Dernier message du blog avant l'année prochaine.
Voeux de paix et de fraternité à vous tous ... et aux autres aussi.
vendredi 19 décembre 2008
jeudi 18 décembre 2008
L'artiste (à Pascal ENARD)
Le malheur de l’artiste est d’être recherché,
Le malheur de l’artiste est de n’être jamais seul,
Contrairement aux apparences, même dans la misère,
Il n’est jamais abandonné : le tréfonds de ses pensées
Est fouillé, analysé, historiographié, naturalisé.
Il est le grand pourvoyeur de nouveautés
A un monde qui manque cruellement d’imagination.
Il voudrait pouvoir faire aboutir ses idées,
Mais celles ci à peine nées sont récupérées.
Sa grande difficulté est d’être rémunéré,
Son esprit est littéralement pillé
Avant d’avoir put développer son art.
Voilà pourquoi il est contraint à l’esquisse :
Le temps d’achever son œuvre
Elle serait déjà obsolète dans la société.
Et pourtant il crée pour la postérité,
A destination de l’universel, dans la durée,
Ces espaces dorénavant désertés
Par un monde interconnecté qui habite
Les espaces fluctuants des réseaux
Qui se font et se défont au gré des modes
Sans passion.
Le malheur de l’artiste est de n’être jamais seul,
Contrairement aux apparences, même dans la misère,
Il n’est jamais abandonné : le tréfonds de ses pensées
Est fouillé, analysé, historiographié, naturalisé.
Il est le grand pourvoyeur de nouveautés
A un monde qui manque cruellement d’imagination.
Il voudrait pouvoir faire aboutir ses idées,
Mais celles ci à peine nées sont récupérées.
Sa grande difficulté est d’être rémunéré,
Son esprit est littéralement pillé
Avant d’avoir put développer son art.
Voilà pourquoi il est contraint à l’esquisse :
Le temps d’achever son œuvre
Elle serait déjà obsolète dans la société.
Et pourtant il crée pour la postérité,
A destination de l’universel, dans la durée,
Ces espaces dorénavant désertés
Par un monde interconnecté qui habite
Les espaces fluctuants des réseaux
Qui se font et se défont au gré des modes
Sans passion.
mercredi 17 décembre 2008
Le Mensonge (à Pascal ENARD)
La vérité est le plus beau des mensonges
Quand on est observé, il faut agir comme si l’on était seul
Quand on est seul, il faut agir comme si l’on était observé
Il faut vivre dans un panoptiquon total
Livrer sa pensée dans ses moindres détails
Pour n’avoir plus rien à cacher :
A n’avoir rien à défendre on peut tout attaquer
Surtout l’indiscrétion des autres
Et il est enfin possible de vivre selon ses principes
Sans compromission pour préserver son jardin
Il est certain que dans cette position
Vous serez abandonné de tous
Et que vous pourrez vivre dans le secret
Quand on est observé, il faut agir comme si l’on était seul
Quand on est seul, il faut agir comme si l’on était observé
Il faut vivre dans un panoptiquon total
Livrer sa pensée dans ses moindres détails
Pour n’avoir plus rien à cacher :
A n’avoir rien à défendre on peut tout attaquer
Surtout l’indiscrétion des autres
Et il est enfin possible de vivre selon ses principes
Sans compromission pour préserver son jardin
Il est certain que dans cette position
Vous serez abandonné de tous
Et que vous pourrez vivre dans le secret
mardi 16 décembre 2008
Haïku - (22)
Ils avaient enfin compris que le plus court chemin d’un point à un autre n’était pas la ligne droite.
lundi 15 décembre 2008
Haïku - (21)
Se promener à deux
Et pratiquer
La philosophie du sentier.
S’arrêter
Et, le temps d’une déclaration d’amour,
D’un endroit bâtir un monde,
En une après midi concentrer toute une vie.
Et pratiquer
La philosophie du sentier.
S’arrêter
Et, le temps d’une déclaration d’amour,
D’un endroit bâtir un monde,
En une après midi concentrer toute une vie.
dimanche 14 décembre 2008
samedi 13 décembre 2008
vendredi 12 décembre 2008
jeudi 11 décembre 2008
dimanche 7 décembre 2008
samedi 6 décembre 2008
vendredi 5 décembre 2008
jeudi 4 décembre 2008
mercredi 3 décembre 2008
mardi 2 décembre 2008
Haïku - (11)
Une chaume bien verte,
Un lac glaciaire :
Un cirque de montagne
Aux sommets arrondis.
Je me baigne,
Il fait chaud :
Je retourne m’allonger sur l’herbe moelleuse
Et laisse s’évaporer le temps :
Un tiers d’heure,
Pas plus !
Un lac glaciaire :
Un cirque de montagne
Aux sommets arrondis.
Je me baigne,
Il fait chaud :
Je retourne m’allonger sur l’herbe moelleuse
Et laisse s’évaporer le temps :
Un tiers d’heure,
Pas plus !
lundi 1 décembre 2008
dimanche 30 novembre 2008
samedi 29 novembre 2008
vendredi 28 novembre 2008
jeudi 27 novembre 2008
mercredi 26 novembre 2008
mardi 25 novembre 2008
lundi 24 novembre 2008
dimanche 23 novembre 2008
samedi 22 novembre 2008
vendredi 21 novembre 2008
Wie die Nacht die Traüme
Wie die Nacht die Traüme, durch die Wand des Wildes,
Versucht immer, an meinen Grenzen, ein Geist mich zu beobachten,
Manchmal ein Gast, wie auch immer unaufgefordet.
Gestellt und antwortlos, dieser Gaukler spielt im glatten Dampf :
Drei Spiegel in den Händen, drei Bilder flattern von Rechts nach Links,
Einmal ich, zweimal anders,
Manchmal Fremde, wie auch immer nicht unbekannt,
Wie ein verlor’nes Ding das nie meines war.
Versucht immer, an meinen Grenzen, ein Geist mich zu beobachten,
Manchmal ein Gast, wie auch immer unaufgefordet.
Gestellt und antwortlos, dieser Gaukler spielt im glatten Dampf :
Drei Spiegel in den Händen, drei Bilder flattern von Rechts nach Links,
Einmal ich, zweimal anders,
Manchmal Fremde, wie auch immer nicht unbekannt,
Wie ein verlor’nes Ding das nie meines war.
mercredi 19 novembre 2008
Quand ta bouche ...
Quand ta bouche se fait tendre
Quand ta bouche devient sexe
Quand mes lèvres sur tes lèvres
Se posent et se gorgent de sang
Quand ton sexe ruisselle
Et scintille à la lune
Que je bois à la source
De ton nom, à ton entre jambe
Quand nos corps contre corps
Se pénètrent et s’accordent
Et qu’une fois encore
Nos organes se branlent
Quand ton sexe si suave
Que je pleure de ton don
Alors je prends mon essor
Et tu embrasses mon étendu
Quand ta bouche devient sexe
Quand mes lèvres sur tes lèvres
Se posent et se gorgent de sang
Quand ton sexe ruisselle
Et scintille à la lune
Que je bois à la source
De ton nom, à ton entre jambe
Quand nos corps contre corps
Se pénètrent et s’accordent
Et qu’une fois encore
Nos organes se branlent
Quand ton sexe si suave
Que je pleure de ton don
Alors je prends mon essor
Et tu embrasses mon étendu
mardi 18 novembre 2008
Le VRP multicartes
Il avait été longtemps heureux : son métier l’occupait pleinement et l’avait comblé.
Il avait été VRP multicartes, c’est à dire agent commercial qui sillonnait tout le territoire national pour le compte de sociétés qui lui confiaient leurs marchandises. Armé de ses échantillons, de son break et surtout de sa carte de représentant, véritable sésame qui lui ouvrait toutes les portes, le Pays lui appartenait.
Il avait ses habitudes dans les hôtels des grandes villes, les stations services du réseau autoroutier, chez les entreprises et les particuliers qui lui achetaient sa marchandise. Il pouvait ainsi tisser sur une carte tout un réseau de connaissances auprès de qui il n’était pas rien et c’était sans compter sur les connaissances à venir qui fortes d’un besoin de consommation lui ouvrirait les portes d’un intérieur qu’on lui ferait partager : on avait besoin de lui et il se sentait utile.
Il aimait pour cela son métier et chérissait par dessus tout cette carte qui lui permettait officiellement, en vertu d’une mission, d’aller , j’allais dire librement mais c’était tout le contraire, où bon lui semblait afin d’accomplir son devoir, son unique impératif : réaliser du chiffre. A ce petit jeu il était relativement doué et avait réussi à se constituer un joli petit pactole, tout en lui permettant de vivre à son aise, qui le mettait définitivement à l’abri du besoin.
Cela faisait maintenant 35 ans qu’il était dans le métier. Les temps avaient déjà été meilleurs quand il apprit que son secteur géographique serait restreint pour cause de rationalisation. Cela le chagrinait un peu de ne plus parcourir tout le territoire et de remettre aux main d’un nouveau venu toute une clientèle fidèle qu’il avait mis tant de temps à constituer. Mais demeurait sa carte qui lui permettait toujours d’aller chez qui il voulait pourvu que ce soit dans ce territoire du grand est qui lui était dorénavant dévolu.
