mercredi 9 novembre 2011

Hommage à L'Art Français de la Guerre d'Alexis JENNI

Il aura fallu une histoire singulière à Victorien Salagnon pour accomplir son Odyssée.

Il aura fallu plus qu’Orphée pour sortir Eurydice du royaume des morts.

Il aura fallu au narrateur de s’étranger pour exorciser toute mythologie de cette histoire.

Il m’aura fallu écrire ces mots pour m’extraire de L’art français de la guerre, un ouvrage qui m’habite depuis que j’ai commencé à le lire et qui me hante depuis que j’ai fini de le lire. Cette histoire fait désormais partie de mes souvenirs concrets et comme telle m’invite à la réflexion, au « retour sur » ...

Ce faisant Alexis JENNI redonne un souffle vivant aux mythes fondateurs de la littérature classique : certains les ont reniés, comme Marriani ; d’autres s’y sont perdus, comme l’oncle de Victorien ; deux êtres en se découvrant se sont appropriés ces mythes pour fuir leur destinée et se réapproprier leur destin. Pour ce faire Alexis JENNI a dut subvertir les figures des mythes :

- une Eurydice – Béatrice aux yeux de Victorien

- un Victorien – Virgile aux yeux du narrateur


Soit un Dante de trop pour cette histoire ; un Job qui se saborderait lui-même ; un Gargantua « obscure » … soit plusieurs figures successives du narrateur.

Narrateur qui une fois purifié par la déprise de toute richesse matérielle ; puis finalement par l’amour d’une femme sans âge, dont seule l’aura blanche de sa chevelure apparaît comme un signe déterminant de son identité (alors qu’aux yeux de la société elle est berbère !? arabe !? maghrébine !? musulmane !? … bref tout, sauf ce qu’elle est intrinsèquement et dont la cécité nous prend lorsque nous y sommes confrontés, comme un prurit du colonialisme) ; Narrateur qui pourra alors dire la vérité vraie pour rendre la justice juste … qui fera œuvre : de sauveur pour Eurydice accomplissant ce qu’Orphée même n’avait pu réaliser jusqu’à son terme ; de Virgile pour un Victorien – Dante ; d’ange pour un couple Eurydice – Victorien plus que jamais Dante amoureux de Béatrice.

Je note comme un clin d’œil, moi le juif, l’identité judéo - grecque d’Eurydice et de Salomon Kaloyannis (juifs et métèques ? comme le chantait Moustaki). Si au début de l’histoire ces figures sont l’illustration du « sel de la terre » comme solution face à l’altérité, leur extraction violente par l’Histoire les rendra étrangers à la vie : ils n’y comprendront plus rien, par peur, et se réfugieront dans l’expression la plus grossière de l’erreur, qu’ils savent être l’ennemie de la vérité qu’ils cherchent pourtant, mais qui est la seule qui semble leur ouvrir les bras pour les rassurer. A la fin :

- Salomon changera radicalement son fusil d’épaule pour se donner à d’autres « sacrificateurs », tombant de Charybdes en Scylla … se donnant ce faisant la mort ;

- Eurydice recevra la vérité d’un être « sans religion », un narrateur qui a construit son ubiquité omnisciente en s’extrayant dialectiquement de sa condition initiale ;

- Victorien, l’homme fourvoyé, recevra sa libération, après un long voyage, par le narrateur, deux êtres devenus étranger à ce qu’ils furent ;

etc …

Le narrateur comme Messie qui se construit lui-même en quelque sorte.

mardi 18 octobre 2011

PAIX / SHALOM / SALAM

Je me permets de relayer humblement cette information : lundi 24 octobre à 18h00 Esplanade des Droits de l'Homme - Rassemblement pour la Paix.

A l'appel et en présence des représentants des religions du livre tous les "chercheurs de paix, croyants OU non croyants" sont conviés à ce moment salutaire et situé ici et maintenant ,qui devra tôt ou tard se concrétiser un jour dans la joie des frères et soeurs en humanité retrouvés partout et à jamais ... "Sur Terre, Qui est quelquefois si jolie."

mardi 20 septembre 2011

RDV avec l'histoire

Je ne me fais plus aucune espèce d’illusion sur les tenants et les aboutissants de la « real-politik » qui navigue à vue au gré des opinions publiques. Dans le cas précis de la demande de reconnaissance de souveraineté par l’Autorité Palestinienne auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU, des intérêts trop éminemment politiques sont en jeux pour que je puisse me déterminer sur son opportunité stratégique immédiate tant pour la Palestine, que pour Israël, mais aussi les Etats-Unis, l’Union Européenne dont la France … L’histoire jugera de ce qui aura lieu ou non à l’ONU le 23 septembre 2011.



Cependant une phrase de trop a été prononcée par M. Benjamin Netanyahu, Premier Ministre en fonction de l’Etat Israélien. Je cite : « Benyamin Nétanyahou a tourné en dérision cette majorité automatique à l'Assemblée générale "où n'importe quelle résolution peut être adoptée". Elle "peut même décider que le soleil se lève à l'ouest et se couche à l'est", a-t-il ironisé, "mais elle n'a ni le poids, ni l'importance du Conseil de sécurité". » (cf. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/09/18/etat-palestinien-netanyahu-se-rendra-a-l-onu-pour-exprimer-sa-verite_1573968_3218.html ).

Devrait-on rappeler que c’est L’ONU et son Assemblée Générale qui, en 1947, ont adopté la résolution 181 (cf. http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/181(II)&Lang=F ) stipulant la partition de la Palestine alors sous mandat britannique et donc la création de l’Etat Israélien.

Je trouve donc qu’il est un peu fort de café de chier dans la gueule d’une organisation qui vous institue comme nation souveraine. Et si j’étais son représentant je me ferai fort de lui rappeler non pas « cette vérité », mais « La Vérité Historique » (cf. entre septembre 1947 et le 25 novembre 1947 deux tours sont nécessaires pour obtenir le quorum des 2/3 des voix de l’Assemblée Générale de l’ONU d’alors, pour que le texte soit adopté. Au final : 25 voix pour, 13 contre et 19 abstentions).

La résolution 181 s’intitulait alors joliment « Plan de Partage avec Union Economique ». Mes lacunes historiques m’ont rappelé ce joli intitulé, ce jour même, en consultant les archives en ligne de l’ONU et me revient en mémoire un de mes mots d’ordres constant dans mon engagement concret pour la paix Israélo-Palestinienne: la création d’un M.O.U. (cf. Moyen Orient Unifié) … le jeu de mot était fait exprès, après tant d’années de dures réalités conflictuelles !

PS : Je suggère également au MIT de dégrader les diplômes obtenus par M. Netanyahu (cf. http://mitadmissions.org/wiki/Notable-Alumni#Government-Politics ) dont le savoir n’est certes pas au niveau de cette prestigieuse université, à moins que … son « Bachelor of Science degree » en architecture sanctionne son œuvre expansionniste des colonies en territoires occupés !

NB : Sur le site http://en.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Netanyahu#Early_life.2C_military_service.2C_education.2C_and_early_public_career Benjamin Netanyahu se targue d’avoir étudié la Science Politique à la célèbre Université de Harvard … j’attends toujours confirmation de la sanction de ces études par un diplôme !

lundi 5 septembre 2011

Rectifications !

Petite modification à la marge pour le blog « Comment je suis devenu écrivain ».

Vous aurez remarqué que le bandeau « Les Préférences » a disparu ; que le bandeau « Les Maîtres » a été modifié ; qu’est apparu un bandeau « Les rencontres qui comptent ».

Pourquoi ?

Je ne renie pas mes références (cf. Claude Lanzmann et Pierre Vidal-Naquet). Cependant un troisième bandeau aurait alourdi la structure du blog, j’ai donc préféré simplement le supprimer. J’ai privilégié les rapports plus ténus entretenus avec certaines personnes, que ceux que je connaissais juste par certaines de leur production.

De fait Jean Bollack et Claude Vigée ont transmigré dans le bandeau « Les Rencontres qui Comptent ». D’autres pourraient y prétendre, mais encore une fois je ne voulais pas alourdir la présentation de mon blog. D’ailleurs les personnes qui pourraient y figurer apparaissent déjà sur ce blog sous d’autres rubriques. Seule Michèle Duclos n’y est pas représentée, grave lacune liée à l’absence de site dédié à sa personne. Il faudrait pour lui rendre justice, créer une rubrique intitulée « Ma Marraine » tant elle fut déterminante dans mon intégration à Bordeaux et mon évolution personnelle. Que ces quelques lignes viennent compenser cette absence regrettable.

Pour en revenir à Jean Bollack et Claude Vigée, je les classais prétentieusement dans la catégorie « Les Maîtres », ce qui est faux. Je ne renie pas leur influence, mais cela supposait tout de même avoir reçu d’eux un « Enseignement ». Or pour tous deux, déterminantes et fécondes qu’aient pu être nos rencontres et échanges, je ne peux sous entendre cela. De par l’affection et le respect que je leur porte, j’ai extrapolé leur rôle comme en un vœux pieu. J’espère qu’ils ne m’en tiendront pas rigueur.

Pascal Enard figure donc à présent dans le bandeau « Les Maîtres » comme en un rétablissement d’un oubli fâcheux. En effet depuis 2008 il m’a accueilli chez lui, m’a convié à ses apparitions publiques (des fois pour y tenir un rôle actif) … et surtout a répondu systématiquement à mes sollicitations. Je ne veux pas dire qu’à chaque fois que je l’appelais ou lui écrivais il me répondait explicitement, mais ses silences ou ses fins de non recevoir tenaient lieu systématiquement de réponses significatives, maniant ce faisant tout l’art d’un maître. Enfin je me retrouve dans l’éthique de vie qu’il développe.

