jeudi 23 octobre 2008

Sans titre (4)

Et le mot, le vaste jeu de mot de l’univers qui se priverait bien du langage, soyez en certain ! L’immense, la gigantesque association d’idées : d’images, de sons, d’odeurs … de sensualité. Les petits plaisantins, les champions du trucage n’ont pas attendu le verbe pour réaliser leur tour de passe - passe : imaginez Lucie singeant le vol de l’autruche ou ce longue dent dont les canines étaient cariées et qui n’osait même plus gober les mouches tant il avait mal. Et de lâcher un pet bien sonore et foireux pour achever ses mimes.

Comme des dupes. Systématiquement nous bénirions notre fils cadet en croyant embrasser l’aîné : une peau de chèvre, la voix anormalement grave et vulgaire et ne pas se laver une semaine durant pour faire macérer les odeurs. Comme des dupes aveugles et vieillissantes ! La magie opère, la croyance suit et avec la croyance une cosmogonie se réalise : la face du monde en est changée. Même le pot au rose découvert ne saurait abroger notre foi. Il en va ainsi de la force du chaman : imiter c’est s’approprier la force et les pouvoirs de la création qui lui sont échus.

Humain sauras tu me réconforter ? Chaque histoire migre aux cieux et je communie avec l’être qui me raconte. Car en mon for intérieur je sais qu’il n’est qu’un miroir de mes peines et de mes joies. Et l’oiseau de feu dans son envol embrasa le front de la licorne. Ainsi tous les soirs j’attends que l’on me berce de rêves : la nourrice primordiale me prend contre son sein pour me nourrir de mots. Elle me susurre que je suis fils de Dieu et que la paix règne sur moi. Amour, je te chéris et de tout mon être sourd l’ambroisie.