Mais bientôt une nouvelle rationalisation restreint encore son territoire au niveau de la région puis du département. Ce fut un coup dur pour lui, d’autant plus qu’on lui demandait de réaliser le même chiffre d’affaire. Il avait beau se mettre ardemment à la tâche, ses efforts au bout de la deuxième rationalisation ne suffirent plus et il vécut la dernière comme une véritable relégation : marque de son incompétence. Ses commanditaires ne se gênaient d’ailleurs pas pour lui faire remarquer son manque à gagner et sa baisse de compétitivité. Il travaillait pourtant 10 heures par jour et souvent les week-ends là où il lui suffisait de 4 journées de 8 heures pour réaliser le même chiffre. Mais les arguments rationnels ne suffisaient pas, la rationalité supérieure des chiffres – injuste –commandait à des impératifs plus haut. Il dut subir toutes les réunions de recyclage, les entretiens en tête à tête qui proclamaient sa nouvelle incompétence et l’enfonçaient toujours plus profondément. Heureusement demeurait sa carte : véritable passeport social qui suffisait à le justifier aux yeux de tous.
Mais lors d’un entretien avec ses commanditaires on le mis en demeure de démissionner en le menaçant de le griller dans le métier si jamais ils devaient aller jusqu’à le licencier. Dans un élan de rage il leur jeta sa carte à la figure et signa la lettre de démission en exultant tout ce qu’il avait sur le cœur : ses 35 ans de parcours sans faute toujours au service des commanditaires et du client, les parts de marché qu’il avait fait gagner à ses fournisseurs, l’illogisme de leurs rationalisations … Il n’osa malheureusement pas les attaquer pour harcèlement aux Prud’hommes afin d’y tenir le même discours, par peur de faire des vagues et d’être pris pour un traître dans le métier qu’il aspirait par dessus tout, fort de ses états de service passé, à regagner.
Il lui restait 5 ans avant la retraite et n’avait pas droit aux Assédic. Ses recherches tout azimut ne lui permirent pas de retrouver un emploi, les plus jeunes étant toujours préférés, et au bout d’un an il perdit courage et dut commencer à restreindre son train de vie. Sa femme qui était du monde ne le supporta pas et le quitta pour le notaire qui avait établi leur contrat de mariage. Il dut vendre la maison dorénavant trop grande pour lui seul et s’installa dans un petit meublé.
Mais ce qui le touchait par dessus tout était la perte de sa carte qui le privait, du moins le croyait-il inconsciemment, de toute justification sociale : il n’osait plus sortir de chez lui que pour les besoins strictement nécessaires : tous les prétextes étaient bon mais n’étaient jamais suffisants pour se justifier complètement. Au début il essayait de multiplier les sorties sous des raisons futiles, tout était bon pour les justifier, mais il avait l’impression d’être regardé de travers, qu’on lui reprochait de n’être pas à sa place. C’en était à un tel point qu’il n’osait plus faire les courses qu’une fois par mois. Il était pris par cet objectif de rationalisation du moindre de ses actes. Sans sa carte il était nu, son absence lui interdisait d’entreprendre quoi que ce soit.
Il n’était pourtant pas dans le besoin et son chômage forcé aurait put être pour lui l’occasion de découvrir une nouvelle liberté qu’il n’avait jamais eue. Mais encore une fois rien ne justifiait une folie telle qu’aller se promener à la campagne ou partir en week-end. Il était prisonnier du modèle social qui l’avait toujours accompagné et n’arrivait pas à se souvenir des temps insouciants de son adolescence où il n’y avait pas besoin de prétexte pour faire quelque chose de sa vie.
Il était définitivement isolé et ce n’est qu’inquiété par les odeurs de putréfaction en plein été que ses voisins découvrirent son corps pendu au plafond, la télé, l’internet et la radio allumés comme pour conjurer désespérément cette solitude.
Sa carte avait en revanche été beaucoup plus souple à « recycler » abandonnée à ses patrons, il leur avait suffi d’y changer noms, coordonnées et photos afin de la donner « grassieusement », c'est-à-dire dans la perspective de gras profits, à une nouvelle recrue plus malléable.
La feuille de route, la mission, le leitmotiv délivrés par cette carte restaient les mêmes. Longtemps encore elle hanterait des vies.
Il avait été VRP multicartes, c’est à dire agent commercial qui sillonnait tout le territoire national pour le compte de sociétés qui lui confiaient leurs marchandises. Armé de ses échantillons, de son break et surtout de sa carte de représentant, véritable sésame qui lui ouvrait toutes les portes, le Pays lui appartenait.
Il avait ses habitudes dans les hôtels des grandes villes, les stations services du réseau autoroutier, chez les entreprises et les particuliers qui lui achetaient sa marchandise. Il pouvait ainsi tisser sur une carte tout un réseau de connaissances auprès de qui il n’était pas rien et c’était sans compter sur les connaissances à venir qui fortes d’un besoin de consommation lui ouvrirait les portes d’un intérieur qu’on lui ferait partager : on avait besoin de lui et il se sentait utile.
Il aimait pour cela son métier et chérissait par dessus tout cette carte qui lui permettait officiellement, en vertu d’une mission, d’aller , j’allais dire librement mais c’était tout le contraire, où bon lui semblait afin d’accomplir son devoir, son unique impératif : réaliser du chiffre. A ce petit jeu il était relativement doué et avait réussi à se constituer un joli petit pactole, tout en lui permettant de vivre à son aise, qui le mettait définitivement à l’abri du besoin.
Cela faisait maintenant 35 ans qu’il était dans le métier. Les temps avaient déjà été meilleurs quand il apprit que son secteur géographique serait restreint pour cause de rationalisation. Cela le chagrinait un peu de ne plus parcourir tout le territoire et de remettre aux main d’un nouveau venu toute une clientèle fidèle qu’il avait mis tant de temps à constituer. Mais demeurait sa carte qui lui permettait toujours d’aller chez qui il voulait pourvu que ce soit dans ce territoire du grand est qui lui était dorénavant dévolu.
Mais bientôt une nouvelle rationalisation restreint encore son territoire au niveau de la région puis du département. Ce fut un coup dur pour lui, d’autant plus qu’on lui demandait de réaliser le même chiffre d’affaire. Il avait beau se mettre ardemment à la tâche, ses efforts au bout de la deuxième rationalisation ne suffirent plus et il vécut la dernière comme une véritable relégation : marque de son incompétence. Ses commanditaires ne se gênaient d’ailleurs pas pour lui faire remarquer son manque à gagner et sa baisse de compétitivité. Il travaillait pourtant 10 heures par jour et souvent les week-ends là où il lui suffisait de 4 journées de 8 heures pour réaliser le même chiffre. Mais les arguments rationnels ne suffisaient pas, la rationalité supérieure des chiffres – injuste –commandait à des impératifs plus haut. Il dut subir toutes les réunions de recyclage, les entretiens en tête à tête qui proclamaient sa nouvelle incompétence et l’enfonçaient toujours plus profondément. Heureusement demeurait sa carte : véritable passeport social qui suffisait à le justifier aux yeux de tous.
Mais lors d’un entretien avec ses commanditaires on le mis en demeure de démissionner en le menaçant de le griller dans le métier si jamais ils devaient aller jusqu’à le licencier. Dans un élan de rage il leur jeta sa carte à la figure et signa la lettre de démission en exultant tout ce qu’il avait sur le cœur : ses 35 ans de parcours sans faute toujours au service des commanditaires et du client, les parts de marché qu’il avait fait gagner à ses fournisseurs, l’illogisme de leurs rationalisations … Il n’osa malheureusement pas les attaquer pour harcèlement aux Prud’hommes afin d’y tenir le même discours, par peur de faire des vagues et d’être pris pour un traître dans le métier qu’il aspirait par dessus tout, fort de ses états de service passé, à regagner.
Il lui restait 5 ans avant la retraite et n’avait pas droit aux Assédic. Ses recherches tout azimut ne lui permirent pas de retrouver un emploi, les plus jeunes étant toujours préférés, et au bout d’un an il perdit courage et dut commencer à restreindre son train de vie. Sa femme qui était du monde ne le supporta pas et le quitta pour le notaire qui avait établi leur contrat de mariage. Il dut vendre la maison dorénavant trop grande pour lui seul et s’installa dans un petit meublé.
Mais ce qui le touchait par dessus tout était la perte de sa carte qui le privait, du moins le croyait-il inconsciemment, de toute justification sociale : il n’osait plus sortir de chez lui que pour les besoins strictement nécessaires : tous les prétextes étaient bon mais n’étaient jamais suffisants pour se justifier complètement. Au début il essayait de multiplier les sorties sous des raisons futiles, tout était bon pour les justifier, mais il avait l’impression d’être regardé de travers, qu’on lui reprochait de n’être pas à sa place. C’en était à un tel point qu’il n’osait plus faire les courses qu’une fois par mois. Il était pris par cet objectif de rationalisation du moindre de ses actes. Sans sa carte il était nu, son absence lui interdisait d’entreprendre quoi que ce soit.
Il n’était pourtant pas dans le besoin et son chômage forcé aurait put être pour lui l’occasion de découvrir une nouvelle liberté qu’il n’avait jamais eue. Mais encore une fois rien ne justifiait une folie telle qu’aller se promener à la campagne ou partir en week-end. Il était prisonnier du modèle social qui l’avait toujours accompagné et n’arrivait pas à se souvenir des temps insouciants de son adolescence où il n’y avait pas besoin de prétexte pour faire quelque chose de sa vie.
Il était définitivement isolé et ce n’est qu’inquiété par les odeurs de putréfaction en plein été que ses voisins découvrirent son corps pendu au plafond, la télé, l’internet et la radio allumés comme pour conjurer désespérément cette solitude.
