mercredi 14 août 2013

La Folle Journée ou La Controverse de l'Historien, du Journaliste et du Citoyen (tragédie burlesque en un acte et un épilogue) 1.7

SCèNE 7
 
Les protagonistes restant sans voix à l’intervention de la Déesse Athéna, Dieu le Père se croit le devoir d’intervenir … mais va récolter une volée de bois verts !
 
Dieu le Père - Les critiques adressées au quotidien régional au sujet de l'interview de Pécuchet me laissent littéralement sans voix. Editeur de Pécuchet depuis plus de quinze ans, c'est en éditeur que je répondrai. Pécuchet est un chercheur dont l'autorité est mondialement reconnue. Son avant-dernier livre sur les crimes de masse a été traduit et publié en anglais par l'université américaine de Yale, l'une des plus prestigieuses. Ce dernier travail sur le sort des juifs dans la France occupée lui a été suggéré par Serge et Simone. Tous deux l'ont encouragé. Un historien, après lecture, s'est dit enthousiasmé par la qualité et la probité de ce travail minutieux de plusieurs années. Mieux encore : le grand historien américain Robert, spécialiste du sujet, a écrit dans un récent courrier qu'il était impressionné par la qualité de ce travail. Il doit débattre avec Pécuchet sur les ondes de France Culture la semaine prochaine. Après nombre d'articles élogieux (Le Monde, Le Figaro, La Croix, Commentaire, etc.) une longue recension favorable devrait prochaine paraître dans le Times Litterary Suplement (TLS), le plus prestigieux journal littéraire et historique du monde anglo-saxon. Je suis donc consterné de lire des attaques aussi aveugles, venues de personnes qui reconnaissent ne pas avoir lu ledit livre et — pire encore — ne pas vouloir le lire. C'est bien dommage pour elles. On s'apercevra bientôt que cet imposant "pavé" de 800 pages occupe déjà et occupera une place de premier plan dans l'historiographie de cette sinistre période."
Athéna – Monsieur, l’éloge médiatique, transformé en argument d’autorité par un éditeur « consterné », ne garantit pas le sérieux d’une méthode historique. Mieux vaudrait répondre à une question précise de citoyen-lecteur d’un journal incitant à l’achat d’un ouvrage, surpris par le recours au distinguo entre « juifs français » et « juifs étrangers » ‑ distinguo que Robert, quand il a écrit en 1981 le passionnant ouvrage Vichy et les Juifs avec Michaël, ne pratiquait pas. Cet ouvrage, que j’ai moi-même beaucoup apprécié, était même fort proche, par son exposé et ses conclusions, de la thèse de l’autonomie de Vichy en matière de persécutions antisémites invoquée par David, ce qui lui a à l’époque, valu de très vives critiques, notamment de la part de Serge, qui l’a jugé entre autres indûment sévère pour l’Eglise romaine de France. Il conviendrait aussi  de tenir compte de remarques relatives, d’une part, à l’invocation indue d’une personnalité présumée autorité politique et civique en guise de réponse et, d’autre part, à la primauté des sources écrites dans l’écriture de l’histoire, indispensables en outre pour valider des témoignages oraux fort tardifs.