J’espère qu’il ne me tiendra pas rigueur de le classer dans cette catégorie, seul de surcroît. Je tiens à préciser que je ne revendique pas le titre « d’élève » de Pascal Enard, simplement il me paraît évident rétrospectivement et avec un peu de retard qu’il se soucie de moi et que mes rapports avec lui sont suffisamment conséquents et de nature idoine pour être qualifiés « d’enseignement ».









samedi 20 août 2011

RENTABILITE FATIGUE.015

« La mauvaise passe et l’interprétation sommaire »

Et nous voilà au dernier chapitre de Rentabilité Fatigue, comme en une invitation à découvrir l’ensemble de l’œuvre passée et à venir de Pascal ENARD.

Marxiste (oui, il ne s’en cache pas), Pascal ENARD est un curieux marxiste quand on se réfère aux caricatures qui ne cessent de trahir Karl MARX. Et pourtant marxiste curieux, Pascal ENARD donne tout son sens à la « dictature du prolétariat » pour peu que l’on comprenne bien la vocation internationaliste de ce terme qui a tant fait coulé d’encre. De sa vocation polyhumaniste devrais je dire.

Loin de faire « table rase du passé » le programme action de Pascal ENARD consiste à s’appuyer sur les leviers économiques et sociaux existants pour, à travers une stratégie subversive, servir « au profit de tous les vivants » (page 154).

En passant de la critique de la gratuité des logiciels libres (page 141) jusqu’à l’utilité de la spéculation (page 154), la réflexion de Pascal ENARD nage à contre courant de la doxa de gauche qui a tôt fait de condamner le soit disant « ennemi du peuple ». Au contraire « le polyhumanisme, concevant la complémentarité des civilisations en conflit ne veut « passer à l’acte » sans étudier la situation concrète des figures en tension et les résultantes complexes de leurs forces et rapports » (page 151).

Or nous avons besoin d’humains qui gardent « la patience assidue d’aller au bout des raisons complexes des faits » (page 133). Et d’enfoncer le clou en citant Denis THOUARD : « […] il n’y a pas de censure plus forte que celle qui est aussi la plus commune et qui confère à l’incompétence le droit de s’exprimer avec la même autorité que le savoir. » (pages 134 - 135).

mardi 9 août 2011

RENTABILITE FATIGUE.014

« FAUSSE LIBERTE ET SOLIDARITE FAUSSEE »

Deux influences majeures transpirent dans ce court chapitre : Marx (même si Pascal ENARD se porte en faux contre les interprétations sommaires de la doxa marxiste) et La Boëtie.

C’est à cette dernière influence que je voudrais ici m’intéresser sur le thème « De la servitude volontaire » : « Ce ne sont plus les gens qui veulent mais l’addiction par la domination pulsionnelle de la situation qui choisit pour eux » (page 127).

Cette servitude face « au grand autre » (page 127) mais aussi dans certaines volonté d’émancipation qui ne pourront que capoter, engoncer qu’elles sont dans « une jalousie petite bourgeoise » (page 125). Et Pascal ENARD d’évoquer l’intranquillité, au sens où l’entendait Fernando PESOA, du sujet face à ce grand autre :

« En ces jours de l’âme comme celui que je vis aujourd’hui, je sens, avec toute la conscience de mon corps, combien je suis l’enfant douloureux malmené par la vie. On m’a mis dans un coin, d’où j’entends les autres jouer. Je sens dans mes mains le jouet cassé qu’on m’a donné, ironiquement un jouet de fer-blanc. Aujourd’hui 14 mars, à neuf heures dix du soir, voilà toute la saveur, voilà toute la valeur de ma vie. » (Le Livre de l'Intranquillité, Fernando PESOA)

Car c’est bien de valeur dont il est question ! Economique, sociale, familiale et in fine psychique qui se boucle à nouveau dans le somatique …

Nous souffrons de ne figurer à la vie, c'est-à-dire de n’être que figurant sur la scène de la vie : plus personne ne compte si ce n’est le dominant, et encore … pris dans un jeu de pouvoir il ne doit le maintien à sa place que par une défense active et outrageuse dans le but de ne pas se faire évincer : pauvre domination en réalité que celle-ci, commandée par des conditions extérieures au dominant.

En fait c’est au centralisme, sous toutes ses formes (même déconcentré), que cette situation doit de se perpétuer. Et avec le centralisme, la croissance incontrôlée des formes de domination institutionnelle qui se traduisent par le totalitarisme de l’administration d’Etat, des Multinationales … Cette dictature administrative et son incompétence, sa propension à l’inefficacité sociale, a été décelée dès le 19ième siècle par des auteurs viennois, se transmet avec Kafka et s’analyse socialement par des économistes tels Galbraith à partir de la deuxième moitié du 20ième siècle.

La tendance du capitalisme à générer, non seulement l’automatisation des tâches productives et administratives, mais aussi à gérer les relations humaines interindividuelles par l’accumulation d’algorithmes automatiques de résolution des problèmes et du quotidien a pour conséquence une organisation sociale mortifère où la réalisation de l’individu et du vivant n’est plus possible.

Face à ces formes d’organisation, Pascal ENARD prône l’apparition de « compétences nouvelles » (page 125) partagées et vivantes, tout en laissant « fusionner les grandes structures » (page 123) qui périront d’elles même par l’inefficacité de leur organisation … à moins qu’elles ne s’adaptent, au moins à la marge.

Réalisation de soi et partage avec l’autre voilà donc les deux conditions nécessaires au développement de la vie. Encore faut il qu’une place soit faite à ces possibilités de développement personnel : l’individu étant pris entre le marteau de l’organisation dominante et l’enclume de la critique dominante.

Ce faisant je repense sans cesse aux mémoires de Géronimo qui, narrant sa vie, insiste sur la multiplicité des possibilités de réalisation personnelle et de reconnaissance sociale des jeunes membres des tribus apaches. A une époque où l’humanité et sa jeunesse en particulier souffre du manque de reconnaissance et de possibilités de réalisation, je ne peux m’empêcher de me demander en me retournant sur mon passé : « et toi, qu’as-tu fait de tes plus belles années ? »

Intranquille, voici donc notre lot, à moins d’un sursaut révolutionnaire de libération et de réalisation personnel reconnu par les autres.

vendredi 29 juillet 2011

RENTABILITE FATIGUE.013

« L’épuisement nihiliste du monohumanisme », chapitre fondamental à la compréhension du polyhumanisme. Cette compréhension passe chez moi par l’entendement de ce qu’il n’est pas comme en manière de se porter sur une colline éloignée pour contempler le sommet que nous n’appréhenderions pas du pied de ses pentes.

Deux sections m’interpellent particulièrement :
- « Ecrire dans la langue » (page 111)
- « Le polyhumanisme n’est pas un multiculturalisme. Est il un métissage ? » (page 112)

La première expose une visée programmatique : « Comment produire un niveau d’énonciation qui soit un acte de pensée impulsant indéfectiblement ses actes de pratiques sociales transformatrices ? » (page 112).

La deuxième démonte la notion fourre tout et à la mode du multiculturalisme : « versant sociologico civilisationnel des politiques libérales post industrielles (communicationnelles) » (page 110). Après la pseudo cohabitation, Pascal ENARD s’interroge donc sur le mélange. Le métissage, peut être condition nécessaire en tout cas pas suffisante : « c’est la microcosmogonie qui doit changer en même temps que les cosmogonies islamique, juive, catholique, inuit, etc., apprennent à coexister. Il ne suffit pas, à Pierre, français « de souche », d’épouser une « black », pour qu’ils deviennent polyhumanistes. » (page 113)

Le polyhumanisme est donc exigence, n’est pas aisé d’accès car il implique tout l’être : « une révolution au plus intime » (page ?). De fait « le polyhumanisme ne saurait inspirer confiance d’emblée » (page 106) car il ne répond pas putassièrement à notre besoin infini de consolation. Avec le polyhumanisme pas de rasssurement immédiat, voir même parfois « le rejet des demandes de rassurement » (page 117).

Pascal ENARD est un maître, car il nous fait découvrir l’être polyhumaniste et nous aide à y parvenir si on en manifeste le souhait. Mais si Pascal ENARD est « un camarade chahutable » (page 118) c’est aussi un camarade chahuteur qui par petites touches pertinentes recadre son disciple sur la voie que ce dernier a choisi.

Ce en quoi il ne suffit pas seulement de comprendre Pascal ENARD, il faut aussi vouloir cheminer sur les voies du polyhumanisme : c'est-à-dire être guidé sur ces terres qui lui sont familières pour les avoir découvertes et explorées.

vendredi 17 juin 2011

RENTABILITE FATIGUE.012

FATIGUE D’EROS

« Il faut tant de métier pour une harmonie, si fragile, que sa copie va supplanter.
Rude concentration aménage en terrasses les plissements de soi.
La dissipation a horreur de misère ;
qui n’accumule ne peut perdre.
Le veau d’or ferme chacun sur soi,
mais le samadhi ne nourrit. »

(Pascal ENARD, Rentabilité Fatigue, page 89)

Et Pascal ENARD de traiter des racines sociales de l’aliénation psychologique et de la réification « sexuelle ». Et c’est à nouveau pour le lecteur que je suis – le visiteur de sites pornographiques, l’amant qui pense à une autre pendant l’acte sexuel … – une mise à bas des croyances convenues et bien confortables dans lesquelles je m’étais réfugié. Pascal ENARD n’est pas un jésuite, on ne va pas à ses textes comme on va à confesse : nulle exigence de contrition, de castrations, d’abandon de pratiques « coupables » pour de plus « vertueuses ». D’ailleurs en plein abandon copulatoire comment pourrais je empêcher mes pensées de divaguer vers un autre objet de désir à moins de débander et de m’infliger une abstinence douloureuse ? Non, ce que propose Pascal ENARD c’est d’analyser les causes de nos pratiques du désir afin de mieux en démonter intérieurement les processus ; pour ne plus être en prise, pour ne pas dire dépendants au sens d’addiction, des « mécanismes » pernicieux qui nous gouvernent et nous font du tort … nous inscrivent dans la « sous-jouissance » de surcroît.