Sa carte avait en revanche été beaucoup plus souple à « recycler » abandonnée à ses patrons, il leur avait suffi d’y changer noms, coordonnées et photos afin de la donner « grassieusement », c'est-à-dire dans la perspective de gras profits, à une nouvelle recrue plus malléable.
La feuille de route, la mission, le leitmotiv délivrés par cette carte restaient les mêmes. Longtemps encore elle hanterait des vies.
dimanche 16 novembre 2008
11 Novembre
Le ciel était gris et le crachin d’hiver nous transperçait
Les ifs aux fruits rouges revêtaient un vert militaire
Et le rouge gorge volait dans un air à présent apaisé
Les murs jaunes de l’église résonnaient d’un glas trépassé
Le passé nous parlait de froid, de faim et de peur
Et le rouge gorge chantait une chanson d’espoir et de paix
Les cuivres vibraient et les drapeaux retombaient
La gerbe républicaine déposée par le sous préfet et le maire
Et le rouge gorge sur le monument au mort nous entretenait d’amour et de fraternité
Les ifs aux fruits rouges revêtaient un vert militaire
Et le rouge gorge volait dans un air à présent apaisé
Les murs jaunes de l’église résonnaient d’un glas trépassé
Le passé nous parlait de froid, de faim et de peur
Et le rouge gorge chantait une chanson d’espoir et de paix
Les cuivres vibraient et les drapeaux retombaient
La gerbe républicaine déposée par le sous préfet et le maire
Et le rouge gorge sur le monument au mort nous entretenait d’amour et de fraternité
vendredi 14 novembre 2008
Holocauste (2) - Pater Noster
jeudi 13 novembre 2008
Holocauste (1) - Mater Dolorosa
mercredi 12 novembre 2008
Il pleut ...
Il pleut,
Pelisse grise qui vient nous titiller
Pendant qu’un terrier de renards argentés
S’amuse et, de là haut, nous fait la nique.
Il pleut
Et le pelage crânien sur ta nuque
Joue crânement avec les mailles des quelques lunes
Bondissantes, dans l’espace là et rien …
Il pleut,
Ne pleure pas ,
Ce ne sont que quelques perles qui gouttent ça et là sur tes joues
Les baisers que j’aurai bien voulu te donner.
Ne soit pas amère
Les pluies dit on sont acides
Et celle ci n’est pas l’ombre d’une queue
Elle nous gâte de quelques zestes bien frappés.
A présent les hallebardes se sont dressées
Et voilà que ma promenade se pare d’atours princiers
Moi qui me serait contenté de quelques détours printaniers.
Viens, reprenons vite quelques allées moins exposées
Et laissons là pompes et vair.
Le soulier pour pouvoir te retrouver
Et la pompe pour quelques jours immaculés d’hiver.
Et perdus dans ce jeux de miroir entre ciel et terre
Au détour de quelques carrefours peut être pourrons nous nous déceler.
Pelisse grise qui vient nous titiller
Pendant qu’un terrier de renards argentés
S’amuse et, de là haut, nous fait la nique.
Il pleut
Et le pelage crânien sur ta nuque
Joue crânement avec les mailles des quelques lunes
Bondissantes, dans l’espace là et rien …
Il pleut,
Ne pleure pas ,
Ce ne sont que quelques perles qui gouttent ça et là sur tes joues
Les baisers que j’aurai bien voulu te donner.
Ne soit pas amère
Les pluies dit on sont acides
Et celle ci n’est pas l’ombre d’une queue
Elle nous gâte de quelques zestes bien frappés.
A présent les hallebardes se sont dressées
Et voilà que ma promenade se pare d’atours princiers
Moi qui me serait contenté de quelques détours printaniers.
Viens, reprenons vite quelques allées moins exposées
Et laissons là pompes et vair.
Le soulier pour pouvoir te retrouver
Et la pompe pour quelques jours immaculés d’hiver.
Et perdus dans ce jeux de miroir entre ciel et terre
Au détour de quelques carrefours peut être pourrons nous nous déceler.
mercredi 29 octobre 2008
DEUTSCHLAND (3) - Ende
Die Erde unserer Vergangenheit
Wo der Untergang liegt
Fürchtet nicht mehr die Blumen
Jetzt fliegt der Wanderer
Mit dem Wind des Blütenblatts
Wo der Untergang liegt
Fürchtet nicht mehr die Blumen
Jetzt fliegt der Wanderer
Mit dem Wind des Blütenblatts
mardi 28 octobre 2008
DEUTSCHLAND (2) - Gesang des Volkes
In unserer Lade bleibt noch Fröhlichkeit
Auf unserer Leiter steigen noch Engel
Vor unserem Ladestock spritzt noch frisches Wasser
An unserem Stamm wachsen noch Äste
Unter unserer Stampfe gibt es noch Mehl
Über unseren Stimmen lobt noch der König
Zwischen unseren Hammeln liegt noch der Löwe
Hinter unserem Himmel steht noch der Gott
Neben unserem Heim leben noch Nachbarn
Auf unserer Leiter steigen noch Engel
Vor unserem Ladestock spritzt noch frisches Wasser
An unserem Stamm wachsen noch Äste
Unter unserer Stampfe gibt es noch Mehl
Über unseren Stimmen lobt noch der König
Zwischen unseren Hammeln liegt noch der Löwe
Hinter unserem Himmel steht noch der Gott
Neben unserem Heim leben noch Nachbarn
lundi 27 octobre 2008
DEUTSCHLAND (1) - Incipit
Das Böse ist nicht mehr das Böse
Seit Mauern fallen
Unter Steinen sich brechen
Seit Steine blühen
Unter Flügeln reisen
Nie mehr das Leid tragen
Nie mehr das Land beweinen
Der Tod ist nicht mehr der Tod
Seit Nächte sich erheben
Hinter Nebeln fliehen
Seit Nebel scheinen
Hinter Sonnen brennen
Nie mehr jauchzen die Aschen
Nie mehr wandeln die Schatten
Seit Mauern fallen
Unter Steinen sich brechen
Seit Steine blühen
Unter Flügeln reisen
Nie mehr das Leid tragen
Nie mehr das Land beweinen
Der Tod ist nicht mehr der Tod
Seit Nächte sich erheben
Hinter Nebeln fliehen
Seit Nebel scheinen
Hinter Sonnen brennen
Nie mehr jauchzen die Aschen
Nie mehr wandeln die Schatten
dimanche 26 octobre 2008
Sur la crise financière : bulles spéculatives et autres baudruches
Une connaissance de mes amis me disait un jour :
« Moi je fais de la finance ... les études c'est pas mon truc : ça ne sert à rien! »
Alors étudiant en économie financière, ses propos m'interpelaient.
Assis à une terrasse, tout en l'écoutant, je faisais des bulles dans ma limonade.
« Et, lui dis je, c'est quoi la finance pour toi? »
« Eh bien! Figure toi qu'avec 100 Francs j'ai pu acheter pour 500 F d'actions et je les ai revendues à la fin du mois pour 1000 F, ce qui fait ... enfin j'ai gagné 900 F en un mois! »
Pressentant qu'il attendait quelques éclaircissements scientifiques sur cette multiplication de petits pains je lui répondis :
« Bien, en langage financier tu es donc intervenu sur le MARCHE SECONDAIRE de la bourse. Tu as effectué une OPERATION D'ACHAT VENTE (sans doute en fixant un seuil au prix d'achat ou au moins de revente) le tout en utilisant ton POUVOIR DE LEVIER. Ce qui fait que dans le contexte haussier actuel du cours des actions le RENDEMENT de ton opération est de 1000%, dont il faut que tu déduises les frais prélevés par ta banque. »
« Ouais, tout à fait! Eh bien avec ces 1000 F j'ai racheté des actions et j'ai gagné 10000 F. Et avec ces 10000 F je vais ... »
« OK! OK! OK! Je crois que j'ai compris! »
Moi qui me spécialisait dans la finance je “coûtais” 1000 F tous les mois, qui s'accumulaient pour grossir la dette que je devais rembourser à la fin de mes études à la banque qui m'avait fait crédit; pendant que ce jeune capitaliste insouciant se gonflait des couilles en or en jouant à la loterie et réinvestissant capital et plus value tous les mois.
Dans ce contexte je me demandais si je ne devais pas aller plus loin dans la bêtise en plaçant les mensualités de mon emprunt, négocié à 6%, sur le marché des actions qui me rapporterait du 1000%. Et pourquoi pas les placer sur les produits dérivés : le marché obligataire se portait bien aussi et les junk bonds rapportaient énormément! Les produits à terme! Les options! Ou ...
Certes il ne fallait pas miser sur leur valeur finale, mais simplement spéculer sur leur cours dont la variation positive phénoménale laissait peu de doutes sur la stratégie à adopter : qu'importait le placement à long terme, la recherche de dividendes ou la distribution de coupons, il ne fallait pas chercher à bénéficier de la richesse créée mais jouer sur la valeur future du produit financier c'est à dire in fine de l'organisme émetteur de ce même produit.
C'était au milieu des années 1990, les rentiers se portaient bien et le diagnostic de cher John qui préconisait de les euthanasier était loin d'être partagé par les doctes économistes, dont le nombre croissait encore plus vite que le cour du CAC 40 en cette période d'euphorie financière.
Ils renouvelaient à tour de bras et avec force figure de style les commentaires sur la situation boursière.
