mardi 30 septembre 2008

Sans titre (1) - à André CHENIER

A pile ou face le sou était retombé exactement sur la tranche. Et la pièce ne cessait de tourner sur elle-même. Aucune décision ne serait prise sur la foi de ce lancer. Aucun pari ne pouvait être tranché. D’ailleurs quel fou miserait sur cette probabilité ? Le coup ne valait pas une tune mais était bien plus que cela. Au début le phénomène était regardé avec curiosité. Puis il fut étudié. Avant d’être délaissé.

Comme une révolution : une marche pour du pain, la prise d’une Bastille et le champ de Mars. Comme une révolution subversive ! A en perdre la tête. Déjà. Et tu claudiquais sur tes pieds (l’un long l’autre court) à saint Lazare sur le départ sans avoir vu les Amériques. Ses herbes grasses, ses feuilles d’herbes si bien chantées … pressenties. Mais quoi, toujours trahis ! Vos rêves évanouis renaissant sans cesse et jamais si bien portés que lorsqu’ils sont légers. « Je sais » dit l’élève qui méconnait. Vous, les croyant, ratiocinateurs, lourds dogmatiques ignorants, programmez, commandez, dictez la mécanique du rêve. Où réside l’oxymore quand l’un des termes anéanti l’autre ?

Liberté chérie, libre pensée, rêve adoré. Je ne vous donnerais pas ma vie mais il est possible que par mégarde je meurs pour vous.

lundi 29 septembre 2008

Des mots (1)

Mon parfum d'ombre

...

Le son de l'air

...

L'ivraie du temps

...

dimanche 28 septembre 2008

J'embrasse des espaces infinis (2)

C’était une forêt pauvre humide, aux hautes frondaisons couvertes de clématites, des plantes rampantes couvraient le sol et des giessen que je devais passer à gué la parcouraient. Je me dirigeais résolument vers l’ouest. De temps en temps les arbres cédaient la place à de vastes prés parsemés de saules têtards. Le terrain en pente douce s’élevait jusqu’à un fossé d’où s’étendait une terrasse de terres agricoles. A l’horizon la ligne bleue des montagnes se dressait. Passé le Piémont cultivé de vignes les collines se couvrirent de forêts où les aulnes, les frênes, les saules étaient remplacés par des marronniers, des chênes, des érables. Des fougères et des herbes grasses prospéraient par terre tandis que les lierres se hissaient sur les troncs rugueux couverts de mousses. Depuis des terrasses de grès s’étendaient à mes pieds au loin la plaine et proche le flamboiement des couleurs de l’automne. A mesure que je montais les tâches vertes persistantes des sapins apparaissaient. Leurs innombrables aiguilles, qui jonchaient le sol, servaient à l’édification de fourmilières géantes en forme de pain de sucre. Des torrents dévalaient les pentes. Je montais encore et le sol devint granitique, bientôt j’affrontais mon premier pierrier. Passée cette épreuve, j’arrivais à un replat où la forêt se clairsemait. Le sol était devenu humide et spongieux. Ma progression s’en trouva ralentie. Au centre de la clairière un lac noir reposait. Le sommet était proche : de l’autre côté de la tourbière une sente se hissait dans un cirque glaciaire bordée des deux côtés par des falaises de granit. Longtemps j’escaladais les parois abruptes par où passait mon chemin. J’arrivais enfin sur les chaumes primaires. Seuls quelques hêtres couverts de lichens poussaient rachitiques et torturés par les vents contraires qui soufflaient sur ces sommets désolés. A perte de vue s’étendait une mer de nuages d’où, tels des îles, se dressait le sommet des montagnes. Un corbeau survolait ce paysage et m’enjoignait à le rejoindre : véritablement je planais sur ces surfaces éthérées.

