SCèNE
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David
cherchant son épouse a surpris l’échange entre Myriam et Pécuchet ;
prenant son courage à deux mains il réplique
David – Monsieur le Professeur, vous
jugerez peut être le ton de mon propos péremptoire a l'instar de celui de mon
épouse, libre à vous : il n'est cependant que la conséquence d’un entretien
rapidement ficelée pour un journaliste régional et qui sur un sujet sensible de
l'histoire fait preuve de nombreuses lacunes. Je ne doute pas que vous soyez un
spécialiste, ni que votre engagement d'historien et vos propres opinions
personnelles ne visent pas à justifier ou à minimiser la
"collaboration". Cependant la communication, en particulier dans les
médias, doit respecter certaines règles afin de ne pas prêter à confusion pour
la connaissance historique de la réalité de la destruction des juifs d'Europe
pour le grand public. Des thèses négationnistes s'alimenteraient trop
facilement, à votre corps défendant, des propos tenus dans cet article. Ainsi
je m'étonne de l'emploi de la taxonomie par ce journaliste et par vous de
"juifs français" et "juifs étrangers" qui fut posé par le
régime de Vichy. Enfin votre argument majeur réside dans les statistiques
officiels des morts juifs en France (90000 à 75000 selon les sources, soit
environ 25% de la population juive de France). Cela est sans compter les autres
populations mortes par déportation (tziganes, homosexuels, résistants
communistes ou non ...). Enfin ces chiffres ne reflètent pas la réalité de la
collaboration : lois raciales votés par Vichy sans aucune demande préalable de
l'occupant, rafles organisées par les pouvoirs autochtones français, spoliation
des biens et des capitaux ... toutes choses mises en avant par Athéna dans ses
excellents ouvrages et que j'invoque à présent pour qu’elle tranche cette
controverse. La collaboration est un fait total en France qui a pu souffrir quelques
dysfonctionnements mais qu'il me paraît dangereux de minimiser comme vous le
faites. Je n'irai pas lire votre livre car il ne s'agit pas de son contenu qui
est ici en cause, mais le contenu de l’entretien réalisé aujourd'hui par ce
journaliste local et qui donne une image dévoyée de l'histoire si ce n'est de
votre pensée. La rédaction du quotidien sera informée de votre entretien pour
la responsabilité qu'elle a à diffuser de tels propos et qui ne sont pas en son
honneur de journal indépendant. Bien à vous !