Cynisme ou ferme croyance dans les vertus d'une croissance infinie enfin trouvée, toujours est il qu'ils devaient disparaître lors du krach : car une bulle, sachez le, ne se dégonfle pas, elle explose!
L'été précédent ce sinistre automne (les krachs ont “toujours” lieu en automne) j'allais arrondir mes fins de mois en travaillant.
Je trouvais une banque qui voulait bien de moi pour tenir le guichet.
Là aussi la fièvre boursicoteuse faisait des ravages : l'on y vendait des actions comme on aurait vendu des petits pains dans une boulangerie.
A la mère de famille venant retirer des extraits de compte, au petit vieux venant déposer sa pension, jusqu'au RMIste venant négocier son emprunt! L'on faisait goûter des échantillons financiers qui n'étaient même plus négociés dans le secret bancaire de bureaux bien isolés, mais directement au guichet :
« Au fait nous venons d'avoir un arrivage tout frais d'actions X, êtes vous intéressé? Elles sont seulement à 10 F la pièce ... Ou bien préférez vous des actions Y? »
Ecoeuré je pris mon solde de tout compte et allait chercher un travail plus manuel ... on voulait m'y rémunérer en actions!
J'étais cerné.
Enfin la tornade passa, ravageant le château de cartes et occasionnant également quelques dégâts colatéraux, mais le ciel comme rincé était redevenu bleu.
Une jeune fille faisait des bulles de savon à l'aide d'une paille échancrée, j'étais assis à une terrasse observant leur vol avant leur explosion fatale, quand mon ami surgit de nulle part.
« Eh ben, dit il, j'en ai chié des bulles avec la bourse! »
« Que vas tu faire à présent, lui demandais je? »
« Oh! Moi je vais faire entrepreneur ... les études c'est pas mon truc : ça sert à rien! »
« Moi je fais de la finance ... les études c'est pas mon truc : ça ne sert à rien! »
Alors étudiant en économie financière, ses propos m'interpelaient.
Assis à une terrasse, tout en l'écoutant, je faisais des bulles dans ma limonade.
« Et, lui dis je, c'est quoi la finance pour toi? »
« Eh bien! Figure toi qu'avec 100 Francs j'ai pu acheter pour 500 F d'actions et je les ai revendues à la fin du mois pour 1000 F, ce qui fait ... enfin j'ai gagné 900 F en un mois! »
Pressentant qu'il attendait quelques éclaircissements scientifiques sur cette multiplication de petits pains je lui répondis :
« Bien, en langage financier tu es donc intervenu sur le MARCHE SECONDAIRE de la bourse. Tu as effectué une OPERATION D'ACHAT VENTE (sans doute en fixant un seuil au prix d'achat ou au moins de revente) le tout en utilisant ton POUVOIR DE LEVIER. Ce qui fait que dans le contexte haussier actuel du cours des actions le RENDEMENT de ton opération est de 1000%, dont il faut que tu déduises les frais prélevés par ta banque. »
« Ouais, tout à fait! Eh bien avec ces 1000 F j'ai racheté des actions et j'ai gagné 10000 F. Et avec ces 10000 F je vais ... »
« OK! OK! OK! Je crois que j'ai compris! »
Moi qui me spécialisait dans la finance je “coûtais” 1000 F tous les mois, qui s'accumulaient pour grossir la dette que je devais rembourser à la fin de mes études à la banque qui m'avait fait crédit; pendant que ce jeune capitaliste insouciant se gonflait des couilles en or en jouant à la loterie et réinvestissant capital et plus value tous les mois.
Dans ce contexte je me demandais si je ne devais pas aller plus loin dans la bêtise en plaçant les mensualités de mon emprunt, négocié à 6%, sur le marché des actions qui me rapporterait du 1000%. Et pourquoi pas les placer sur les produits dérivés : le marché obligataire se portait bien aussi et les junk bonds rapportaient énormément! Les produits à terme! Les options! Ou ...
Certes il ne fallait pas miser sur leur valeur finale, mais simplement spéculer sur leur cours dont la variation positive phénoménale laissait peu de doutes sur la stratégie à adopter : qu'importait le placement à long terme, la recherche de dividendes ou la distribution de coupons, il ne fallait pas chercher à bénéficier de la richesse créée mais jouer sur la valeur future du produit financier c'est à dire in fine de l'organisme émetteur de ce même produit.
C'était au milieu des années 1990, les rentiers se portaient bien et le diagnostic de cher John qui préconisait de les euthanasier était loin d'être partagé par les doctes économistes, dont le nombre croissait encore plus vite que le cour du CAC 40 en cette période d'euphorie financière.
Ils renouvelaient à tour de bras et avec force figure de style les commentaires sur la situation boursière.
Cynisme ou ferme croyance dans les vertus d'une croissance infinie enfin trouvée, toujours est il qu'ils devaient disparaître lors du krach : car une bulle, sachez le, ne se dégonfle pas, elle explose!
L'été précédent ce sinistre automne (les krachs ont “toujours” lieu en automne) j'allais arrondir mes fins de mois en travaillant.
Je trouvais une banque qui voulait bien de moi pour tenir le guichet.
Là aussi la fièvre boursicoteuse faisait des ravages : l'on y vendait des actions comme on aurait vendu des petits pains dans une boulangerie.
A la mère de famille venant retirer des extraits de compte, au petit vieux venant déposer sa pension, jusqu'au RMIste venant négocier son emprunt! L'on faisait goûter des échantillons financiers qui n'étaient même plus négociés dans le secret bancaire de bureaux bien isolés, mais directement au guichet :
« Au fait nous venons d'avoir un arrivage tout frais d'actions X, êtes vous intéressé? Elles sont seulement à 10 F la pièce ... Ou bien préférez vous des actions Y? »
Ecoeuré je pris mon solde de tout compte et allait chercher un travail plus manuel ... on voulait m'y rémunérer en actions!
J'étais cerné.
Enfin la tornade passa, ravageant le château de cartes et occasionnant également quelques dégâts colatéraux, mais le ciel comme rincé était redevenu bleu.
Une jeune fille faisait des bulles de savon à l'aide d'une paille échancrée, j'étais assis à une terrasse observant leur vol avant leur explosion fatale, quand mon ami surgit de nulle part.
« Eh ben, dit il, j'en ai chié des bulles avec la bourse! »
« Que vas tu faire à présent, lui demandais je? »
« Oh! Moi je vais faire entrepreneur ... les études c'est pas mon truc : ça sert à rien! »
samedi 25 octobre 2008
Sans titre (5)
Quoi ? C’est alors, c’est seulement alors, que l’onde astrale se propage ? Car la science est d’abord conscience créatrice. Et si le cours de l’eau nous guidait, si la boussole servait à naviguer, il est des pôles désertiques de l’imagination sans repères. Et si la chute d’un corps met mon être en émoi, la courbure de l’espace temps, un trou noir me déphasent et ne se calculent plus : debout le monde m’appartient mais couché je suis la vigie d’un univers en expansion.
Comme une échelle : la négation du pantographe, une vision bouleversée. Comme une échelle ! Un ange à son faîte qui viendrait me visiter en rêve : la lente ascension des échelons me ferait accéder à un ailleurs toujours présent, à un géant mangeur d’enfants qu’un seul coup de hache ferait déchoir de son piédestal pour peu que je le veuille. Revoir alors le soleil tourner autour de la Terre, poser sans questions les pieds sur une Terre redevenue plate et pourquoi pas tels un Golem redevenir l’espace d’un sommeil aussi lourd que de la glaise. Jongler avec les concepts quand le cœur vous en dit : deux balles en l’air et l’autre bien en main.
Et la diastole cosmique n’en finissait pas puis un écran de télévision qui n’en finirait pas de s’éteindre, une ultime étoile lumineuse pour seul spectacle. La pixellisation toujours plus précise de l’image. Jusqu’à ce que blanche sur noire la tache explose et s’anime à nouveau : le grand Zappeur du technicolor.
Comme une échelle : la négation du pantographe, une vision bouleversée. Comme une échelle ! Un ange à son faîte qui viendrait me visiter en rêve : la lente ascension des échelons me ferait accéder à un ailleurs toujours présent, à un géant mangeur d’enfants qu’un seul coup de hache ferait déchoir de son piédestal pour peu que je le veuille. Revoir alors le soleil tourner autour de la Terre, poser sans questions les pieds sur une Terre redevenue plate et pourquoi pas tels un Golem redevenir l’espace d’un sommeil aussi lourd que de la glaise. Jongler avec les concepts quand le cœur vous en dit : deux balles en l’air et l’autre bien en main.
Et la diastole cosmique n’en finissait pas puis un écran de télévision qui n’en finirait pas de s’éteindre, une ultime étoile lumineuse pour seul spectacle. La pixellisation toujours plus précise de l’image. Jusqu’à ce que blanche sur noire la tache explose et s’anime à nouveau : le grand Zappeur du technicolor.
vendredi 24 octobre 2008
Pour faire la confiture de maman :
Prenez un kilogramme de maman
Autant de sucre
Pour un litre d’eau
Commencez par la faire mijoter dans son jus
Jusqu’à ce que toute la graisse soit fondue
Récupérer cette dernière dans un bocal bien hermétique.
Epluchez la pour éviter les grumeaux
Et rajoutez vivement l’eau,
Il se peut alors qu’elle se débatte par quelques tics
Ne vous en offusquez pas
Et versez une cuillère de vinaigre à ras :
Cela lui fera faire la grimace comme la soupe
Qu’elle vous servait autrefois.
