En plein cœur des Chartrons, à Bordeaux, bat une petite place, la « place du marché des Chartrons ».
Bordée de ses terrasses et de commerces de proximité, on dirait le centre pulsant d’un petit village : petit îlot de ruralité au milieu de la grande ville et de ses artères encombrées.
L’on y vit pourtant l’urbanité dans ce qu’elle a de meilleure, comme un alliage tranquille de ce qui se ferait de mieux dans ces deux espaces qui divisent la France, la ville et la campagne.
Ni quartier à thème, ni villégiature à bobos, encore moins camps retranché bourgeois ou populaire, cette place est ce que les urbanistes anglo saxons qualifieraient de « open space ».
Rayonnante bien au-delà du quartier et de la ville tout en le structurant, l’ouverture sur le monde et sur soi y règne en maître.
Oui sur le monde et sur soi ! Car il permet rien qu’en y pénétrant d’habiter simultanément l’espace dans son extension infinie et dans sa rétraction ultime, procurant cette sensation que seuls les grands voyageurs, tel Ulysse, connaissent. Cette perte et cette trouvaille de l’espace qui ne s’acquiert généralement qu’à la suite de longs voyages inconnus suivis du retour tout aussi inattendu chez soi.
Mais vous me demanderez à quoi tient cette magie des lieux ?
Certes l’architecture n’y est pas laide et comme un diamant en son écrin réside en son centre une merveilleuse petite halle de marché restaurée toute de métal et de pierre.
Toutefois cohabitent avec de vieilles maisons en pierre honorables d’hideux bâtiments des années 50 – 60 mal défraîchis.
Quand aux façades des premières certaines semblent comme abandonnées, menaçant de ruine.
Nulle présence donc d’une quelconque harmonie architecturale qui de l’avis des experts transcenderait l’âme des lieux et des passants.
Cette place tous s’y retrouvent et tout s’y perd. En premier lieu les repères, mais l’imagination y gagne.
J’y ai pris mes habitudes à la terrasse d’un pub dont la vitrine, aux confins de la place, jouxte un restaurant asiatique.
Lors des ondées, fréquentes en cette ville entre deux rayons de soleil, je cours me réfugier dans la vieille salle à la moquette défraîchie et au décor kitsch tout britannique, à destination des pauvres continentaux en mal de vie insulaire que nous sommes, où les accents d’Albion, que les serveuses, d’authentiques « grandes bretonnes », font sonner au fil de leurs commandes et de leur conversation, agrémentent d’excellentes spécialités culinaires bien grasses et d’odeurs de bières.
Pour ma part je n’y bois que d’énormes pintes de limonade lors de mes repas systématiquement terminés par un café que je n’ai pas la patience d’attendre … mais cela est déjà une autre histoire.
En rejoignant donc la salle du pub vous y longerez un restaurant asiatique qui à l’œil mal averti semble abandonné.
En tenant l’affût assez longuement vous y verrez cependant un couple d’annamites effectuant quelques aller retours entre la boutique et la voiture garée en double file qui bloque momentanément la circulation sur cette place à voie et sens unique (aucun klaxon intempestif ne se fera pourtant jamais entendre).
C’est alors qu’une question se pose à mon esprit malade et à l’imaginative paranoïaque : que peuvent bien transborder, dans ce restaurant toujours fermé, ces gens à l’apparence honnête ?
Bien entendu, comme dans tout chinatown qui se respecte, de la fourniture pour un atelier clandestin en arrière boutique d’une façade de complaisance. Ou plus exotique encore, de l’opium à destination d’une fumerie clandestine située au sous sol.
Voilà déjà qui agrémente l’esprit des lieux !
Cependant ce n’est ni à un pub, somme toute assez commun dans les quartiers de nos villes, ni à un restaurant asiatique jadis renommé que la place gagne à être connue et doit sa singularité.
Vous me direz avec justesse que « c’est un ensemble, un tout qui génère la magie d’un lieu ».
Mais vous aurez tout à la fois raison et tort.
Car si c’est bien un tout qui structure cette place, en revanche c’est d’une unique boutique qu’elle rayonne.
