Dès l’ouverture de la boutique, débute un ballet incessant digne du café du commerce.
On vient pour entretenir des liens d’amitié, pour demander services ou conseils … et quelque fois tout de même pour acheter un livre.
Non que ces occasions soient rares, la librairie tourne bien commercialement parlant, mais les clients sont noyés dans le flux des visites pour « autres motifs » lorsque les deux ne se confondent pas : ce qui est souvent mon cas.
Pour ma part, après avoir patienté à la terrasse vis-à-vis de la librairie, guettant les signes avant coureur de son ouverture, M. Brussac arrive enfin et me fait signe de la main pour me souhaiter le bonjour.
J’attends alors encore patiemment quelques minutes, que je mets souvent à profit pour régler ma note, le temps qu’il s’installe dans sa boutique et que Marc Pautrel et lui aient pu se saluer et entamer une discussion.
J’entre alors sur la pointe des pieds et, tout en saluant les deux compères, je prends place discrètement dans un recoin de la pièce principale où d’une oreille négligente, tout en fouinant dans les étagères, j’écoute leur entretien qui demeure incompréhensible à mon entendement de novice en littérature.
Généralement, à ce moment, quelques clients aperçus au préalable devant la vitrine durant mon attente, peuvent enfin rentrer salués d’un jovial bonjour.
Puis la discussion entamée continue à battre son plein, dérangée en cela de temps en temps par un appel téléphonique intempestif qui soit attendra une conclusion provisoire de l’entretien soit sera carrément négligé.
Les clients bien éduqués, s’ils ont besoin d’informations, attendront également le moment opportun pour se manifester. M. Brussac tout à leur service s’empressera alors de trouver l’ouvrage tant convoité qui s’il le connaît et l’apprécie sera accompagné de commentaires érudits et enjoués.
Mais gare à l’imprudent ayant une demande imprécise. Il repartira certes avec un ouvrage de qualité, mais qui ne répondra peut être pas entièrement, et ceci est un euphémisme, à son souhait initial.
Ainsi m’a-t-on raconté qu’un britannique francophone se serait aventuré de passage à Bordeaux dans la librairie Olympique avec pour unique souhait d’acquérir un ouvrage sur le thème du voyage, faisant écho sans doute en cela à sa propre situation de voyageur.
Nul guide touristique, encore moins une expérience romanesque sur un voyage d’un homme de lettre tels un Stendhal ou un Heine n’a rempli son escarcelle.
Figurez vous que le maître des lieux aurait, au mot voyage, immédiatement pensé au « Voyage au bout de la nuit » de Céline. Et vantant les mérites de l’ouvrage avec force arguments pertinents aurait réussi à persuader le chaland tombé sous le charme.
Ne voyez pas dans cet acte une vile manœuvre de marchand cherchant à se débarrasser de rossignols traînant sur l’étal : le « Voyage au bout de la nuit » est un grand livre que ne nécessitent nuls conseils avisés de libraire pour le vendre.
Je rapporte d’autant plus volontiers cette légende vraie ou fausse, peu importe, qu’une expérience similaire m’est arrivée en demandant à M. Brussac de me présenter des ouvrages de poésie française contemporaine afin de m’y initier.
Je me suis alors retrouvé avec la collection complète d’essais en prose divers et variés émanant de jeunes plasticiens s’étant reconvertis dans la littérature.
Encore une fois je le répète, n’y voyez aucune malice. D’autant plus que le client est systématiquement invité à s’asseoir dans le vieux fauteuil de la boutique et partir à la découverte du contenu des ouvrages proposés.
Chose que je fis naturellement et ces petits fascicules m’ayant tant plu, je les achetais remettant à plus tard ma demande initiale.
Si une conclusion doit être tirée de ces anecdotes, c’est que comme le grand roi Ahashvérosh, du livre d’Esther, voulant un soir lire des pages de son journal, systématiquement la main providentielle divine lui faisait tourner les feuilles à un endroit bien particulier de l’ouvrage afin qu’il se rappelle au bon souvenir de Mordekhaï qui l’avait sauvé d’un complot.
De même si à première vue le livre avec lequel vous repartirez de la librairie Olympique ne répond pas à votre souhait initial, voyez y un dessein supérieur qui trouvera sa réponse dans la lecture attentive des lignes que M. Brussac vous aura destinées.
Toutefois cet état de fait n’est pas systématique et l’honnêteté me commande de préciser que de nombreux clients arrivés avec une commande imprécise sont repartis non seulement comblés de leur achat mais également satisfait dans leur souhait initial.
Je pense notamment à une mère de famille désirant acheter un ouvrage pour son enfant sur le thème de la Grèce antique.
Ce qui me permet de vous expliquer le pourquoi du nom de la librairie.
M. Brussac serait effectivement un féru de culture classique.
Aucunes références donc au sport dans le nom de sa librairie et encore moins à l’affreuse ganache de Coubertin qui exhuma le cadavre des olympiades grecques.