Remuez bien, ça accroche parfois.
Au lieu du vinaigre vous pouvez également – houp !
Elle éclabousse du bout du menton –
Lui presser le citron :
Chacun son tour et les chats seront bien fouettés.
Versez le sucre à présent
En comptant bien chaque cristal manquant,
Portez à ébullition en n’oubliant pas de mélanger
Vous la ferez ainsi confire
Ce qui peut porter à rire :
Gardez vous en bien cela la ferait tourner,
Maintenez votre sérieux jusqu’au bout
Tant que son ventre n’est pas mou.
Stoppez net la cuisson et passez la sous l’eau glacée,
Cette douche écossaise
Vous rendra fort aise,
Du moins est-ce ce que vous disait maman lorsque vous étiez enfant.
Laissez refroidir une heure au moins
Puis étalez entre deux tranches de pain :
Offrez la tartine à votre papa pour lui faire grincer des dents.
Prenez un kilogramme de maman
Autant de sucre
Pour un litre d’eau
Commencez par la faire mijoter dans son jus
Jusqu’à ce que toute la graisse soit fondue
Récupérer cette dernière dans un bocal bien hermétique.
Epluchez la pour éviter les grumeaux
Et rajoutez vivement l’eau,
Il se peut alors qu’elle se débatte par quelques tics
Ne vous en offusquez pas
Et versez une cuillère de vinaigre à ras :
Cela lui fera faire la grimace comme la soupe
Qu’elle vous servait autrefois.
Remuez bien, ça accroche parfois.
Au lieu du vinaigre vous pouvez également – houp !
Elle éclabousse du bout du menton –
Lui presser le citron :
Chacun son tour et les chats seront bien fouettés.
Versez le sucre à présent
En comptant bien chaque cristal manquant,
Portez à ébullition en n’oubliant pas de mélanger
Vous la ferez ainsi confire
Ce qui peut porter à rire :
Gardez vous en bien cela la ferait tourner,
Maintenez votre sérieux jusqu’au bout
Tant que son ventre n’est pas mou.
Stoppez net la cuisson et passez la sous l’eau glacée,
Cette douche écossaise
Vous rendra fort aise,
Du moins est-ce ce que vous disait maman lorsque vous étiez enfant.
Laissez refroidir une heure au moins
Puis étalez entre deux tranches de pain :
Offrez la tartine à votre papa pour lui faire grincer des dents.
jeudi 23 octobre 2008
Sans titre (4)
Et le mot, le vaste jeu de mot de l’univers qui se priverait bien du langage, soyez en certain ! L’immense, la gigantesque association d’idées : d’images, de sons, d’odeurs … de sensualité. Les petits plaisantins, les champions du trucage n’ont pas attendu le verbe pour réaliser leur tour de passe - passe : imaginez Lucie singeant le vol de l’autruche ou ce longue dent dont les canines étaient cariées et qui n’osait même plus gober les mouches tant il avait mal. Et de lâcher un pet bien sonore et foireux pour achever ses mimes.
Comme des dupes. Systématiquement nous bénirions notre fils cadet en croyant embrasser l’aîné : une peau de chèvre, la voix anormalement grave et vulgaire et ne pas se laver une semaine durant pour faire macérer les odeurs. Comme des dupes aveugles et vieillissantes ! La magie opère, la croyance suit et avec la croyance une cosmogonie se réalise : la face du monde en est changée. Même le pot au rose découvert ne saurait abroger notre foi. Il en va ainsi de la force du chaman : imiter c’est s’approprier la force et les pouvoirs de la création qui lui sont échus.
Humain sauras tu me réconforter ? Chaque histoire migre aux cieux et je communie avec l’être qui me raconte. Car en mon for intérieur je sais qu’il n’est qu’un miroir de mes peines et de mes joies. Et l’oiseau de feu dans son envol embrasa le front de la licorne. Ainsi tous les soirs j’attends que l’on me berce de rêves : la nourrice primordiale me prend contre son sein pour me nourrir de mots. Elle me susurre que je suis fils de Dieu et que la paix règne sur moi. Amour, je te chéris et de tout mon être sourd l’ambroisie.
Comme des dupes. Systématiquement nous bénirions notre fils cadet en croyant embrasser l’aîné : une peau de chèvre, la voix anormalement grave et vulgaire et ne pas se laver une semaine durant pour faire macérer les odeurs. Comme des dupes aveugles et vieillissantes ! La magie opère, la croyance suit et avec la croyance une cosmogonie se réalise : la face du monde en est changée. Même le pot au rose découvert ne saurait abroger notre foi. Il en va ainsi de la force du chaman : imiter c’est s’approprier la force et les pouvoirs de la création qui lui sont échus.
Humain sauras tu me réconforter ? Chaque histoire migre aux cieux et je communie avec l’être qui me raconte. Car en mon for intérieur je sais qu’il n’est qu’un miroir de mes peines et de mes joies. Et l’oiseau de feu dans son envol embrasa le front de la licorne. Ainsi tous les soirs j’attends que l’on me berce de rêves : la nourrice primordiale me prend contre son sein pour me nourrir de mots. Elle me susurre que je suis fils de Dieu et que la paix règne sur moi. Amour, je te chéris et de tout mon être sourd l’ambroisie.
mardi 21 octobre 2008
Place BRUSSAC (5)
Je me plais à me représenter Jean Paul Brussac en grand maître d’une loge universelle, tel un Zarastro moins ostentatoire et plus démocratique.
L’organisation des grandes cérémonies, basées sur le volontariat, serait ludique sous sa houlette et sans se prendre au sérieux déboucheraient sur des manifestations d’une grande profondeur et à la joie renouvelée.
Initiateur, Jean Paul l’est sûrement.
En employant un jeune poète comme apprenti libraire dans sa boutique … si vous entendez un jour parler de Frédéric Jorand faites « bruire » jusqu’à moi « les choses » qu’il aura écrite.
En accueillant tous les ans des classes de collégiens qui le temps d’un après midi partent à la découverte du monde des livres dans la plus belle des librairies et repartent avec sous la main les ouvrages qu’ils auront choisis.
Si vous êtes un jour de passage à Bordeaux, surtout allez saluer la « Place Brussac » et respectez l’harmonie des lieux.
Pour ce faire nul besoin de vous sanctifier en y pénétrant, vous ne rentrez pas dans une église, mais comportez vous en être humain libre et curieux.
Soyez ouvert à ce petit monde afin de pouvoir compléter cette histoire de vos anecdotes personnelles et qui sait d’y prendre part !
L’organisation des grandes cérémonies, basées sur le volontariat, serait ludique sous sa houlette et sans se prendre au sérieux déboucheraient sur des manifestations d’une grande profondeur et à la joie renouvelée.
Initiateur, Jean Paul l’est sûrement.
En employant un jeune poète comme apprenti libraire dans sa boutique … si vous entendez un jour parler de Frédéric Jorand faites « bruire » jusqu’à moi « les choses » qu’il aura écrite.
En accueillant tous les ans des classes de collégiens qui le temps d’un après midi partent à la découverte du monde des livres dans la plus belle des librairies et repartent avec sous la main les ouvrages qu’ils auront choisis.
Si vous êtes un jour de passage à Bordeaux, surtout allez saluer la « Place Brussac » et respectez l’harmonie des lieux.
Pour ce faire nul besoin de vous sanctifier en y pénétrant, vous ne rentrez pas dans une église, mais comportez vous en être humain libre et curieux.
Soyez ouvert à ce petit monde afin de pouvoir compléter cette histoire de vos anecdotes personnelles et qui sait d’y prendre part !
samedi 18 octobre 2008
Place BRUSSAC (4)
Les visiteurs de la librairie sont, comme je l’ai déjà dit, des amis venus tailler une bavette avec M. Brussac, des écrivains venus s’entretenir avec un intermédiaire (ces derniers sont souvent également des amis, si bien que la conversation y saute du coq à l’âne), des connaissances venus rendre compte de leurs dernières expériences rendues possible par l’entremise du « capitaine » ou au contraire à la recherche d’une nouvelle profession que son réseau pourra éventuellement combler de leurs vœux …
Mais aussi des clients. Parmi eux des habitants du quartier, des gens de passage et quelques notables bordelais avisés, qui aux autres librairies de qualité de la ville donnent leur préférence à la meilleure malgré les quelques lazzis dont M. Brussac paie leur fidélité en retour.
Ces moqueries portent invariablement, comme s’ils s’étaient donné le mot, sur la soi disant négligence des commandes du libraire qui se perdraient souvent en route.
Fait que je n’ai jamais pu observer, toutes mes commandes arrivant à temps et à heure dite, plus précise qu’un métronome, généralement le vendredi jour de la venue du comptable une fois par mois.
Celui-ci est systématiquement comblé d’éloges par M. Brussac qui en rajoute et improvise tel un virtuose sur le thème de « ces satanés chiffres qui ne veulent rien dire ! ».
Toutefois il semble avéré qu’il refuse de vous vendre un livre s’il a jeté son dévolu dessus. Vous devrez alors patiemment attendre qu’il l’ait lu avant qu’il ne vous le prête.
M. Brussac subi stoïquement les railleries de certains de ses clients mais tel le chêne de la chanson on sent bien qu’il en souffre.
Jusqu’à très récemment je ne m’expliquais pas ce petit jeu.
Mais je me suis avisé que tel le capitaine d’un navire écouté et obéi, ses subordonnés ne manquaient jamais de faire payer cette autorité légitime à leur supérieur par quelques traits d’esprits qui ne volent jamais bien haut comparés aux nues où l’albatros s’ébat joyeusement.