Bien plus, d’une personne singulière dont elle tient l’âme et la vie.
Bordée de ses terrasses et de commerces de proximité, on dirait le centre pulsant d’un petit village : petit îlot de ruralité au milieu de la grande ville et de ses artères encombrées.
L’on y vit pourtant l’urbanité dans ce qu’elle a de meilleure, comme un alliage tranquille de ce qui se ferait de mieux dans ces deux espaces qui divisent la France, la ville et la campagne.
Ni quartier à thème, ni villégiature à bobos, encore moins camps retranché bourgeois ou populaire, cette place est ce que les urbanistes anglo saxons qualifieraient de « open space ».
Rayonnante bien au-delà du quartier et de la ville tout en le structurant, l’ouverture sur le monde et sur soi y règne en maître.
Oui sur le monde et sur soi ! Car il permet rien qu’en y pénétrant d’habiter simultanément l’espace dans son extension infinie et dans sa rétraction ultime, procurant cette sensation que seuls les grands voyageurs, tel Ulysse, connaissent. Cette perte et cette trouvaille de l’espace qui ne s’acquiert généralement qu’à la suite de longs voyages inconnus suivis du retour tout aussi inattendu chez soi.
Mais vous me demanderez à quoi tient cette magie des lieux ?
Certes l’architecture n’y est pas laide et comme un diamant en son écrin réside en son centre une merveilleuse petite halle de marché restaurée toute de métal et de pierre.
Toutefois cohabitent avec de vieilles maisons en pierre honorables d’hideux bâtiments des années 50 – 60 mal défraîchis.
Quand aux façades des premières certaines semblent comme abandonnées, menaçant de ruine.
Nulle présence donc d’une quelconque harmonie architecturale qui de l’avis des experts transcenderait l’âme des lieux et des passants.
Cette place tous s’y retrouvent et tout s’y perd. En premier lieu les repères, mais l’imagination y gagne.
J’y ai pris mes habitudes à la terrasse d’un pub dont la vitrine, aux confins de la place, jouxte un restaurant asiatique.
Lors des ondées, fréquentes en cette ville entre deux rayons de soleil, je cours me réfugier dans la vieille salle à la moquette défraîchie et au décor kitsch tout britannique, à destination des pauvres continentaux en mal de vie insulaire que nous sommes, où les accents d’Albion, que les serveuses, d’authentiques « grandes bretonnes », font sonner au fil de leurs commandes et de leur conversation, agrémentent d’excellentes spécialités culinaires bien grasses et d’odeurs de bières.
Pour ma part je n’y bois que d’énormes pintes de limonade lors de mes repas systématiquement terminés par un café que je n’ai pas la patience d’attendre … mais cela est déjà une autre histoire.
En rejoignant donc la salle du pub vous y longerez un restaurant asiatique qui à l’œil mal averti semble abandonné.
En tenant l’affût assez longuement vous y verrez cependant un couple d’annamites effectuant quelques aller retours entre la boutique et la voiture garée en double file qui bloque momentanément la circulation sur cette place à voie et sens unique (aucun klaxon intempestif ne se fera pourtant jamais entendre).
C’est alors qu’une question se pose à mon esprit malade et à l’imaginative paranoïaque : que peuvent bien transborder, dans ce restaurant toujours fermé, ces gens à l’apparence honnête ?
Bien entendu, comme dans tout chinatown qui se respecte, de la fourniture pour un atelier clandestin en arrière boutique d’une façade de complaisance. Ou plus exotique encore, de l’opium à destination d’une fumerie clandestine située au sous sol.
Voilà déjà qui agrémente l’esprit des lieux !
Cependant ce n’est ni à un pub, somme toute assez commun dans les quartiers de nos villes, ni à un restaurant asiatique jadis renommé que la place gagne à être connue et doit sa singularité.
Vous me direz avec justesse que « c’est un ensemble, un tout qui génère la magie d’un lieu ».
Mais vous aurez tout à la fois raison et tort.
Car si c’est bien un tout qui structure cette place, en revanche c’est d’une unique boutique qu’elle rayonne.
Bien plus, d’une personne singulière dont elle tient l’âme et la vie.
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