L’Internationale Situationiste rédigeait en 1967 « De la misère en milieu étudiant » : NOUS SOMMES TOUS DES ETUDIANTS insiste Pascal ENARD.

Et le « libertinage » contemporain n’est pas si libre. Cependant il offre des possibilités symptomatiques de décharges, un exutoire … un dépotoire aussi. Mais depuis quand le métier d’éboueur serait il impropre ? Il est au contraire bien utile dans une société qui ne fabrique que des déchets.

Nous aspirons à mieux toutefois :

« Nous valons face à la douceur aux mesures où nous affrontons les cruautés des sorts et des maldonnes – sans s’en défausser sur plus faible – et surmontons les stigmates des efforts rugueux pour rester droits. » (Pascal ENARD, Rentabilité Fatigue, page 88)

A l’aune de Pascal ENARD il me semble que l’affaire DSK prend une autre couleur :

« Ce qui reproduit la jouissance d’organes fétichiste c’est le masochisme, la soumission vaincue du lésé.
[…]
Le rapport social capitaliste est reproduit – sous l’édiction des contrats à respecter – du fait que le puissant les bafoue tandis que les faibles en pâtissent.
Face au bafouement de son obligation convenue , édictée dans le contrat général qui nous lie, je suis décontenancé, ce dont le puissant profite pour asseoir le pouvoir tiré de sa transgression. Habituellement cela occasionne la contagion : le faible est tenté lui aussi de ne pas respecter ses propres obligations, en défaveur d’encore plus faible que lui. » (Pascal ENARD, Rentabilité Fatigue, page 94)

Pascal ENARD nous offre simplement une « science des figures de style de vie » (page 96) pour ne plus être prisonnier des rôles, d’apparences douteuses.


dimanche 15 mai 2011

RENTABILITE FATIGUE.011

SUITE DU CHAPITRE « Rendre Au Mort Pour Les Vivants »

De plus en plus pertinent dans son propos qui s’approfondit et se précise : Pascal ENARD commence à nous livrer les tenants et les aboutissants d’une action concrète visant à remettre le capitalisme dominant à sa place.

Il convient déjà, dans le contexte actuel de lutte des classes de se positionner relativement à l’altérité et relativement à soi (surtout) : ne plus subir sa fonction de figurant. Comme Lysistrata avait appelé ses consoeurs athéniennes à faire la grève du sexe, je me demande si face aux figurants du capitalisme, il ne convient pas avant tout de ne plus épuiser ses forces vives, littéralement et figurativement « pompés » (cf. plagiat) par ces figurants. En leur prêtant le flanc, on leur donne toujours matière à poursuivre leurs actions anti-sociales.

D’où la nécessité d’être le plus possible au clair avec soi même (cf. connaissance de soi) pour pouvoir l’être dans sa relation à autrui : pouvoir la moduler selon le figurant auquel on a à faire. Car même un individu est tiraillé par différents mouvements tectoniques et il convient de lui rendre justice lorsque sa relation à l’autre passe par la fonction communielle, soit-il en dehors de ce moment de grâce le plus pur parasite social qui soit (cf. plagiaire, exploiteur, tyran …).
Et je commence à comprendre cette notion chez Pascal ENARD de polyéthique des échanges : comme un prisme qui se diffracte et se réfracte dans notre relation à autrui, la lumière blanche ne suffit pas à rendre compte de la complexité des échanges interhumains et celle-ci se décompose en tout le spectre des couleurs avant de se recomposer dans le meilleur des cas.

Toujours est-il qu’une seule éthique, moniste, ne suffit pas et épuise rapidement qui voudrait par moral s’y tenir. L’éthique doit être à géométrie variable selon le figurant auquel on a à faire et selon son attitude du moment. Il convient dès lors d’essayer de rendre compte, et c’est le travail titanesque que Pascal ENARD nous offre, de l’ensemble des figures possibles par décomposition des figures réelles et recomposition des fonctions primordiales.

Voilà l’outil que nous propose Pascal ENARD pour ne plus être pris au dépourvu dans nos échanges interindividuels, afin de situer les êtres auxquels nous pouvons être confronté et adapter notre comportement : ne pas utiliser de bazooka pour neutraliser une mouche importune ; inversement ne pas être pris au dépourvu par une arme de destruction massive … mais aussi savoir communier avec l’être pour qui l’amitié se manifeste. Toutes démarches empathiques de compréhension de l’autre (et non cynique) qui conserve notre humanité et construit celle de l’autre dans le cadre d’un polyhumanisme qui est le contraire du multiculturalisme moral de bon aloi de nos jours. Ce multiculturalisme qui a tendance à relativiser toute valeur, si bien que rien ne semble plus en avoir alors qu’elle s’impose quotidiennement à nous : tour de passe-passe bien pratique pour nous faire consentir à notre situation subie.

NB : petite précision, dans ma chronique précédente j’ai du écrire « Rendre Aux Morts Pour Les Vivants ». Or c’est bien au singulier que le nom « Mort » est décliné. D’où une interprétation plus précise de ce titre : il s’agit me semble-t-il de restituer aux êtres vivants la matière morte non productive, accaparée, résultant de la destruction du travail vivant.

samedi 7 mai 2011

RENTABILITE FATIGUE.010

De Pascal ENARD, le 1er mai 2011 :

"Introduction à l'analyse du ralliement traumatique réflexe à visée d'hégémonie dogmatique
"

"Dans la malédiction d'une oeuvre rare réside une sacralisation refuge qui ne peut s'avouer, obturée qu'elle est par un doute calomniateur.
Ce qui est inappréciable se décèle souvent par une longue phase d'inappréciation. La fixation des prix par l'épistémè dominante marginalise la valeur nouvelle lorsqu'elle est polyverselle, c'est dire lorsqu'elle échappe à l'évaluation majoritaire de son époque de création. Cette évasion du champ d'évaluation ne la maintient, cependant, pas évasive, car sa nécessité de surgir horrifie les censeurs, lézardant leurs barèmes.
La recherche anthropologique de l'Association Démocraties Nouvelles n'est pas qu'une oeuvre philosophique et littéraire, c'est une introduction à la civilisation polyhumaniste. Le socialisme parviendra à succéder au capitalisme s'il adopte une logique nouvelle de dépassement de la syllogistique aristotélicienne perdurant dans le « if, then, else » (si, alors, ou bien) des logiciels « Windows », cause épistémique des courbes exponentielles en démographie et en gaspillage et épuisement énergétiques .
Ainsi les réponses altermondialistes d'économie critique marxiennes, de passes lacaniennes savantes n'imposent pas une pratique sémiotique impliquant l'ensemble des investissements pulsionnels de chacun d'entre nous . Et c'est pourquoi, dans l'incertitude sur « l'engagement total » du copain, chacun s'en tient au compromis avec son monohumanisme « à racine unique »(logocentrique). La sénesthésie sémiotisée serait pourtant requise également pour la résolution des racismes et des intolérances au polyhumanisme, au sein du peuple en lutte.
Travailler l'angoisse de disparaître est supposé pour lâcher prise à la répétition traumatique et passer du symptôme au « sinthome » (Lacan 1975-76). Le traumatisé dans son processus d'autoréparation tend à demander au « socius » une indemnisation, mais à la fois il provoque l'arrêt du procès psychanalytique, car le trauma se noue un peu plus de cette certitude d'avoir droit : c'est l'absolutisation unilatérale qui est symptôme du terrain traumatique persistant.
La culpabilisation complaisamment rabachée du moindre « nanti » est le présage d'une résolution meurtrière des contradictions de classes : le soutien ultragauche à l'intempérance addictive du surendetté chronique, à la destruction aigrie du logement salubre, à la louche dissimulation d'un passé criminel en son pays d'origine du sans papiers effronté, est à la fois le renforcement naïf ou complice des engagements de terrain de l'extrême droite. A demander l'impossible justice utopique la quatrième Internationale témoigne d'un endettement métaphysique qui est la cause même du despotisme lorsqu'elle accroche quelques parcelles
de pouvoir, comme « le sentier lumineux » ou les « khmers rouges ». 11 04 02 05