Ainsi en va-t-il de M. Brussac, capitaine bien plus que d’une librairie.
Celle-ci se pare des atours d’un centre culturel plusieurs fois par mois en accueillant la fine fleur de la littérature contemporaine.
Elle sert d’entremetteur pour des revues confidentielles et un lectorat potentiel.
Salle de cinéma d’art et d’essais, des spectateurs y trouvent en avant première et en exclusivité des films improbables mais de qualité exceptionnelle.
Et bouquet final, tous les ans un marché de la poésie y est organisé au printemps avec la remise exceptionnelle d’un prix de littérature dont le lauréat bénéficiera de l’édition de son recueil.
Le week end de cette manifestation, la halle du marché se transforme en petite ruche où le monde de l’édition, de la librairie et de l’écriture, bref toute la chaîne de production du livre, rencontre son public.
[...]
Mais aussi des clients. Parmi eux des habitants du quartier, des gens de passage et quelques notables bordelais avisés, qui aux autres librairies de qualité de la ville donnent leur préférence à la meilleure malgré les quelques lazzis dont M. Brussac paie leur fidélité en retour.
Ces moqueries portent invariablement, comme s’ils s’étaient donné le mot, sur la soi disant négligence des commandes du libraire qui se perdraient souvent en route.
Fait que je n’ai jamais pu observer, toutes mes commandes arrivant à temps et à heure dite, plus précise qu’un métronome, généralement le vendredi jour de la venue du comptable une fois par mois.
Celui-ci est systématiquement comblé d’éloges par M. Brussac qui en rajoute et improvise tel un virtuose sur le thème de « ces satanés chiffres qui ne veulent rien dire ! ».
Toutefois il semble avéré qu’il refuse de vous vendre un livre s’il a jeté son dévolu dessus. Vous devrez alors patiemment attendre qu’il l’ait lu avant qu’il ne vous le prête.
M. Brussac subi stoïquement les railleries de certains de ses clients mais tel le chêne de la chanson on sent bien qu’il en souffre.
Jusqu’à très récemment je ne m’expliquais pas ce petit jeu.
Mais je me suis avisé que tel le capitaine d’un navire écouté et obéi, ses subordonnés ne manquaient jamais de faire payer cette autorité légitime à leur supérieur par quelques traits d’esprits qui ne volent jamais bien haut comparés aux nues où l’albatros s’ébat joyeusement.
Ainsi en va-t-il de M. Brussac, capitaine bien plus que d’une librairie.
Celle-ci se pare des atours d’un centre culturel plusieurs fois par mois en accueillant la fine fleur de la littérature contemporaine.
Elle sert d’entremetteur pour des revues confidentielles et un lectorat potentiel.
Salle de cinéma d’art et d’essais, des spectateurs y trouvent en avant première et en exclusivité des films improbables mais de qualité exceptionnelle.
Et bouquet final, tous les ans un marché de la poésie y est organisé au printemps avec la remise exceptionnelle d’un prix de littérature dont le lauréat bénéficiera de l’édition de son recueil.
Le week end de cette manifestation, la halle du marché se transforme en petite ruche où le monde de l’édition, de la librairie et de l’écriture, bref toute la chaîne de production du livre, rencontre son public.
[...]
vendredi 17 octobre 2008
Place BRUSSAC (3)
Dès l’ouverture de la boutique, débute un ballet incessant digne du café du commerce.
On vient pour entretenir des liens d’amitié, pour demander services ou conseils … et quelque fois tout de même pour acheter un livre.
Non que ces occasions soient rares, la librairie tourne bien commercialement parlant, mais les clients sont noyés dans le flux des visites pour « autres motifs » lorsque les deux ne se confondent pas : ce qui est souvent mon cas.
Pour ma part, après avoir patienté à la terrasse vis-à-vis de la librairie, guettant les signes avant coureur de son ouverture, M. Brussac arrive enfin et me fait signe de la main pour me souhaiter le bonjour.
J’attends alors encore patiemment quelques minutes, que je mets souvent à profit pour régler ma note, le temps qu’il s’installe dans sa boutique et que Marc Pautrel et lui aient pu se saluer et entamer une discussion.
J’entre alors sur la pointe des pieds et, tout en saluant les deux compères, je prends place discrètement dans un recoin de la pièce principale où d’une oreille négligente, tout en fouinant dans les étagères, j’écoute leur entretien qui demeure incompréhensible à mon entendement de novice en littérature.
Généralement, à ce moment, quelques clients aperçus au préalable devant la vitrine durant mon attente, peuvent enfin rentrer salués d’un jovial bonjour.
Puis la discussion entamée continue à battre son plein, dérangée en cela de temps en temps par un appel téléphonique intempestif qui soit attendra une conclusion provisoire de l’entretien soit sera carrément négligé.
Les clients bien éduqués, s’ils ont besoin d’informations, attendront également le moment opportun pour se manifester. M. Brussac tout à leur service s’empressera alors de trouver l’ouvrage tant convoité qui s’il le connaît et l’apprécie sera accompagné de commentaires érudits et enjoués.
Mais gare à l’imprudent ayant une demande imprécise. Il repartira certes avec un ouvrage de qualité, mais qui ne répondra peut être pas entièrement, et ceci est un euphémisme, à son souhait initial.
Ainsi m’a-t-on raconté qu’un britannique francophone se serait aventuré de passage à Bordeaux dans la librairie Olympique avec pour unique souhait d’acquérir un ouvrage sur le thème du voyage, faisant écho sans doute en cela à sa propre situation de voyageur.
Nul guide touristique, encore moins une expérience romanesque sur un voyage d’un homme de lettre tels un Stendhal ou un Heine n’a rempli son escarcelle.
Figurez vous que le maître des lieux aurait, au mot voyage, immédiatement pensé au « Voyage au bout de la nuit » de Céline. Et vantant les mérites de l’ouvrage avec force arguments pertinents aurait réussi à persuader le chaland tombé sous le charme.
Ne voyez pas dans cet acte une vile manœuvre de marchand cherchant à se débarrasser de rossignols traînant sur l’étal : le « Voyage au bout de la nuit » est un grand livre que ne nécessitent nuls conseils avisés de libraire pour le vendre.
Je rapporte d’autant plus volontiers cette légende vraie ou fausse, peu importe, qu’une expérience similaire m’est arrivée en demandant à M. Brussac de me présenter des ouvrages de poésie française contemporaine afin de m’y initier.
Je me suis alors retrouvé avec la collection complète d’essais en prose divers et variés émanant de jeunes plasticiens s’étant reconvertis dans la littérature.
Encore une fois je le répète, n’y voyez aucune malice. D’autant plus que le client est systématiquement invité à s’asseoir dans le vieux fauteuil de la boutique et partir à la découverte du contenu des ouvrages proposés.
Chose que je fis naturellement et ces petits fascicules m’ayant tant plu, je les achetais remettant à plus tard ma demande initiale.
Si une conclusion doit être tirée de ces anecdotes, c’est que comme le grand roi Ahashvérosh, du livre d’Esther, voulant un soir lire des pages de son journal, systématiquement la main providentielle divine lui faisait tourner les feuilles à un endroit bien particulier de l’ouvrage afin qu’il se rappelle au bon souvenir de Mordekhaï qui l’avait sauvé d’un complot.
De même si à première vue le livre avec lequel vous repartirez de la librairie Olympique ne répond pas à votre souhait initial, voyez y un dessein supérieur qui trouvera sa réponse dans la lecture attentive des lignes que M. Brussac vous aura destinées.
Toutefois cet état de fait n’est pas systématique et l’honnêteté me commande de préciser que de nombreux clients arrivés avec une commande imprécise sont repartis non seulement comblés de leur achat mais également satisfait dans leur souhait initial.
Je pense notamment à une mère de famille désirant acheter un ouvrage pour son enfant sur le thème de la Grèce antique.
Ce qui me permet de vous expliquer le pourquoi du nom de la librairie.
M. Brussac serait effectivement un féru de culture classique.
Aucunes références donc au sport dans le nom de sa librairie et encore moins à l’affreuse ganache de Coubertin qui exhuma le cadavre des olympiades grecques.
On vient pour entretenir des liens d’amitié, pour demander services ou conseils … et quelque fois tout de même pour acheter un livre.
Non que ces occasions soient rares, la librairie tourne bien commercialement parlant, mais les clients sont noyés dans le flux des visites pour « autres motifs » lorsque les deux ne se confondent pas : ce qui est souvent mon cas.
Pour ma part, après avoir patienté à la terrasse vis-à-vis de la librairie, guettant les signes avant coureur de son ouverture, M. Brussac arrive enfin et me fait signe de la main pour me souhaiter le bonjour.
J’attends alors encore patiemment quelques minutes, que je mets souvent à profit pour régler ma note, le temps qu’il s’installe dans sa boutique et que Marc Pautrel et lui aient pu se saluer et entamer une discussion.
J’entre alors sur la pointe des pieds et, tout en saluant les deux compères, je prends place discrètement dans un recoin de la pièce principale où d’une oreille négligente, tout en fouinant dans les étagères, j’écoute leur entretien qui demeure incompréhensible à mon entendement de novice en littérature.
Généralement, à ce moment, quelques clients aperçus au préalable devant la vitrine durant mon attente, peuvent enfin rentrer salués d’un jovial bonjour.
