samedi 23 avril 2011

RENTABILITE FATIGUE.008

Rappel : le 4 mai 2011 à 18h30 à la Machine à Lire de Bordeaux - Présentation de "Rentabilité Fatigue" avec l'auteur Pascal ENARD qui sera interrogé par Fabrice LAFORGE (philosophe).





En guise d'introduction voici ce qu'en écrit Pascal ENARD :

Le 4 mai présentation par l'auteur, Pascal Enard, à la librairie « La Machine à lire » de rentabilité fatigue, Association Démocraties Nouvelles ISBN 978-2-902787-09-8 http://www.democraties-nouvelles.org/

Tout d'abord comment s'est dépensé l'endettement polythéiste ? Les dieux exigeaient un fort tribut sur l'ensemble des activités humaines. Les esclaves étaient les plus exposés à cette dette. C'est le passage au monothéisme qui a «soulagé» cet endettement au profit d'une nouvelle classe dominante : la féodale. Comment est-on passés de l'Un-seul féodal (monothéiste) à l'Un-seul libéral (monohumaniste), et comment passer de l'universel (l'argent capitaliste et sa relation d'endettement scientiste) au polyversel du polyhumanisme ?

L'homme a longtemps plagié la nature. Je pense à Léonard de Vinci copiant les ailes des oiseaux pour proposer le prototype dessiné d'une machine volante. Puis il a copié le geste de travail humain, pour en faire les machines. Des machines, il a informatisé les algorithmes, et, sur tous ces gains de productivité, il a inventé des produits financiers, censés leur correspondre, mais dont la répartition des bénéfices n'est jamais retournée en proportions décentes aux travailleurs primordiaux sur lesquels tous ces gains reposaient.
(confert notre Supplantations de jouissances, juillet 2003 , ADN ).

Les classes dominantes ont confisqué une part exagérée de la plus-value collective. C'est la part de rétribution de la communion sociale qui a ainsi été gelée dans le luxe des nantis, mais ce luxe ne correspond pas, bien souvent, à une production écologique (grosses automobiles, avions, yachts, palais dévorateurs de minerais, d'énergies fossiles limitées,...).

Marx a tracé la stratégie pour sortir de l'endettement à la jouissance de la bourgeoisie, mais la jouissance petite-bourgeoise compte bien capter «l'héritage» en aggravant la sous-jouissance petite-prolétarienne.

À l'Association Démocraties Nouvelles, nous avons été amenés à nommer petit-prolétaire l'héritier bafoué, le petit de bourgeois déclassé, à engagement révolutionnaire principalement théorique ; il est savamment opposé, par le miroir déformant de la domination, au petit de prolétaire, à soutenabilité d'emploi principalement pratique. Si le premier a la connaissance des lois du système qu'il «devait diriger», il n'en a pas «le coffre». Si le second a la pugnacité physique, il n'a pas les plans de reconstruction. Les deux sont donc condamnés à former compromis de leurs forces et faiblesses respectives pour mettre un terme au capitalisme dans sa phase suicidaire. Le comprendront-ils à temps ?

L'abus de confiance pervers est la forme de transaction dominante imposée par la petite bourgeoisie. Cela se vérifie, par exemple, dans le masquage de la baisse inéluctable du plein emploi utilitaire par l'emploi spectaculaire de satisfaction de l'angoisse addictive, consumériste :''emplois'' de gestion fictive dans l'immobilier, syndics surévaluant l'entretien des immeubles, conseils en démêlage de complexités
bureaucratiques injustifiées, contrôles draconiens pour accélérer l'obsolescence des marchandises, consultants de ''formations professionnelles'', ''gourous'' des dynamiques de groupes etc.

D'être effet d'une chaîne de signifiants n'interdit pas au sujet de se les figurer et de surjouer ou sous-jouer les rôles qui intiment les signifiants à rapporter ces rôles aux scènes que le théâtre social perspectivise. La scène figurative offre alors une sortie salutaire de la proposition syllogistique du marché libéral pervertisseur de la mutualité intersubjective.
(confert notre Figurant polyversel, décembre 2005 , ADN)

Ce que le capitalisme a la plus grande nécessité de masquer par le fétiche, dès lors, c'est son manque d'avenir, que ce soit sur le plan de la surabondance de vivants à nourrir, que ce soit dans le non-renouvellement des ressources nécessaires à leur entretien.

Rentabilité fatigue est l'occasion de scinder la «fonction de dépense» (théorisée par Georges Bataille) en valeur d'inusage (le déchet) et valeur d'inéchange, le lien communiel (de la déchirure de soi à celle de l'autre).

La contradiction principale de l'usage (utilité, ou composition interne) à l'échange (rareté, ou disposition externe) va trouver sa décomposition factorielle en : éléments épuisés, où se conjuguent limite de l'utilité et limite de la rareté, le durable s'en trouvant réapprécié, – et en jouissance sociale extatique, avec sa paradoxale conjonction de l'inéchange et de l'utilité de dépense.