Je ne repris pied nulle part et de là je poursuivis mon chemin droit vers le sud et à l’est, traversant des pays insensés.

vendredi 26 septembre 2008

Morgendämmerung

Seit die Morgen erscheinen,
Vor der Mitte der Nacht
Wo der Mond so stark wie die Sterne scheint,
Löst das Mittel die verboten Liebe
Und verblühen die Sterne
Und der verblümt Mond
Fliesst, mit dem dunklen Fluss des Himmels,
Wie Gott, selbst, verblutet sein schwarz – blaues Leben,
Ins weisse Meer am Anfang des Tages.

jeudi 25 septembre 2008

Sonnet d'après Juda Halévy

Il est rarement une présence comme la tienne
Qui s’impose de jour comme de nuit à mes pensées
Tu m’accompagnes comme ces vielles antiennes
Qui comme un baume sur le cœur vient le panser

Cette plaie qui s’est ouverte pour ne plus se
Refermer, revient dans mes rêves me hanter,
J’y bois, prégnant et fruité comme un thé russe,
Le souvenir que n’effacerait le Léthé

Le monde se déchire pour mieux se révéler
Et chaque amour respire aux sources de l’Amour
Que je porte et que tu me donnes pour m’élever

Est il temps du dais qui nous sépare, le lever ?
Du fonds de l’abîme spirituel où l’on courre
Le temps glouton nous aura peut être avalé.

mercredi 24 septembre 2008

Nouvelle - Le train


Il s’était (à nouveau ?) levé comme tous les matins.
Et après une toilette et un petit déjeuner bâclés, il se dirigea vers la gare où l’attendait virtuellement le train qui l’emmènerait sur ses lieux d’études, fatigué de n’avoir pas assez dormi (il avait une fois de plus lu trop tard) et par son hygiène alimentaire exécrable.

Se rendant compte que le TER partirait bientôt (ou prochainement, « dans trois minutes ») il s’effraya, étant pourtant persuadé (ou certain) de l’avoir ; et si toutefois tel n’était pas le cas, n’aurait ce pas été une bonne occasion de s’emparer de l’automobile ?

Il accéléra donc la cadence des coups de pédale, ce qui, lui permettant d’arriver à l’heure, lui faisait également bénéficier d’un petit peu d’exercice.
A l’approche du pont de franchissement de la voie de chemin de fer, ayant en ligne de mire l’échappée d’une grand-mère, il ne put résister à son esprit de compétition ; d’autant plus difficilement que la victoire était facile : c’était tout de même autre chose que les voitures, comme la plupart du temps, faute de mieux.

Arrivé au sommet de la côte, ses craintes semblaient se justifier : le train démarrait.
Dans le bénéfice du doute (il n’avait jamais vu un train partir en avance) il se rendit sur le quai et fut immédiatement rassuré (certes la conduite est agréable et la possession d’une voiture confère une popularité ou un potentiel d’attractivité humaine non négligeable mais le rail a tout de même ses avantages ou ne nécessite aucun effort de concentration).

Durant l’attente il comprit la présence inhabituelle du train qu’il avait cru sien : en fait il n’avait fait que passer, mais les travaux effectués sur l’autre ligne l’avaient contraint à ralentir d’où cette impression qu’il démarrait.
Le décalage de cette situation avait suffit à créer une ambiance surréaliste dans la gare.

Les ouvriers étaient là, assez nombreux, répartis sur le chemin de fer, tout le long de l’intervalle du quai, par petits groupes, par petites grappes, comme jetés là d’un mouvement de bras ample et désinvolte.
Paradoxalement le quai lui même était désert

Dès lors tout lui sembla étrange.

Ces voitures sur le parking auxquelles il n’avait jamais prêté attention, il prenait désormais conscience du fait qu’elles appartenaient à des dizaines de personnes qui, comme un seul corps silencieux, allaient prendre le train, allaient travailler comme poussées inexorablement par une force invisible.
Le bureau, l’atelier commençaient ici, quand ils entraient en ce lieu, où toute individualité était annihilée au profit de la masse. Individus surnuméraires, muets, qui formaient cette masse dormante, grondante.
La gare était devenue un univers concentrationnaire.
Ils ne le subissaient pas, mais au contraire s’y complaisaient car ils portaient le vide en eux (autosatisfaction d’avoir un travail en ces temps de crise), gestation du néant qui accoucherait de la violence déjà perceptible et envoûtante, comme le feu intrigue ou ensorcelle l’enfant.
Cette impression était confirmée par les tâches des ouvriers, qui paraissaient primitives, absurdes : travailler pour travailler.
Particulièrement, l’un d’eux, qui déplaçait un tas de st-Nabor à l’aide d’une fourche, me rappelait Sisyphe.