Puis la discussion entamée continue à battre son plein, dérangée en cela de temps en temps par un appel téléphonique intempestif qui soit attendra une conclusion provisoire de l’entretien soit sera carrément négligé.
Les clients bien éduqués, s’ils ont besoin d’informations, attendront également le moment opportun pour se manifester. M. Brussac tout à leur service s’empressera alors de trouver l’ouvrage tant convoité qui s’il le connaît et l’apprécie sera accompagné de commentaires érudits et enjoués.
Mais gare à l’imprudent ayant une demande imprécise. Il repartira certes avec un ouvrage de qualité, mais qui ne répondra peut être pas entièrement, et ceci est un euphémisme, à son souhait initial.
Ainsi m’a-t-on raconté qu’un britannique francophone se serait aventuré de passage à Bordeaux dans la librairie Olympique avec pour unique souhait d’acquérir un ouvrage sur le thème du voyage, faisant écho sans doute en cela à sa propre situation de voyageur.
Nul guide touristique, encore moins une expérience romanesque sur un voyage d’un homme de lettre tels un Stendhal ou un Heine n’a rempli son escarcelle.
Figurez vous que le maître des lieux aurait, au mot voyage, immédiatement pensé au « Voyage au bout de la nuit » de Céline. Et vantant les mérites de l’ouvrage avec force arguments pertinents aurait réussi à persuader le chaland tombé sous le charme.
Ne voyez pas dans cet acte une vile manœuvre de marchand cherchant à se débarrasser de rossignols traînant sur l’étal : le « Voyage au bout de la nuit » est un grand livre que ne nécessitent nuls conseils avisés de libraire pour le vendre.
Je rapporte d’autant plus volontiers cette légende vraie ou fausse, peu importe, qu’une expérience similaire m’est arrivée en demandant à M. Brussac de me présenter des ouvrages de poésie française contemporaine afin de m’y initier.
Je me suis alors retrouvé avec la collection complète d’essais en prose divers et variés émanant de jeunes plasticiens s’étant reconvertis dans la littérature.
Encore une fois je le répète, n’y voyez aucune malice. D’autant plus que le client est systématiquement invité à s’asseoir dans le vieux fauteuil de la boutique et partir à la découverte du contenu des ouvrages proposés.
Chose que je fis naturellement et ces petits fascicules m’ayant tant plu, je les achetais remettant à plus tard ma demande initiale.
Si une conclusion doit être tirée de ces anecdotes, c’est que comme le grand roi Ahashvérosh, du livre d’Esther, voulant un soir lire des pages de son journal, systématiquement la main providentielle divine lui faisait tourner les feuilles à un endroit bien particulier de l’ouvrage afin qu’il se rappelle au bon souvenir de Mordekhaï qui l’avait sauvé d’un complot.
De même si à première vue le livre avec lequel vous repartirez de la librairie Olympique ne répond pas à votre souhait initial, voyez y un dessein supérieur qui trouvera sa réponse dans la lecture attentive des lignes que M. Brussac vous aura destinées.
Toutefois cet état de fait n’est pas systématique et l’honnêteté me commande de préciser que de nombreux clients arrivés avec une commande imprécise sont repartis non seulement comblés de leur achat mais également satisfait dans leur souhait initial.
Je pense notamment à une mère de famille désirant acheter un ouvrage pour son enfant sur le thème de la Grèce antique.
Ce qui me permet de vous expliquer le pourquoi du nom de la librairie.
M. Brussac serait effectivement un féru de culture classique.
Aucunes références donc au sport dans le nom de sa librairie et encore moins à l’affreuse ganache de Coubertin qui exhuma le cadavre des olympiades grecques.
jeudi 16 octobre 2008
Place BRUSSAC (2)
Sur les rayonnages de la librairie Olympique vous trouverez, au milieu de tous les beaux livres qui raviraient le bibliophile le plus exigeant, quelques effets personnels, souvenirs de moments mémorables ou d’une autre époque.
Parmi eux une photo d’un jeune homme sac au dos, aux habits de marin, la casquette crânement vissée sur la tête, le sourire aux lèvres émergeant d’une barbe juvénile déjà fournie mais à la taille impeccable, le tout sur fond de lande bretonne je suppose, avec en arrière plan une de ces bâtisses typiques en pierre de taille : du granit, comme les menhirs, si difficile à sculpter …
Souvent je passais devant ce cliché sans y prêter attention, concentré que j’étais sur les rayonnages. Jusqu’au jour où je m’avisais que ce visage m’était connu : celui du propriétaire de la librairie !
Un mystère toutefois demeure : est ce bien M. Brussac dans la splendeur de sa jeunesse ou bien un fils qui lui ressemblerait ?
Ce qui me fait hésiter est la qualité du grain de l’image. Une photo, répondant à la première hypothèse et ayant à présent trente ans bien tapés, pourrait elle avoir cette qualité de reproduction et de conservation ?
Admettons pour les besoins de la narration que tel est le cas.
La casquette que porterait M. Brussac est une de ces casquettes bleue marine de capitaine à une époque où il n’était encore que capitaine de lui-même : baroudeur à la recherche de l’inspiration nécessaire au jeune artiste qu’il était alors. Ou bien est ce de ces voyages que la vocation de sculpteur lui est venue ?
Le granit, comme les menhirs, si difficile à sculpter l’aurait il foudroyé tel un Dieu antique d’un destin le héros ?
Car c’est bien de granit que sont faites les rares œuvres que j’ai eu le loisir de contempler en reproduction sur le net : compositions fortes et puissantes taillées dans la roche, mise en scène de la pierre, presque brute en apparence, mais se révélant richement travaillée pour l’œil averti.
Quelques scories de ses œuvres (ou bien simples pavés ?) traînent ça et là dans la boutique, presse livres improvisés en guise de rappel de la vocation première du maître des lieux.
Amour des belles lettres ou plus prosaïquement recherche d’une stabilité financière ou les deux, toujours est il que, sans abandonner complètement son activité de sculpteur, M. Brussac prodigue une passion d’artiste à son nouveau métier.
Et encore, cela serait bien peu pour décrire toutes les casquettes que porte désormais cet homme dans le cadre de son activité publique principale.
Capitaine d’un iceberg dont la partie émergée serait la librairie Olympique, il mène tour à tour les activités d’agence d’intérim, d’organisateur d’évènements, d’éditeur, d’agent d’écrivains, de conseil en carrière littéraire … conservant dans un jardin secret son métier premier.
En vous installant dans le vieux fauteuil, essoufflé et soulagé du poids des visiteurs par un non moins vieux coussin, posé dans un recoin de la pièce principale, sur lequel M. Brussac vous invitera sans doute à vous asseoir, vous serez convié à partir à la découverte des trésors de ses étagères, tout en sirotant un café, rapporté depuis le café le plus proche par les bons soins du maître de céans, que je n’ai pour ma part jamais la patience d’attendre.
Exceptés les lundis, jour de fermeture, je me poste systématiquement à midi sur une terrasse de la place, un livre ou un journal à portée de main, bien avant l’ouverture de la librairie vers les deux heures et demie – trois heures de l’après midi. Ce qui me laisse tout le loisir après avoir déjeuné de boire mon café avant qu’on me l’offre.
Cette longue attente fait désormais partie des rituels de ma relation avec les « Olympiens ».
Systématiquement, tels Hermès Dieu messager, Marc Pautrel écrivain de son état, arrive à vélo sur la place cinq minutes avant M. Brussac.
Parmi eux une photo d’un jeune homme sac au dos, aux habits de marin, la casquette crânement vissée sur la tête, le sourire aux lèvres émergeant d’une barbe juvénile déjà fournie mais à la taille impeccable, le tout sur fond de lande bretonne je suppose, avec en arrière plan une de ces bâtisses typiques en pierre de taille : du granit, comme les menhirs, si difficile à sculpter …
Souvent je passais devant ce cliché sans y prêter attention, concentré que j’étais sur les rayonnages. Jusqu’au jour où je m’avisais que ce visage m’était connu : celui du propriétaire de la librairie !
Un mystère toutefois demeure : est ce bien M. Brussac dans la splendeur de sa jeunesse ou bien un fils qui lui ressemblerait ?
Ce qui me fait hésiter est la qualité du grain de l’image. Une photo, répondant à la première hypothèse et ayant à présent trente ans bien tapés, pourrait elle avoir cette qualité de reproduction et de conservation ?
Admettons pour les besoins de la narration que tel est le cas.
La casquette que porterait M. Brussac est une de ces casquettes bleue marine de capitaine à une époque où il n’était encore que capitaine de lui-même : baroudeur à la recherche de l’inspiration nécessaire au jeune artiste qu’il était alors. Ou bien est ce de ces voyages que la vocation de sculpteur lui est venue ?
Le granit, comme les menhirs, si difficile à sculpter l’aurait il foudroyé tel un Dieu antique d’un destin le héros ?
Car c’est bien de granit que sont faites les rares œuvres que j’ai eu le loisir de contempler en reproduction sur le net : compositions fortes et puissantes taillées dans la roche, mise en scène de la pierre, presque brute en apparence, mais se révélant richement travaillée pour l’œil averti.
Quelques scories de ses œuvres (ou bien simples pavés ?) traînent ça et là dans la boutique, presse livres improvisés en guise de rappel de la vocation première du maître des lieux.
Amour des belles lettres ou plus prosaïquement recherche d’une stabilité financière ou les deux, toujours est il que, sans abandonner complètement son activité de sculpteur, M. Brussac prodigue une passion d’artiste à son nouveau métier.