La croissance de la valeur redistribuable n'est pas forcément liée à des éléments épuisables sous leur forme rentable : outre la question du pétrole, les rendements des minerais de fer, de bauxite, de lithium, d'uranium, etc. sont liés à l'épuisement de leurs quantités disponibles sur notre planète.

Or valoriser des sources non épuisables, comme les fruits de la sensibilité esthétique, de la réflexion philosophique, de l'expérimentation technique, de l'affinement du goût, etc., (en rétribuant décemment les intervenants), c'est accroître le produit intérieur brut des nations, sans danger d'épuisement de la ressource.

Cela réclame, en toute urgence, l'humilité de la part des universitaires narquois, des agents de notations et journalistes (mieux rétribués que les élus politiques de terrains), des aiguilleurs culturels, des courtisansdécideurs du bien public, vis à vis de ce qu'ils perçoivent en leur magnificence comme la survivance d'une époque révolue, les «bricolages inventifs» de la créatrice ou du créateur esthétique ou technique, volés ou dévitalisés, dans cette concurrence bureaucratique, des brevets de leurs inventions, ou contraints à l'exil dans les pays impérialistes.

Exiger du superviseur bureaucratique qu'il ne dénie plus son arrogance, fatale pour tous, quant à sa détention de la ligne juste, demande à la fois au militant révolutionnaire d'analyser ce qui, dans son «prophétisme communiste», délivre lui-même sa visée en sectarisme étroit au sein du peuple. 11 02 23 17

mercredi 4 mai 2011, entre 18 H30 et 19 H45 , à la librairie La Machine à lire, 8 place du Parlement 33000 Bordeaux 05 56 48 03 87 Pascal Enard sera questionné par Fabrice LAFORGE qui est philosophe, poète ; et danseur pour la compagnie ligne de désir de Richard Cayre.

Fabrice LAFORGE propose régulièrement des conférences entre poésie et philosophie
Août,2010 cycle concernant la chair selon A.Artaud
Août, 2009 cycle concernant « le devenir animal » dans Mille plateaux de Deleuze .
De 2006 à 2009, cycles poème(s) de la pensée (à la librairie olympique de Bordeaux)

Courriel du16 avril 2011
« Mes recherches concernent le devenir actif, ou comment persévérer dans l'intensité d'exister, en se tenant sur le qui-vive l'évènement. Ces investigations concernent les rapports entre montage et évènement de la pensée. Il s'agit d'interroger, quant au croisement entre poésie et philosophie, ce qu'il en est du lieu, d'où il y a advenue ou surgissement, au sens où, c'est à vif de l'ouvert que s'esquisse l'Ici de la présence.

Le questionnement peut être philosophique, à la source créatrice des concepts, cependant l'exploration est aussi poétique, quand la pensée sensiblement à l'oeuvre devient poème.

Comment en va-t-il de nos affects traversant nos regards, notre être sensible, notre présence ?
Comment à l'ouvert se dégagent les conditions profondes d'où nait la pensée libre ?

((( Un des problèmes, c' est l'usage politique, voire polémique, des affects tristes comme la peur, l'angoisse ou la menace, et la confusion entre la paix liée à la concorde entre esprits libres - et la non-guerre où sourde une terreur silencieuse, quand la puissance de la tyrannie technique opère selon une main invisible et va jusqu'à réglementer le moindre de nos gestes quotidiens, selon un dressage des corps.
Technique du matraquage normatif dont abusent les médias et leur infiltration dans les différents champs de l'activité humaine. _ Inversement, l'enjeu philosophico-poétique est celui d'une résistance, de résister à ces nouvelles formes d'assujettissement. )))

Ces quelques aspects donnent la perspective de mes recherches.
Elles s'inscrivent dans une constellation qui va de B.Spinoza à G. Deleuze, de la phénoménologie à M. Merleau-Ponty et J. Garelli, de W.Benjamin à G. Agemben, de J.Lacan à H. Meschonic, de M. Abenssour à M. Richir, d' A. Badiou à Medhi Belhaj Kacem, » F. Laforge
Publications
- Filles du chaos, variations de poèmes autour de la question du Lieu à vif de l'Ouvert (en préparation)
- Eclair de l'instant, l'exaltante alliance des contraires philosophie-poésie en co-édition Librairie olympique et association Tempo-Philo (nov.2009)
- « Le désir : athé ou raté ? » Revue de psychanalyse La Trame numéro 1, (oct.2009)
- Le rituel et l'informel, écrit avec le vidéaste Olivier Cornu professeur en arts plastiques; document pour la recherche et l'innovation pédagogique de l'université de Poitiers (MEIP) ; Travaux issus de l'enseignement au Lycée expérimental sur l'île d'Oléron (2001 -2004)

Interventions
Octobre 2011 jusqu'à mai 2012 – 2h tous les quinze jours Séminaire : lire l' Ethique de Spinoza, en partenariat avec l'association Tempo-Philo ( Le lieu reste à préciser ) … S'inscrire au 06 30 47 24 92