mardi 10 avril 2012

GÜNTHER GRASS, L'ALLEMAGNE ET LA HONTE

Cher M. Günther GRASS,

C'est avec tristesse et colère que je vois l'écume de la bave de chiens haineux (journaleux, écrivaillons, soit disant "intelectuels" ...) vous salir, à défaut de réussir à vous mordre. C'est à croire que les grandes consciences de la littérature du 21ème siècle commençant ont pour destin d'être traînés dans la boue à l'instar de M. Milan KUNDERA.

En réalité, les faiseurs d'opinion n'ont plus d'opinion si ce n'est l'arrivisme qui les guide. Pour se forger une carrière, ils s'attaquent comme une meute aux vieux loups solitaires. En France, le déchaînement a atteint son acmé bien avant avoir pris connaissance de l'intégralité de votre poème (cf. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/05/ce-qui-doit-etre-dit_1681408_3232.html ). Que n'a-t-on dit? Mais lisez donc mesdames et messieurs les tartuffes! Ce texte est équilibré, juste et bienvenu parmi les poncifs journalistiques qui étouffent tout esprit critique.

Juif et petit-fils de "Malgré Nous", j'ai lu avec intérêt vos "Pelures d'Oignons", déjà stipandiées à leur sortie. La conscience européenne, notamment française et allemande, a du mal à digérer son histoire. Il faut mettre les cris d'orfraie, poussés par quelques moralistes de mauvais aloi, sur le compte de leur mauvaise conscience, leur "sentiment de culpabilité" non résolu, qui les pousse aux pires ignominies. Ils croyaient avoir trouvé en vous un "chevalier blanc" surhumain! Ils découvrent un "humain trop humain" tout dans la nuance : le gris est trop complexe pour ces benêts.

M. Günther GRASS, vous avez mille fois raison d'écrire ce poème, d'écrire "Pelures d'Oignons": ils ne vous le pardonneront jamais, mais nous y gagneront tous en humanité, car "il est temps / il est temps que l'on sache" comme le disait Paul CELAN. Alors, mille fois merci de tenir un miroir à toute honte : celle des survivants, celle des descendants ... J'ai honte M. GRASS d'être entouré par des écrivaillons sans conscience. Qu'ils tordent leur bouche de douleur d'avoir à entendre l'indicible, tout l'indicible et que leurs cris à votre encontre résonnent comme un enseignement à rebours pour les générations à venir.

David SCHNEE.

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