Incapable de soutenir son propre désir, la subjectivité traumatique, dès lors qu'elle aborde les agencements de domination, fomente de façon réflexe l'annulation obsessionnelle du désir de l'autre, soit-il son compagnon de lutte.
C'est l'endettement traumatique non psychanalysé qui est cause de cette incapacité au désir propre et projette dans un plagiat du désir de l'autre, devenant de ce fait un rival pour la conquête de la domination, quoique ce prétendu adversaire ne témoigne le plus souvent que de son aspiration à une jouissance sereine.
La domination est donc l'effet ravageur de ce plagiat, tel que nous l'avons envisagé dès Supplantations de jouissances (mars 1990 et 1991, publié par ADN en juillet 2003) 11 05 01 01
Analyste par transférentiels multiples cela veut dire figurant exerçant la fonction divisive, non pas séparatrice, mais investigatrice (herméneute critique), capable donc de sublimer la pulsion de mort anale et son rejet violent, en la pulsion mentale, distributrice. Cela veut dire ne pas rester rivé au seul échange, mais ouvrir à cet inéchange qu'est le communiel 10 09 12 08
Dans Rentabilité fatigue (ADN février 2010), nous poursuivons notre réflexion sur le plagiat et
approfondissons l'anthropologie du plaire, dans la 'clairvoyance' d'une fatigue d'éros comme amorce de dépassement de la pulsion capitalisatrice. C'est que nous avons pris au sérieux la « dépense » de Bataille, par delà « le potlatch » maussien. L'énigme du don de Godelier recèle justement la résolution de la rente, en ce que l'inusage garde verrouillée la factorielle d'inéchange.
En d'autres termes, pour recoller à l'actualité politique, une gauche qui ne serait pas capable d'insuffler un autre style de vie et de mort que le consumérisme, serait vouée à la reproduction du marché libéral sans communion sociale.
Indéfectiblement vouée au soutien petit-impérialiste aux rapports plagiaires (à la technique informatisée comme à la nature taylorisée) la gauche parlementaire européenne n'a jamais été véritablement sensible aux créateurs artistiques ou aux créateurs d'entreprises, incapable qu'elle demeure d'intégrer leur nécessaire fantaisie dans ses rites de courtisanerie bureaucratique et ses préférences pathologiquement dénégatives.
10 09 26 11

Au lieu d'être un produit (multiplicatif) l'émancipation communielle est en fait une charge (divisive), c'est la capacité sociale à partager l'angoisse d'être durablement « tous ensemble » et d'avoir à viabiliser, en questionnant la fureur à donner naissance, la même niche écologico-technique.
11 04 28 15

Pour l'Association Démocraties Nouvelles, Pascal ENARD, le Premier mai 2011 à 11H42
http://www.democraties-nouvelles.org/"

jeudi 28 avril 2011

RENTABILITE FATIGUE.009

« Faire rendre aux morts pour les vivants »

Longtemps resté bloqué au chapitre « L’usure affective à rentabiliser toutes les relations » (cf. page 57) où dans un renversement dialectique de l’Internationale c’est la classe dominante qui « a « tout » mais n’est « rien » » (cf. page 57). Bloqué par nostalgie, par « besoin de consolation » : et je me chantais à moi-même cette partie de l’Internationale qui me trottait alors dans la tête :

« Nous ne sommes rien, soyons tout »

Je me demande ce que Pascal ENARD penserait de ce « besoin de consolation impossible à assouvir » scandé par Stieg DAGERMAN et remis au goût du jour par les Têtes Raides dans une chanson fleuve ? Pour ma part je le résolvais par ce poème :

« Imbibé d’obsolescence
Je cherchais à me renouveler :
Eviter les impasses passées,
Dépasser les obstacles …
Franchir tout ce qui me rebutait.

J’en étais là, au gué d’une vie
Qu’une méfiance féline et atavique
M’empêchait de passer …

La nostalgie, aussi :
De ce que je fus,
Du plaisir que j’en retirais.

Fût ce par une destruction méticuleuse de mes autres :
- les regards portés
- la raison sage et sournoise

.
.
.

Ma stratégie alors ? Se couper de ces autres
Pour être plus présent en tout :
Une intensification de l’être,
De la douleur aussi.

La gageure était mort-née
Malgré son apparente simplicité.


Alors j’en étais las de mes recherches
Et je souhaitais un peu me reposer.

Rythmes éreintants
Alternance de pulsions et de relâchement
Et cette fois ci la douleur sourde de l’impuissance
Consentie.

Un peu de chair, Nom de Dieu !
De consistance appliquée.

S’organiser ?
Alors que je ne faisais que jeter des dés,
Incapable de me projeter plus loin que le bout de mon nez.
Cela eut mérité une stratégie élaborée
Et je n’en avais pas la moindre idée.

Et comment fait-on pour mutualiser et cumuler les luttes ?
Lutte des classes, mode d’emploi,
Doxa au rabais
Pour petit-révolutionnaire embourgeoisé :
Ready-made, prêt-à-porter.

En voilà une vérité :
Il convient d’inventer des formes originales de luttes adaptées,
Démocratiser les choix des moyens à se donner.

Une lutte des classes appliquée à la lutte des classes ?
Si l’emporte-pièce n’emporte pas tout sur son passage ;

Deuxième vérité :
Il convient de moduler les actions révolutionnaires par un réglage fin adapté aux circonstances

Alors troisième vérité :
Franc-tireur ou Partisan ?
Ne choisit pas camarade,
L’action individuelle a sa place dans la lutte collective (la réciproque est triviale). »

Car Pascal ENARD semble avoir dépassé ce besoin de consolation existentialiste. Et ne vous méprenez pas sur le titre de cette partie « Faire rendre aux morts pour les vivants » (cf. page 55) : il ne s’agit pas comme le critiquait Kundera dans un de ses romans de « laisser la place des vieux morts pour les jeunes morts » ; usurpation d’oubli, visant à « rentabiliser » l’espace mémoriel.

Tout s’éclaire déjà au deuxième chapitre « De l’étalon unique à la polyéthique des échanges » (cf. page 58). Nous pouvons comprendre l’injonction aux morts de deux manières :

- les morts ce sont « Les Grands Hommes Morts » (cf. page 59) tels Van GOGH, MOZART qui « n’incitent plus à la paresse » pour nous les vivants, mais qui pourraient dégager (malgré eux) l’ère du génie de chacun […] » (cf. page 60)
- les morts ce sont aussi la classe dominante qui accumule, qui thésaurise : une classe morte, un poids mort pour l’humanité que JM KEYNES voulait « euthanasier » et Pascal ENARD d’opposer « l’offreur déclinant » à « l’audace prolétarienne » (cf. page 60).

Voilà pour l’instant : je me permets de rappeler que le 4 mai Pascal ENARD sera interrogé par le philosophe Fabrice LAFORGE à 18h00 à La Machine à Lire – Bordeaux.

samedi 23 avril 2011

RENTABILITE FATIGUE.008

Rappel : le 4 mai 2011 à 18h30 à la Machine à Lire de Bordeaux - Présentation de "Rentabilité Fatigue" avec l'auteur Pascal ENARD qui sera interrogé par Fabrice LAFORGE (philosophe).





En guise d'introduction voici ce qu'en écrit Pascal ENARD :

Le 4 mai présentation par l'auteur, Pascal Enard, à la librairie « La Machine à lire » de rentabilité fatigue, Association Démocraties Nouvelles ISBN 978-2-902787-09-8 http://www.democraties-nouvelles.org/

Tout d'abord comment s'est dépensé l'endettement polythéiste ? Les dieux exigeaient un fort tribut sur l'ensemble des activités humaines. Les esclaves étaient les plus exposés à cette dette. C'est le passage au monothéisme qui a «soulagé» cet endettement au profit d'une nouvelle classe dominante : la féodale. Comment est-on passés de l'Un-seul féodal (monothéiste) à l'Un-seul libéral (monohumaniste), et comment passer de l'universel (l'argent capitaliste et sa relation d'endettement scientiste) au polyversel du polyhumanisme ?

L'homme a longtemps plagié la nature. Je pense à Léonard de Vinci copiant les ailes des oiseaux pour proposer le prototype dessiné d'une machine volante. Puis il a copié le geste de travail humain, pour en faire les machines. Des machines, il a informatisé les algorithmes, et, sur tous ces gains de productivité, il a inventé des produits financiers, censés leur correspondre, mais dont la répartition des bénéfices n'est jamais retournée en proportions décentes aux travailleurs primordiaux sur lesquels tous ces gains reposaient.
(confert notre Supplantations de jouissances, juillet 2003 , ADN ).

Les classes dominantes ont confisqué une part exagérée de la plus-value collective. C'est la part de rétribution de la communion sociale qui a ainsi été gelée dans le luxe des nantis, mais ce luxe ne correspond pas, bien souvent, à une production écologique (grosses automobiles, avions, yachts, palais dévorateurs de minerais, d'énergies fossiles limitées,...).

Marx a tracé la stratégie pour sortir de l'endettement à la jouissance de la bourgeoisie, mais la jouissance petite-bourgeoise compte bien capter «l'héritage» en aggravant la sous-jouissance petite-prolétarienne.

À l'Association Démocraties Nouvelles, nous avons été amenés à nommer petit-prolétaire l'héritier bafoué, le petit de bourgeois déclassé, à engagement révolutionnaire principalement théorique ; il est savamment opposé, par le miroir déformant de la domination, au petit de prolétaire, à soutenabilité d'emploi principalement pratique. Si le premier a la connaissance des lois du système qu'il «devait diriger», il n'en a pas «le coffre». Si le second a la pugnacité physique, il n'a pas les plans de reconstruction. Les deux sont donc condamnés à former compromis de leurs forces et faiblesses respectives pour mettre un terme au capitalisme dans sa phase suicidaire. Le comprendront-ils à temps ?

L'abus de confiance pervers est la forme de transaction dominante imposée par la petite bourgeoisie. Cela se vérifie, par exemple, dans le masquage de la baisse inéluctable du plein emploi utilitaire par l'emploi spectaculaire de satisfaction de l'angoisse addictive, consumériste :''emplois'' de gestion fictive dans l'immobilier, syndics surévaluant l'entretien des immeubles, conseils en démêlage de complexités
bureaucratiques injustifiées, contrôles draconiens pour accélérer l'obsolescence des marchandises, consultants de ''formations professionnelles'', ''gourous'' des dynamiques de groupes etc.

