnue par le monohumanisme et si l’individu ou le groupe n’arrive pas à s’y élever il déchoit, et ce d’autant plus fortement que les moyens pour y parvenir lui étaient soit disant donnés en droit : d’où une forme plus subtile et plus pernicieuse de la discrimination.



Le polyhumanisme va renier ou plutôt englober ces postulats. Son seul credo : toute trajectoire de vie ou d’élévation vaut la peine d’être vécu mais aucune en particulier n’est supérieure à une autre. Le polyhumanisme prône donc une égalité vrai entre humains. Et ce n’est pas parce qu’une forme d’organisation sociale favorise et reconnaît l’élévation de telle ou telle catégorie de population que les « inférieurs » ou les « marginaux » en classe ont un moindre droit à la reconnaissance de ce qu’ils sont et portent.



Pour exemple, le système éducatif : nombre d’élèves sont laissés pour compte sur le bord de la route alors qu’ils sont simplement inaptes à se former selon les canons d’apprentissage et d’examen du système éducatif. Ce phénomène est autant lié aux différentes pédagogies qu’aux modes de contrôle (écrits, oraux …). Simplement une norme éducative a été posée et tous les élèves sont censés s’y adapter ou déchoir. Le polyhumanisme récuse cette manière de voir les choses et consiste non seulement en la reconnaissance de la diversité des trajectoires mais aussi d’y arriver. Tant il est vrai que dans nos sociétés actuelles certains moyens ne permettent pas d’accéder à certaines fonctions comme si certaines trajectoires étaient bloquées par des plafonds de verre.