On vient pour entretenir des liens d’amitié, pour demander services ou conseils … et quelque fois tout de même pour acheter un livre.
Non que ces occasions soient rares, la librairie tourne bien commercialement parlant, mais les clients sont noyés dans le flux des visites pour « autres motifs » lorsque les deux ne se confondent pas : ce qui est souvent mon cas.
Pour ma part, après avoir patienté à la terrasse vis-à-vis de la librairie, guettant les signes avant coureur de son ouverture, M. Brussac arrive enfin et me fait signe de la main pour me souhaiter le bonjour.
J’attends alors encore patiemment quelques minutes, que je mets souvent à profit pour régler ma note, le temps qu’il s’installe dans sa boutique et que Marc Pautrel et lui aient pu se saluer et entamer une discussion.
J’entre alors sur la pointe des pieds et, tout en saluant les deux compères, je prends place discrètement dans un recoin de la pièce principale où d’une oreille négligente, tout en fouinant dans les étagères, j’écoute leur entretien qui demeure incompréhensible à mon entendement de novice en littérature.
Généralement, à ce moment, quelques clients aperçus au préalable devant la vitrine durant mon attente, peuvent enfin rentrer salués d’un jovial bonjour.
Puis la discussion entamée continue à battre son plein, dérangée en cela de temps en temps par un appel téléphonique intempestif qui soit attendra une conclusion provisoire de l’entretien soit sera carrément négligé.
Les clients bien éduqués, s’ils ont besoin d’informations, attendront également le moment opportun pour se manifester. M. Brussac tout à leur service s’empressera alors de trouver l’ouvrage tant convoité qui s’il le connaît et l’apprécie sera accompagné de commentaires érudits et enjoués.
Mais gare à l’imprudent ayant une demande imprécise. Il repartira certes avec un ouvrage de qualité, mais qui ne répondra peut être pas entièrement, et ceci est un euphémisme, à son souhait initial.
Ainsi m’a-t-on raconté qu’un britannique francophone se serait aventuré de passage à Bordeaux dans la librairie Olympique avec pour unique souhait d’acquérir un ouvrage sur le thème du voyage, faisant écho sans doute en cela à sa propre situation de voyageur.
Nul guide touristique, encore moins une expérience romanesque sur un voyage d’un homme de lettre tels un Stendhal ou un Heine n’a rempli son escarcelle.
Figurez vous que le maître des lieux aurait, au mot voyage, immédiatement pensé au « Voyage au bout de la nuit » de Céline. Et vantant les mérites de l’ouvrage avec force arguments pertinents aurait réussi à persuader le chaland tombé sous le charme.
Ne voyez pas dans cet acte une vile manœuvre de marchand cherchant à se débarrasser de rossignols traînant sur l’étal : le « Voyage au bout de la nuit » est un grand livre que ne nécessitent nuls conseils avisés de libraire pour le vendre.
Je rapporte d’autant plus volontiers cette légende vraie ou fausse, peu importe, qu’une expérience similaire m’est arrivée en demandant à M. Brussac de me présenter des ouvrages de poésie française contemporaine afin de m’y initier.
Je me suis alors retrouvé avec la collection complète d’essais en prose divers et variés émanant de jeunes plasticiens s’étant reconvertis dans la littérature.
Encore une fois je le répète, n’y voyez aucune malice. D’autant plus que le client est systématiquement invité à s’asseoir dans le vieux fauteuil de la boutique et partir à la découverte du contenu des ouvrages proposés.
Chose que je fis naturellement et ces petits fascicules m’ayant tant plu, je les achetais remettant à plus tard ma demande initiale.
Si une conclusion doit être tirée de ces anecdotes, c’est que comme le grand roi Ahashvérosh, du livre d’Esther, voulant un soir lire des pages de son journal, systématiquement la main providentielle divine lui faisait tourner les feuilles à un endroit bien particulier de l’ouvrage afin qu’il se rappelle au bon souvenir de Mordekhaï qui l’avait sauvé d’un complot.
De même si à première vue le livre avec lequel vous repartirez de la librairie Olympique ne répond pas à votre souhait initial, voyez y un dessein supérieur qui trouvera sa réponse dans la lecture attentive des lignes que M. Brussac vous aura destinées.
Toutefois cet état de fait n’est pas systématique et l’honnêteté me commande de préciser que de nombreux clients arrivés avec une commande imprécise sont repartis non seulement comblés de leur achat mais également satisfait dans leur souhait initial.
Je pense notamment à une mère de famille désirant acheter un ouvrage pour son enfant sur le thème de la Grèce antique.
Ce qui me permet de vous expliquer le pourquoi du nom de la librairie.
M. Brussac serait effectivement un féru de culture classique.
Aucunes références donc au sport dans le nom de sa librairie et encore moins à l’affreuse ganache de Coubertin qui exhuma le cadavre des olympiades grecques.