D'être effet d'une chaîne de signifiants n'interdit pas au sujet de se les figurer et de surjouer ou sous-jouer les rôles qui intiment les signifiants à rapporter ces rôles aux scènes que le théâtre social perspectivise. La scène figurative offre alors une sortie salutaire de la proposition syllogistique du marché libéral pervertisseur de la mutualité intersubjective.
(confert notre Figurant polyversel, décembre 2005 , ADN)

Ce que le capitalisme a la plus grande nécessité de masquer par le fétiche, dès lors, c'est son manque d'avenir, que ce soit sur le plan de la surabondance de vivants à nourrir, que ce soit dans le non-renouvellement des ressources nécessaires à leur entretien.

Rentabilité fatigue est l'occasion de scinder la «fonction de dépense» (théorisée par Georges Bataille) en valeur d'inusage (le déchet) et valeur d'inéchange, le lien communiel (de la déchirure de soi à celle de l'autre).

La contradiction principale de l'usage (utilité, ou composition interne) à l'échange (rareté, ou disposition externe) va trouver sa décomposition factorielle en : éléments épuisés, où se conjuguent limite de l'utilité et limite de la rareté, le durable s'en trouvant réapprécié, – et en jouissance sociale extatique, avec sa paradoxale conjonction de l'inéchange et de l'utilité de dépense.

La croissance de la valeur redistribuable n'est pas forcément liée à des éléments épuisables sous leur forme rentable : outre la question du pétrole, les rendements des minerais de fer, de bauxite, de lithium, d'uranium, etc. sont liés à l'épuisement de leurs quantités disponibles sur notre planète.

Or valoriser des sources non épuisables, comme les fruits de la sensibilité esthétique, de la réflexion philosophique, de l'expérimentation technique, de l'affinement du goût, etc., (en rétribuant décemment les intervenants), c'est accroître le produit intérieur brut des nations, sans danger d'épuisement de la ressource.

Cela réclame, en toute urgence, l'humilité de la part des universitaires narquois, des agents de notations et journalistes (mieux rétribués que les élus politiques de terrains), des aiguilleurs culturels, des courtisansdécideurs du bien public, vis à vis de ce qu'ils perçoivent en leur magnificence comme la survivance d'une époque révolue, les «bricolages inventifs» de la créatrice ou du créateur esthétique ou technique, volés ou dévitalisés, dans cette concurrence bureaucratique, des brevets de leurs inventions, ou contraints à l'exil dans les pays impérialistes.

Exiger du superviseur bureaucratique qu'il ne dénie plus son arrogance, fatale pour tous, quant à sa détention de la ligne juste, demande à la fois au militant révolutionnaire d'analyser ce qui, dans son «prophétisme communiste», délivre lui-même sa visée en sectarisme étroit au sein du peuple. 11 02 23 17

mercredi 4 mai 2011, entre 18 H30 et 19 H45 , à la librairie La Machine à lire, 8 place du Parlement 33000 Bordeaux 05 56 48 03 87 Pascal Enard sera questionné par Fabrice LAFORGE qui est philosophe, poète ; et danseur pour la compagnie ligne de désir de Richard Cayre.

Fabrice LAFORGE propose régulièrement des conférences entre poésie et philosophie
Août,2010 cycle concernant la chair selon A.Artaud
Août, 2009 cycle concernant « le devenir animal » dans Mille plateaux de Deleuze .
De 2006 à 2009, cycles poème(s) de la pensée (à la librairie olympique de Bordeaux)

Courriel du16 avril 2011
« Mes recherches concernent le devenir actif, ou comment persévérer dans l'intensité d'exister, en se tenant sur le qui-vive l'évènement. Ces investigations concernent les rapports entre montage et évènement de la pensée. Il s'agit d'interroger, quant au croisement entre poésie et philosophie, ce qu'il en est du lieu, d'où il y a advenue ou surgissement, au sens où, c'est à vif de l'ouvert que s'esquisse l'Ici de la présence.

Le questionnement peut être philosophique, à la source créatrice des concepts, cependant l'exploration est aussi poétique, quand la pensée sensiblement à l'oeuvre devient poème.

Comment en va-t-il de nos affects traversant nos regards, notre être sensible, notre présence ?
Comment à l'ouvert se dégagent les conditions profondes d'où nait la pensée libre ?

((( Un des problèmes, c' est l'usage politique, voire polémique, des affects tristes comme la peur, l'angoisse ou la menace, et la confusion entre la paix liée à la concorde entre esprits libres - et la non-guerre où sourde une terreur silencieuse, quand la puissance de la tyrannie technique opère selon une main invisible et va jusqu'à réglementer le moindre de nos gestes quotidiens, selon un dressage des corps.
Technique du matraquage normatif dont abusent les médias et leur infiltration dans les différents champs de l'activité humaine. _ Inversement, l'enjeu philosophico-poétique est celui d'une résistance, de résister à ces nouvelles formes d'assujettissement. )))

Ces quelques aspects donnent la perspective de mes recherches.
Elles s'inscrivent dans une constellation qui va de B.Spinoza à G. Deleuze, de la phénoménologie à M. Merleau-Ponty et J. Garelli, de W.Benjamin à G. Agemben, de J.Lacan à H. Meschonic, de M. Abenssour à M. Richir, d' A. Badiou à Medhi Belhaj Kacem, » F. Laforge
Publications
- Filles du chaos, variations de poèmes autour de la question du Lieu à vif de l'Ouvert (en préparation)
- Eclair de l'instant, l'exaltante alliance des contraires philosophie-poésie en co-édition Librairie olympique et association Tempo-Philo (nov.2009)
- « Le désir : athé ou raté ? » Revue de psychanalyse La Trame numéro 1, (oct.2009)
- Le rituel et l'informel, écrit avec le vidéaste Olivier Cornu professeur en arts plastiques; document pour la recherche et l'innovation pédagogique de l'université de Poitiers (MEIP) ; Travaux issus de l'enseignement au Lycée expérimental sur l'île d'Oléron (2001 -2004)

Interventions
Octobre 2011 jusqu'à mai 2012 – 2h tous les quinze jours Séminaire : lire l' Ethique de Spinoza, en partenariat avec l'association Tempo-Philo ( Le lieu reste à préciser ) … S'inscrire au 06 30 47 24 92

dimanche 17 avril 2011

RENTABILTE FATIGUE.007

De Pascal ENARD, envoyé le 10 avril 2011 (sur chronique 3 et 4 de D S) :
La reproduction contre la création

Bravo David d'avoir perçu qu'il s'agit, malgré la forme essai, d'une écriture de travailleur manuel, qui a décidé d'imposer aux tournures stylistiques la persistance pratique des gestes que lui ont visuellement transmis plusieurs artisans charentais : le forgeron du village natal de ma mère, qui trempait le métal (après la fusion et la torsion choisies) à proportion de l'effort qu'aurait à subir la pièce, mais aussi le menuisier et ses copeaux de ripe en tortillons, le laboureur qui tenait l'araire monosoc et suivait ses deux ''boeufs'', un carré de sac de jute protégeant leurs yeux des mouches et les contraignant de tourner à la voix. 11 03 28 21

Ayant contribué à écraser les ''prétentions'' salariales des classes dominées dans les métropoles sous le double effet du robot-machine et de la main d'oeuvre des «pays émergents», les «oligarchies» grandes, moyennes et petites-impérialistes ont défini une nouvelle source de profits dans le cycle de la distribution de la marchandise, organisant une sous-jouissance ambigüe.

Si par cas, un travailleur trouve un brevet (ou un concept) imprévu, son invention est vite copiée, un sous-produit en est tiré, qui est imposé sur le marché. L'invention est crevée au profit de la copie, laquelle, par sa nature d'ersatz, n'est pas une valeur redistribuable sur l'ensemble social, mais un quolifichet de côterie.

Le plagiat et sa conséquence sous-productive sur le mode de vie des peuples, annihilant une création vivante pour imposer sur les marchés sa réplique intempérante (réflexe), mithridatise l'addiction pulsionnelle et propage la massification des comportements, malgré la diversion de leur hétéroclicité clinquante. 10 10 26 19

Le resserrement des offres d'emplois, avec les gains de productivité robotiques, a contraint d'extorquer la plus-value dans diverses formes de sous-jouissances ; c'est ce qui explique la fatigue dans le peuple, quand il n'est pas mortellement acculé dans des compressions du poste de travail sous les prétextes alléchants de meilleure prise en compte des «ressources humaines».

L'économie critique, par approximation, notamment, de la science freudienne et de son actualisation lacanienne, ne perçoit pas la part de subjectivation reproductive du libéralisme. Aussi reste-telle au mieux à répéter la critique par Herbert Marcuse de la consommation perverse, sans véritablement comprendre comment la reproduction du système, par «le moindre geste» des «savoirs être», obstrue la création d'une civilisation nouvelle.

Aussi la gauche ''représentative'' tente de faire avaliser une résolution sémiologique des contradictions au sein du peuple antérieure aux développements des pratiques critiques actuelles. Ses lignes politiques, arrêtées à un stade antérieur des connaissances anthropologiques, sont facteurs de stagnations voire de régressions dans les luttes. Bien plus, de lourdes répliques de la quatrième Internationale tentent de canaliser l'accouchement de la cinquième, alors qu'elles sont épistémiquement endettées aux impasses de la révolution russe.