Ainsi en cette matinée grise mais lumineuse, dans cette gare aux allures de chantier au mauvais décor industriel – l’abattement récent d’une bâtisse désaffectée de la SNCF laissait apparaître la lourde installation de minoterie où le fer et la boue se mélangeaient aux lourds nuages de vapeurs qui venaient engrosser les cohortes de nuages du ciel – au milieu de travailleurs sisyphiens et des spectres d’employés que l’on devinait aux nombreuses voitures parquées, le train entra en gare tel un monstre surpuissant de lourdeurs, précédé par le hurlement d’une corne de brume qui provoqua l’arrêt des travaux et força le passage du convoi.
Les ouvriers s’inclinaient à son passage tels les serfs lorsque passait leur souverain. Seuls quelques vassaux se déplaçaient avec aisance pour accueillir le géant.

Quelques jours plus tard, tout était redevenu normal.

lundi 22 septembre 2008

J'embrasse des espaces infinis (1)

J’embrasse des espaces infinis.

Marchant à la fortune du cœur dans des forêts profondes, où les sentiers se frayaient des passages dans le sous bois touffu, je vis à ma dextre un rocher hissé sur un promontoire. Je m’engageais sur la pente ardue afin de voir ce qu’elle recelait par derrière. Au travers des arbres le ciel commençait à se dessiner. Arrivé au sommet une ouverture se découpa : à mes pieds un aven à marée basse coulait. Soulagé je respirais l’air qui remontait des méandres, puis je repris mon chemin. La forêt se clairsemait et laissa bientôt place à une lande sauvage faite de bruyères et d’herbes sèches balayées par des vents féroces. Ma course y semblait interminable. Je me retournais et déjà la forêt avait disparu de mon horizon. Seuls des menhirs se dressaient et offraient un abri. Adossé à l’un d’eux je buvais quand une rafale venue du Sud de plein fouet me frappa au visage : elle portait des effluves marins, désormais l’Océan était proche. Ce fut tout d’abord une ligne grise à l’horizon. Puis je me rapprochais. L’air iodé m’enivrait et ce fut un autre choc quand la vaste étendue d’eau salée s’offrit entière à mon regard : l’azur s’y reflétait, se mélangeait à des bruns, des verts improbables ; le blanc des embruns apparaissait et disparaissait, porté par des courants profonds venus de loin, venus de temps anciens. Posté sur la plage, à bras ouvert je me saoulais de cette immensité. Longtemps je longeais la côte, le sable céda la place aux rochers qui ralentirent ma progression. Les vagues venaient s’y fracasser avec une violence rare projetant dans l’air des milliards de fines gouttelettes étincelantes.

Je me perdis sur ce littoral et sans conscience je regagnais la Forêt.

dimanche 21 septembre 2008

Sonnet du poète - à Monsieur de Sainte Colombe

Brave les soleils inachevés
Arpège les harmonies célestes
Des grands orgues de la voie lactée
Fais jaillir le lais des cieux agrestes :

Sur la nuit grave je sème l’aigu
Blanches sur noires germe la nova
Comme une brisure d’où, ambiguë,
Surgit la mélodie à Dieu va

Comme l’eau à la mer, l’homme en terre.
Ainsi de nouvelles atmosphères
Viennent s’ajouter aux airs anciens

Pour composer le tombeau martien
D’une suite infinie de regrets
Dont la raison s’est évaporée.

vendredi 19 septembre 2008

Trêve


Au milieu de la nuit, c’était alors le petit matin,
Les douze coups de chandelles retentirent ;
L’écho marquait l’attente et le souffle se rapprochait.
Au repos des canonniers, les rideaux se levèrent :
La déflagration du ciel remuait tout.

mercredi 17 septembre 2008

Création - récréation



Afin de pouvoir mieux diffuser mes créations littéraires, le blog "comment je suis devenu écrivain" est déclaré ouvert ...