Nombre de gesticulations spectaculaires des «performances artistiques» n'ayant pas effectué la théorie de leur pratique et ne daignant pas se relier explicitement aux mouvements politiques de lutte contre le capitalisme, sous le prétexte, nous venons de le dire, de leurs indéniables archaïsmes, qu'ils décrètent hâtivement impossibles à faire évoluer, échouent à entraîner le peuple de leurs spectateurs dans une contagion, telle qu'Antonin Artaud l'avait génialement définie dans «le théâtre et la peste». 11 03 30 05

La susceptibilité due au ressassement nihiliste, à l'interprétation sommaire du ressentiment, est en effet propice à la désaffection des scènes de recueillement des concentrations élaboratives. La fatigue, à affronter les autres, chargés de surentreprises performantes et constitutionnellement séparés par l'associativité désavouante, s'avère impuissante à éroder le mur de l'argent. 11 01 12 10

Enfin par pure cruauté d'apprenti écrivain (chez des ''maîtres'' sévères) à l'ère d'internet je dédie les lignes suivantes aux victimes «du séisme de Pétra, au soir du 19 mai 363, que toutes les fouilles archéologiques confirment simplement», selon François Villeneuve, professeur d'archéologie de la Méditerranée et du Proche-Orient héllénistiques et romains, à l'Université de Paris 1.

Pascal Enard notes éparses 11 04 06 23

vendredi 1 avril 2011

RENTABILITE FATIGUE.006

LA FATIGUE ET LA TRANSGRESSION
Toujours en la compagnie de Georges BATAILLE, ce chapitre s'intéresse aux process d'accumulation et de désaccumulation. Déclinant les notions de dépense, de potlach, de dilapidation, de cruauté ... Pascal ENARD en vient à s'intéresser même aux notions de profanation et de mal. Illustrant, ce faisant, concrètement par où fuit le lien social :

« La défense collective qui sacrifie tôt ou tard le faible – par où la cohésion s'enfuit – en fait
l'infigurable. » (page 54)

Mais laissons Pascal ENARD développer lui même sa réflexion. D'une part je ne me sens pas capable de la restituer intègrement, d'autre part je ne souhaite pas le paraphraser. Je préfère en effet vous restituer quelques réflexions éparses illustrant son propos.

Tout d'abord j'aimerais vous faire toucher du doigt combien Pascal ENARD est un « artisan » de la littérature, un forgeron du mot. Il contraint la phrase par une syntaxe inhabituelle qui force le lecteur à se plonger dans sa pensée ; il décompose les mots pour en démultiplier leur sens ; enfin il conceptualise des mots qui prennent un sens précis alors que la vulgate en donnait une définition valise. Pascal ENARD force donc le verbe pour lui faire dire exactement ce qu'il souhaite, comme un forgeron contraindrait le métal chauffé à rouge pour lui imposer la forme qu'il souhaite. Je trouve à cet égard la phrase qui suit représentative de l'ensemble de mon propos :

« Bataille est encore un matérialiste différentialiste et non proportionaliste et « dia » lectique,
sensible comme il est à la force spontanée, il prive son lecteur d'un savoir de la force étagée, qui passe par les cas de figure d'un emploi efficace et situé. » (page 38)

Et pourtant quelle légèreté dans le rendu final de ses phrases, se permettant des envolées poétiques
au milieu de considérations bien concrètes et révoltées :

« La collectivité vivante, l'intérêt social ne seront la transcendance sacrée de l'activité particulière
qu'atteignant la nécessaire gratuité des atomes et des étoiles. » (page 41)

Concrète disais-je, et même si ce constat ne suffit pas à Pascal ENARD, tant il est animé par une
volonté de changement social, voyez comment il dénonce la gabegie de certains pouvoirs locaux faisant le jeu des grandes entreprises du BTP :

« Outre le prestige spectaculaire qu'il en tire à court terme, l'élu local préfère immobiliser les
ressources populaires dont il a la charge dans des biens fonciers plutôt qu'en des services sociaux ou des communications esthétiques et civiques. » (page 37)

Enfin, cette phrase lapidaire sur le conflit israëlo-palestinien :

« Entre la culpabilité d'emprunter, d'ouvrir le circuit de l'échange et la placidité d'occuper le territoire du palestinien sans remords, Bataille a-t-il véritablement tracé la contradiction. » (page 43)

Et je me permets de rebondir sur un argument bien connu de l'Etat israélien et de ses « supporters à
tout crin » : n'est il pas vrai que les « arabes » (notez ! Pas les palestiniens) n'avaient rien su faire de cette terre et que depuis qu'Israël existe, cette terre est transformée en une oasis verdoyante et prospère ? Argument historiquement faux, qui même s'il était vrai ne justifierait la spoliation d'une terre. D'ailleurs dans cette région, ne connaît on pas l'histoire édifiante des nabatéens, qui après avoir construient une civilisation urbaine, agricole et prospère ont décidé du jour au lendemain de redevenir nomade en laissant en friche leurs grands travaux? Alors en accumulant « culpabilité d'emprunter » une terre et « placidité d'occuper un territoire », l'état d'Israël dans sa politique actuelle est bien mal engagé.

Mais Pascal ENARD n'est pas que critique, n'est pas désespéré et il laisse entrevoir les moyens du « dé – chaînement » du prolétaire (page 48), de « l'être en communisme » (page 48). Et avant ses chapitres aux titres les plus déprimants ( « Misère cynique de l'aide angélique à la misère » ou « Un découragement général » ; page 52) nous laisse entrevoir les moyens de réalisation de ce qu'il appelle un « conseil polyhumaniste » (page 52).

jeudi 24 mars 2011

RENTABILITE FATIGUE.005

« La Fatigue du Capitalisme »

Partant de l'analyse par Georges BATAILLE des dépenses improductives, Pascal ENARD reprend
dans « Rentabilité Fatigue » la distinction classique du travail productif et du travail improductif pour la sortir de l'impasse où Smith et le « Marxisme Bloqué » (cf. page 23) l'avait réduit. Pour ce faire il pose la distinction entre « Marchandises objets et Marchandises services » (cf. page 23) en illustrant ces dernières par le cas limite de la fonction de l'artiste et de ses oeuvres.

Pascal ENARD pose alors les termes d'une « économie sociale - monde » (en référence à « l'économie – monde » de BRAUDEL). C'est à dire une économie entendue comme l'intégration de l'ensemble des faits sociaux dans un « rapport marchand recentré », faisant justice même de ce qui n'a pas de prix : ce que Pascal ENARD englobe sous la notion de « Marchandises services » qui assurre une « jouissance sociale » (cf. page 24) et qui « perdure » (cf. page 23) pourtant après sa
prestation.

Face à ce qui pourrait être considéré comme « sacré », Pascal ENARD revendique non pas la gratuité mais une rémunération sociale et matérielle pour permettre à leur prestataire de se reconstituer et donc leur permettre de nous permettre de nous reconstituer :
« Rétribuer le créateur, l'aider à analyser ses travaux en lui témoignant ses sentiments à leurs contacts et fréquentations, n'éteindront pas son incertitude, mais ils assurreront sa subsistance. » (cf. page 7 – 8)

Dans la problématique de la reconstitution il est évident que le repos (actif ou complet) est nécessaire. D'où vient alors que Pascal ENARD titre une de ses sous parties « Le repos est improductif » (cf. page 22) ? Contre pied nécessaire qui répond à l'argumentation du « Droit à la paresse » de LAFARGUE ! Pour Lafargue, le progrès technique permettrait à terme de ne plus travailler en remplaçant l'homme par la machine. Or ce n'est pas ce qu'on observe et Pascal ENARD en rend compte ou plutôt nous fait nous en rendre compte, entendez que « nous avons des comptes à rendre ».

En effet la machinisation du process de production est bien générateur de « chômage involontaire » en rendant obsolète une force de travail compétente et dont le « reclassement » est devenu impossible. De plus la théorie de la « destruction - créatrice » des processus innovateurs n'est bien qu'une vieille lanterne qui promet un avenir radieux aux déclassés par un reclassement hypothétique et mensonger : au bout du compte, nous n'observons dans cette course folle du « plagiat » que le maintient d'une armée de réserve de chômeurs renouvelée.

NB : Du « Meilleur des Mondes » selon André GORZ (extrait 1)
« D'emblée il semble que laisser s'opérer la scission mécanique (manichéiste) entre la sphère productive hyper-technicisée et automatisée et la sphère « improductive » du loisir, du « temps perdu », du hobby, de la « convivialité », etc, contribue à déshumaniser l'entreprise et la cité bureaucratique, avec, aux alentour, des petits havres, des petits paradis , protégés des exclus des deux sphères par des milices. » (cf. page 35)

NB : De la nécessité d'une pensée Rilkéenne (extrait 2)
« [...] une génération entière de génies, ça sera dur pour eux de percer.
Le coût social de la survalorisation du génie créatif rare va être cause de suicides en nombre. Consécrations du groupe unifié en tous ces points sacrificiels. Or ce qu'il faut qu'un Artaud écrive et filme aujourd'hui c'est un « Pour en finir avec le jugement » de l'Homme. » (cf. page 26)

lundi 21 mars 2011

RENTABILITE FATIGUE.004

De Pascal ENARD le 19 mars 2011 à 12h00 :

"Précisions sur ta chronique n° 2 et sur le courriel d' «''excuse''.

Le figurant c'est aussi la situation figurée de l'évènement.
La photographie réalisée par Françoise Daoudal, avec droits de reproduction accordés à ADN, qui te les octroie pour la circonstance, (ce qui n'est pas loisible pour tous nos contrats avec des plasticiens), et reproduite en frontispice de Rentabilité fatigue, figure un champ et non un bois, en bord de rivière, laquelle n'est pas visible, à droite, les arbres de berge faisant écran. Ce champ devenait marécageux au printemps, avant que «les gargoyes» ne soient assainies par un fossé drainant, déversant dans la Dronne.
Ce qui est un travail de brûlage des têtes de troncs couchés par une tempête, ressort (sur ce terrain des aïeux, paysans et meuniers depuis des générations, vendu pour pouvoir imprimer ce livre), à un rite alchimique (eau, terre, bois, feu) connotant ainsi une extension géologique et botanique,... de la compréhension du concept de figurant. C'est alors, comme le chaman et le poète, une antenne entre forces telluriques et forces astrales, captant leurs configurations tensionnelles, surdéterminantes des champs intersubjectifs. Claude LéviStrauss nous a, le plus décisivement sans doute, ouvert l'anthropologie à cette reprise des apports de Linné, Newton, Darwin... Le passage des gestes de brûlage du bois, aux négociations avec la SAFER de Poitou Charentes, à la confection d'une maquette confiée à l'imprimeur, est donc la forme matérialiste de la transsubstantiation, avec tout le caractère problématique d'un tel héritage de sacralité pour l'épistémè marxiste, imposant une critique de sa dogmatique matérialiste dialectique insensible.

Il est, dans la «maladresse» d'expression, combinant des formes de lapsus avec des erreurs de
destinataire, comme une possession, une malignité insue, malignement dévorante, car elle ne cause gêne ; qui conduit le «vouloir bien faire» en son contraire.
Qui garantit que la loyauté triomphera de cette forme contemporaine de l' énerguménation ?
La franchise du visage, elle même, fait mine, en ce semblant catastrophique.

Dans la phase nihiliste du monohumanisme, comme le plan ment sur la scène, le champ forclôt le
procès.
Le savoir-faire et le geste ouvrier sont plagiés dans l'algorithme machinique, qui maintient la séparation spectaculaire de classes sous ce masque diversif d'utilité technique.
Le lien politique entre les cumuls et les faillites économiques est déniée par l'éthique libérale, en quoi c'est une éthique perverse, du faux aveu de la réalité des faits. L'extension de la valeur redistribuable en revenus, pour l'ensemble des contributeurs mondiaux, passe par la cessation et le dépassement du plagiat, ou rente, qui est le sursalaire obtenu à empêcher la salarisation des créateurs marginalisés (confert mon « Cumuls et faillites » 1990, première partie du recueil intitulé Supplantations de jouissances, ADN, juillet 2003).

Pascal Enard Notes éparses 11 03 19 12"

jeudi 17 mars 2011

RENTABILITE FATIGUE.003

En guise de préface à « Rentabilité fatigue » une photographie de Pascal ENARD en plein travail forestier d'entretien d'un bois avec comme exergue ce bon mot : « Rite alchimique aux « Fosses Miscottes » non loin des « Gargoyes » » en référence à l'un des premiers ouvrages de Pascal ENARD (cf. « Les Fosses Miscottes ») : comme en un déguisement carnavalesque et burlesque d'un labeur somme toute commun. C'est peut être que « Au moment [que le figurant] se figure son lien à tel autre, cette figuration même se cristallise, de cette paradoxale façon que le réel pulsionnel, l'affect, de son empathie se dépathise et nous le dépayse. » (cf. Pascal ENARD, 11 03 07 19). C'est aussi une pointe d'humour créatrice et salvatrice qui, en détournant l'objet ou le sujet de sa fonction première (à la manière de Duchamps), déstabilise le spectateur-voyeur, lui en donne pour son argent et plus, si bien que dès la première page ce décalage met le lecteur en porte à faux, en situation fragile et sensible face au propos qui l'attend.

En guise d'introduction, quatre parties pénétrantes sur les spécificités de la société capitaliste contemporaine et les éléments humains, sociaux et politiques qui la constituent. Au coeur des contradictions internes du capitalisme contemporain se trouve la question de la création (artistique, technicienne ...) et de son plagiat : « [...] un nouveau cannibalisme de classe. » (Rentabilité Fatigue, page 7).
Entendons nous bien, du temps de Marx la force de travail prolétarienne était spoliée de sa plus value par la sous évaluation de sa rétribution (« [...] surtravail classique[...] » ; cf. Rentabilité Fatigue, page 7). De nos jours la création de richesse par la force de travail est non seulement spoliée mais de plus l'inventivité « ouvrière » déployée par le travailleur est « plagiée » : c'est à dire que le travailleur en vient à devenir dépossédé même de ses process de production (le tour de main, le savoir faire spécifique ...) lui interdisant désormais toute source de revenu par son travail car dépossédé de sa fonction.
Pour l'illustrer par un exemple concret replongez vous dans la lecture de « L'Etabli » de Robert LINHART : je crois me souvenir que dans l'atelier de l'usine, un des collègues de travail de Linhart développe son propre outil de production pour lui permettre de travailler plus efficacement. Or cette inventivité est très rapidement mise à bas par les ingénieurs de l'usine qui, donnant suite aux consignes de rationalisation par la direction, harmonisent tous les outils de travail de l'atelier et mettent au placard l'invention de l'ouvrier ; car elle ne rentre pas dans les nouvelles normes de production. La création est ainsi déniée, plagiée et spoliée au nom de l'efficacité supérieure de l'organisation qui est pourtant sous optimale.
Mais ne demeurons pas cloisonné dans les représentations « ouvriéristes » du « prolétariat » : ce n'est pas seulement à l'usine que la lutte des classes fleuri! L'originalité de Pascal ENARD réside entre autre dans le dépassement des catégories bien établies (catégories socio professionnelles ...) et dans le dépassement d'une vision moniste de l'individu, pour s'intéresser à ses contradictions internes : le « figurant ». Ainsi Pascal ENARD accorde une large place au créateur artistique, à l'intellectuel, au chercheur, dans sa lecture sociale contemporaine.
Dans cette lecture renouvelée du capitalisme Pascal ENARD ne manque pas d'égratigner au passage ce qu'il nomme le « social maximalisme » en plus des figures traditionnelles de la « social médiocratie », du « petit bourgeois » ... En effet n'oublions pas que tous nous figurons et participons de la société et à ce titre y collaborons et aidons à sa « reproduction ». Toutefois il ne s'agit jamais de dénoncer un individu ou groupe d'individu particulier mais, avant tout, les « figures », les masques que nous empruntons tour à tour dans notre relation au monde.

lundi 14 mars 2011

RENTABILITE FATIGUE.002

A signaler : la présentation de "Rentabilité Fatigue" de Pascal ENARD par Fabrice LAFORGE (philosophe de son état, auteur notamment de "Eclair de l'instant L'exaltante alliance des contraires", éd. Librairie Olympique et Association Tempo Philo, novembre 2009), mercredi 4 mai 2011 à partir de 18H30 à "La Machine à Lire" (excellente Librairie de Bordeaux, de France et de Navarre).




mercredi 9 mars 2011

RENTABILITE FATIGUE.001

de Pascal ENARD, le 07 mars 2011 à 19h00 :

"cher David, ta première «chronique» sur Rentabilité fatigue, a ce don très rare je l'avoue de me faire sortir de ma réserve, ce qui est tout de même mieux que de me faire ''sortir de'' mes ''gonds''. Ce n'est pas cependant, loin s'en faut, faire sortir nos publications du statut d'«armée de réserve», condition sine qua non pour la survalorisation des «têtes de gondole» du marché «littéromane». Mais voici :
Le figurant, à l'échelle anthropologique, et dans le champ littéraire, survient lorsque le roman balzacien et ses personnages se trouvent passer du récit romanesque (lui même historiquement précédé par la mythologie et l'épopée) à la fiction polylogique de Joyce, Céline, Sollers... Il est donc multimédiatique et ravale «l'étant», soit-il «existant», à la, certes très lente, «clôture du logocentrisme».
Mais le figurant ne fait pas que passer à travers des intrigues, des transferts, des traductions, d'un plateau à l'autre ; car, à se figurer, de ce style très neuf qui fut nommé polylogique, il sublime «l'agir communicationnel» en inéchange.
Pour donner schématisation de cette quatrième fonction de l'inéchange (ou communion), je commenterais brièvement le logo de l'Association Démocraties Nouvelles :
le trait continu horizontal à l'ouest figure l'usage, le trait discontinu au nord figure l'inusage, la ligne de points interrompue à l'est c'est l'inéchange, la ligne de points continue au sud, c'est l'échange.
«Jargonnons» donc, c'est dire dans mon cas, utilisons des concepts apportés par les travaux de devanciers : la comptable appréciation des valeurs d'usage, puis la marchandisation des valeurs d'échange, devenant conscientes des cadres même de leurs fantasmatiques, l'agent bourdieusien, bafoué dans l'absence de mutualité de la distribution du luxe, retrouve le sacré de la révolte ''en surplomb'' de ses habitus addictifs, lesquels sont résultantes des tensions énergétiques des champs et des stratégies de fractions de classes .
C'est parce qu'il tente d'écarter ces résultantes ( au sens imagé d'échapper aux cornes
dures des vachettes landaises), en figures de style de vie et de mort ''ouvertes'', que le
figurant enrichit la notion d'autonomie, par opposition aux hétéronomies des régimes
politiques classifiés par Montesquieu, puis par Joseph Schumpeter, ou par Samir Amin...
Aussi englobe-t-il l'enseignement lacanien du «semblant», qui est la patience du franc vis à vis du fourbe, déconstruisant son «spectacle», sa «performance» et son aplomb à ne rien devoir .
Que le travail ait été transmuté en jouissance comme étalon d'appréciation de la valeur, à la faveur des gains de productivité techniques et des victoires du standard et de l'ersatz sur le goût des nuances, nous laisse présager de cette domination durable de la consommation sur la production, pour le plus grand dommage de notre niche écologique.
La mutualité entre les agents, les personnages, les héros, les dieux, a lentement évolué au fil des siècles et nous ne savons pas ce qui, après la phase socialiste du procès historique faira suite aux figurants.
D'être au participe présent n'en fait jamais cependant des arrivistes enthousiastes, experts en luttes d'influence, pour éliminer des rivaux et se mettre dans le sillage des hommes qui montent.
Le figurant est au-delà de la comédie ou de la tragédie humaines. Il est contemporain du polyhumanisme c'est dire de la relativité einsteinienne appliquée à l'échelle des civilisations.
En lui-même la pluralité ethnique, d'où il provient selon la génétique des populations en exodes et en brassages, schizophrénise sa conscience de lui-même. Au moment qu'il se figure son lien à tel autre, cette figuration même se cristallise, de cette paradoxale façon que le réel pulsionnel, l'affect, de son empathie se dépathise et nous le dépayse.
Pascal 11 03 07 19"

lundi 7 mars 2011

RENTABILITE FATIGUE.000

Association Démocraties Nouvelles

Pascal ENARD est l'écrivain le plus "en avant" que je connaisse personnellement et surtout par ses écrits. Avec Daniel BIDENNE, ils constituent une association d'auteurs et d'édition nommée "Démocraties Nouvelles" (cf. http://www.democraties-nouvelles.org ; voir Ma Liste de Liens ci dessous à droite).
En naviguant sur leur site vous trouverez toutes les informations nécessaires pour assouvir votre soif de connaissance sur ces deux hommes de lettres et bien plus encore (catalogue de leur publication ; manifestations organisée par l'association ; liste de liens amis ...)

"Rentabilité Fatigue"

J'inaugure aujourd'hui une série de chroniques consacrées au dernier ouvrage de Pascal ENARD : "Rentabilité Fatigue" (ISBN 9782902887098).
Après s'être intéressé dans ses oeuvres précédentes, dans un ordre non chronologique mais qui pour moi fait sens, aux notions de "Figurants", de "Polyversel" puis à la "Fonction Communielle" et au "Polyhumanisme", Pascal ENARD nous offre avec "Rentabilité Fatigue" une nouvelle critique acérée du fait capitaliste : sa société, les figurants qu'elle engendre (à la manière des trois archétypes de l'absurdité de Camus dans "Le Mythe de Sisyphe") et je dirais les "Situations" qu'elle provoque.

"Comme un Roman"

Il faut lire Pascal ENARD comme on lirait un roman, un poème ; car avant tout il fait oeuvre d'homme de lettre. J'ai souvent été confronté à une lecture académique de son oeuvre par quelques universitaires de bonne volonté mais condescendants. Toute la puissance créatrice de Pascal ENARD s'en trouve anihilée et se fourvoit dans la critique même, qu'il décortique pourtant, de la "Rente Universitaire".

Il est vrai que, tant les références bibliographiques y sont nombreuses, le ton celui de l'essai, qu'il est tentant de succomber à une lecture pointilleuse et référencée des ouvrages de Pascal ENARD. C'est oublier au moins deux faits :
- tout d'abord les premiers ouvrages de Pascal ENARD sont des fictions ("En liant haut bas" ; "Les fosses miscottes"), certes déjà portées à l'analyse et l'autoanalyse, mais des fictions tout de même ;
- enfin Pascal ENARD revendique haut et fort le statut de créateur littéraire, d'écrivain et non celui de "penseur académique".

Lisez donc "Rentabilité Fatigue" comme un roman et non comme une pure spéculation intelectuelle ; soyez interpellés par ses analyses, laissez vous porter par la puissance évocatrice du "jargon" ... enfin identifiez vous au narrateur, aux "Figurants" ... Vous en prendrez pour votre grade mais vous y gagnerez ô combien en compréhension de l'être humain et social que vous êtes.

Le "Figurant" chez Pascal ENARD, c'est un peu comme "Rastignac" chez BALZAC : "La Comédie Humaine" se poursuit et Pascal ENARD la décortique.

"Rentabilité Fatigue" (bis)

J'inaugure aujourd'hui une série de chroniques consacrées au dernier ouvrage de Pascal ENARD : "Rentabilité Fatigue" (ISBN 9782902787098).
Ces chroniques seront interactives car j'ai laissé les pages de mon blog ouvertes à Pascal ENARD et dès la semaine prochaine je peux d'ores et déjà vous promettre une présentation par l'auteur de son ouvrage "Rentabilité Fatigue" après laquelle suivront des échos de mon cru.

Bienvenu à Pascal ENARD
sur les pages de " Comment je suis devenu écrivain"
(Mieux vaut tard que jamais!)

jeudi 3 mars 2011

Le Marché de la Poésie 2011 - Bordeaux

Du 15 au 20 mars Jean Paul BRUSSAC, la Librairie Olympique et l'Association Culturelle du Marché des Chartrons organise pour la 15ème année consécutive "Le Marché de la Poésie" 2011 de Bordeaux (voir programme dans la liste Lectures à droite).

A signaler tout particulièrement la soirée "Les Mots Erotiques" du jeudi 17 mars à 20h30 dans les locaux de la Librairie Olympique avec la présence exceptionnelle de Giovani DOTOLI (professeur de littérature ; voir liste des sites internet ci dessous à droite), de Rome DEGUERGUE (écrivain ; voir liste des blogs ci dessous à droite) et de votre humble serviteur.

A cette occasion sera présentée "L'Anthologie de Poésie Erotique Française du Moyen Age à nos Jours" (éditions HERMAN ; voir le lien Publications à droite), présentée et compilée par le professeur Giovani DOTOLI et dans laquelle Rome DEGUERGUE et moi même figurons au titre d'auteurs contemporains.


Cette soirée est organisée par Justine BARBE, étudiante et chargé de communication chez Cheyne éditeur.

jeudi 13 janvier 2011

N.A.B.E.L. - Energie de la Vie!

Rome DEGUERGUE nous gratifie depuis peu d'un blog consacré à son activité littéraire auquel vous pouvez accéder à partir de ce site dans "Ma liste de blogs" ci dessous à droite.

Je vous tiendrai prochainement informé de la publication à venir d'un nouveau recueil de ses poésies et de deux romans.

En attendant vous pouvez toujours découvrir l'ensemble de ses publications sur sa page personnelle du site de l'ECLA (ci dessous à droite dans "Ma liste de liens") et en particulier son ouvrage de création littéraire N.A.B.E.L. dont je vous invite à lire la recension que j'en ai faite ci dessous :


NABEL est resté plus d'un an sur mes étagères, a vécu deux déménagements et c'est un hasard qui m'a poussé à ouvrir ce recueil lauréat du prix ARDUA 2005 dans la catégorie "Recherche sur la création littéraire". Depuis le printemps 2009 (sorti en 2005 je n'ai eu vent de cet ouvrage que tardivement tant la distribution de la création littéraire est difficile) et jusqu'à l'été 2010 ce livre est donc resté clôt : mal m'en a pris. A l'été 2010 j'ai commencé par le feuilleté : il m'est littéralement tombé des mains. c'est tout d'abord son rythme, son souffle qui m'ont happé aux premières pages que je feuilletais. Puis tout aussi fondateur de cette oeuvre, aux premières pages que je lisais, l'intransigeance face à la compromission, marque de courage par les temps qui courent, traversait tout l'ouvrage :

" ... je ne veux pas de rendez vous clandestin Pas combattu durant deux décennies pour ma liberté Renoncer à la transparence aujourd'hui? ..." (page 44)

D'abord se défaire de tout : de la forme littéraire bien sûr, mais des a priori des conventions humaines aussi et surtout de ce que je sais de l'auteur. Car Rome en m'ouvrant sa porte m'a donné les clefs de compréhension de l'histoire qui se trame dans NABEL, de ses personnages, de leurs échanges ... Or NABEL n'est pas un récit à tiroir : si l'intimité de l'auteur (en partie) nous est livré c'est parceque cette expérience humaine porte plus loin l'être, le sien (par l'écriture) et le nôtre (par la lecture).

Le style haletant, le rythme pulsant nous transporte d'un paragraphe à l'autre, d'un chapitre à l'autre sans que les formes classiques de la transition ne parasitent la rédaction :

"Le surlendemain

Les pétales des roses qu'il avait jetées d'un geste ample en riant en travers de la table où ils dînaient ce dernier dimanche à Bergerac marquent le temps qui passe Recrocquevillées sombres elles parlent de Michele! Elles se languissent et font trace

Dans la ville du Port de la lune

J'ai un nouveau numéro de portable qui fonctionne à l'international ..." (page 21)

"Zapping" me disait elle lorsque j'évoquais avec elle ma première lecture de NABEL, mais c'est bien plus. Au gré de l'écriture, Rome DEGUERGUE nous transporte du présent au passé, des rencontres aux pensées sans nous laisser de répit, apparemment au fil de la plume, mais ne nous y trompons pas : ce texte a été longuement mûri.

Les inventions formelles (parmi lesquelles se bousculent poésie, réflexion, narration mais aussi SMS, courriels ...) ne sont pas convoquées pour déranger la tradition même si elles la bousculent avec brio, mais pour insufler un nouveau départ à l'écrivain et au lecteur. A l'écrivain parceque son écriture cathartique et son expérience de vie sous jacente la libère des carcans empesés de son histoire :

"Je te confierai peut être de cette époque l'histoire de l'un de mes grands oncles allemands Déporté Torturé ..." (page 24)

l'illumine rétrospectivement de sa souffrance qui à bien y prendre garde est aussi la nôtre. Au lecteur parceque ses synapses font "pschit" à chaque mot, à chaque phrase : à chaque saut! C'est à dire que nos connexions neuronales sont déconstruites à la lecture de NABEL et immédiatement reconstruites, mais différemment selon une autre configuration et tout celà à la vitesse de l'éclair et de manière sans cesse recommencée.

En refermant le livre, qu'on le lise d'une traite ou non, nous sommes prêt pour un nouveau départ, comme un ordinateur reconfiguré mais pas formaté.

ENERGIE DE LA VIE !