Et encore, cela serait bien peu pour décrire toutes les casquettes que porte désormais cet homme dans le cadre de son activité publique principale.
Capitaine d’un iceberg dont la partie émergée serait la librairie Olympique, il mène tour à tour les activités d’agence d’intérim, d’organisateur d’évènements, d’éditeur, d’agent d’écrivains, de conseil en carrière littéraire … conservant dans un jardin secret son métier premier.
En vous installant dans le vieux fauteuil, essoufflé et soulagé du poids des visiteurs par un non moins vieux coussin, posé dans un recoin de la pièce principale, sur lequel M. Brussac vous invitera sans doute à vous asseoir, vous serez convié à partir à la découverte des trésors de ses étagères, tout en sirotant un café, rapporté depuis le café le plus proche par les bons soins du maître de céans, que je n’ai pour ma part jamais la patience d’attendre.
Exceptés les lundis, jour de fermeture, je me poste systématiquement à midi sur une terrasse de la place, un livre ou un journal à portée de main, bien avant l’ouverture de la librairie vers les deux heures et demie – trois heures de l’après midi. Ce qui me laisse tout le loisir après avoir déjeuné de boire mon café avant qu’on me l’offre.
Cette longue attente fait désormais partie des rituels de ma relation avec les « Olympiens ».
Systématiquement, tels Hermès Dieu messager, Marc Pautrel écrivain de son état, arrive à vélo sur la place cinq minutes avant M. Brussac.
mercredi 15 octobre 2008
Place BRUSSAC (1)
En plein cœur des Chartrons, à Bordeaux, bat une petite place, la « place du marché des Chartrons ».
Bordée de ses terrasses et de commerces de proximité, on dirait le centre pulsant d’un petit village : petit îlot de ruralité au milieu de la grande ville et de ses artères encombrées.
L’on y vit pourtant l’urbanité dans ce qu’elle a de meilleure, comme un alliage tranquille de ce qui se ferait de mieux dans ces deux espaces qui divisent la France, la ville et la campagne.
Ni quartier à thème, ni villégiature à bobos, encore moins camps retranché bourgeois ou populaire, cette place est ce que les urbanistes anglo saxons qualifieraient de « open space ».
Rayonnante bien au-delà du quartier et de la ville tout en le structurant, l’ouverture sur le monde et sur soi y règne en maître.
Oui sur le monde et sur soi ! Car il permet rien qu’en y pénétrant d’habiter simultanément l’espace dans son extension infinie et dans sa rétraction ultime, procurant cette sensation que seuls les grands voyageurs, tel Ulysse, connaissent. Cette perte et cette trouvaille de l’espace qui ne s’acquiert généralement qu’à la suite de longs voyages inconnus suivis du retour tout aussi inattendu chez soi.
Mais vous me demanderez à quoi tient cette magie des lieux ?
Certes l’architecture n’y est pas laide et comme un diamant en son écrin réside en son centre une merveilleuse petite halle de marché restaurée toute de métal et de pierre.
Toutefois cohabitent avec de vieilles maisons en pierre honorables d’hideux bâtiments des années 50 – 60 mal défraîchis.
Quand aux façades des premières certaines semblent comme abandonnées, menaçant de ruine.
Nulle présence donc d’une quelconque harmonie architecturale qui de l’avis des experts transcenderait l’âme des lieux et des passants.
Cette place tous s’y retrouvent et tout s’y perd. En premier lieu les repères, mais l’imagination y gagne.
J’y ai pris mes habitudes à la terrasse d’un pub dont la vitrine, aux confins de la place, jouxte un restaurant asiatique.
Lors des ondées, fréquentes en cette ville entre deux rayons de soleil, je cours me réfugier dans la vieille salle à la moquette défraîchie et au décor kitsch tout britannique, à destination des pauvres continentaux en mal de vie insulaire que nous sommes, où les accents d’Albion, que les serveuses, d’authentiques « grandes bretonnes », font sonner au fil de leurs commandes et de leur conversation, agrémentent d’excellentes spécialités culinaires bien grasses et d’odeurs de bières.
Pour ma part je n’y bois que d’énormes pintes de limonade lors de mes repas systématiquement terminés par un café que je n’ai pas la patience d’attendre … mais cela est déjà une autre histoire.
En rejoignant donc la salle du pub vous y longerez un restaurant asiatique qui à l’œil mal averti semble abandonné.
En tenant l’affût assez longuement vous y verrez cependant un couple d’annamites effectuant quelques aller retours entre la boutique et la voiture garée en double file qui bloque momentanément la circulation sur cette place à voie et sens unique (aucun klaxon intempestif ne se fera pourtant jamais entendre).
C’est alors qu’une question se pose à mon esprit malade et à l’imaginative paranoïaque : que peuvent bien transborder, dans ce restaurant toujours fermé, ces gens à l’apparence honnête ?
Bien entendu, comme dans tout chinatown qui se respecte, de la fourniture pour un atelier clandestin en arrière boutique d’une façade de complaisance. Ou plus exotique encore, de l’opium à destination d’une fumerie clandestine située au sous sol.
Voilà déjà qui agrémente l’esprit des lieux !
Cependant ce n’est ni à un pub, somme toute assez commun dans les quartiers de nos villes, ni à un restaurant asiatique jadis renommé que la place gagne à être connue et doit sa singularité.
Vous me direz avec justesse que « c’est un ensemble, un tout qui génère la magie d’un lieu ».
Mais vous aurez tout à la fois raison et tort.
Car si c’est bien un tout qui structure cette place, en revanche c’est d’une unique boutique qu’elle rayonne.
Bien plus, d’une personne singulière dont elle tient l’âme et la vie.
Bordée de ses terrasses et de commerces de proximité, on dirait le centre pulsant d’un petit village : petit îlot de ruralité au milieu de la grande ville et de ses artères encombrées.
L’on y vit pourtant l’urbanité dans ce qu’elle a de meilleure, comme un alliage tranquille de ce qui se ferait de mieux dans ces deux espaces qui divisent la France, la ville et la campagne.
Ni quartier à thème, ni villégiature à bobos, encore moins camps retranché bourgeois ou populaire, cette place est ce que les urbanistes anglo saxons qualifieraient de « open space ».
Rayonnante bien au-delà du quartier et de la ville tout en le structurant, l’ouverture sur le monde et sur soi y règne en maître.
Oui sur le monde et sur soi ! Car il permet rien qu’en y pénétrant d’habiter simultanément l’espace dans son extension infinie et dans sa rétraction ultime, procurant cette sensation que seuls les grands voyageurs, tel Ulysse, connaissent. Cette perte et cette trouvaille de l’espace qui ne s’acquiert généralement qu’à la suite de longs voyages inconnus suivis du retour tout aussi inattendu chez soi.
Mais vous me demanderez à quoi tient cette magie des lieux ?
Certes l’architecture n’y est pas laide et comme un diamant en son écrin réside en son centre une merveilleuse petite halle de marché restaurée toute de métal et de pierre.
Toutefois cohabitent avec de vieilles maisons en pierre honorables d’hideux bâtiments des années 50 – 60 mal défraîchis.
Quand aux façades des premières certaines semblent comme abandonnées, menaçant de ruine.
Nulle présence donc d’une quelconque harmonie architecturale qui de l’avis des experts transcenderait l’âme des lieux et des passants.
Cette place tous s’y retrouvent et tout s’y perd. En premier lieu les repères, mais l’imagination y gagne.
J’y ai pris mes habitudes à la terrasse d’un pub dont la vitrine, aux confins de la place, jouxte un restaurant asiatique.
Lors des ondées, fréquentes en cette ville entre deux rayons de soleil, je cours me réfugier dans la vieille salle à la moquette défraîchie et au décor kitsch tout britannique, à destination des pauvres continentaux en mal de vie insulaire que nous sommes, où les accents d’Albion, que les serveuses, d’authentiques « grandes bretonnes », font sonner au fil de leurs commandes et de leur conversation, agrémentent d’excellentes spécialités culinaires bien grasses et d’odeurs de bières.
Pour ma part je n’y bois que d’énormes pintes de limonade lors de mes repas systématiquement terminés par un café que je n’ai pas la patience d’attendre … mais cela est déjà une autre histoire.
En rejoignant donc la salle du pub vous y longerez un restaurant asiatique qui à l’œil mal averti semble abandonné.
En tenant l’affût assez longuement vous y verrez cependant un couple d’annamites effectuant quelques aller retours entre la boutique et la voiture garée en double file qui bloque momentanément la circulation sur cette place à voie et sens unique (aucun klaxon intempestif ne se fera pourtant jamais entendre).
C’est alors qu’une question se pose à mon esprit malade et à l’imaginative paranoïaque : que peuvent bien transborder, dans ce restaurant toujours fermé, ces gens à l’apparence honnête ?
Bien entendu, comme dans tout chinatown qui se respecte, de la fourniture pour un atelier clandestin en arrière boutique d’une façade de complaisance. Ou plus exotique encore, de l’opium à destination d’une fumerie clandestine située au sous sol.
Voilà déjà qui agrémente l’esprit des lieux !
Cependant ce n’est ni à un pub, somme toute assez commun dans les quartiers de nos villes, ni à un restaurant asiatique jadis renommé que la place gagne à être connue et doit sa singularité.
Vous me direz avec justesse que « c’est un ensemble, un tout qui génère la magie d’un lieu ».
Mais vous aurez tout à la fois raison et tort.
Car si c’est bien un tout qui structure cette place, en revanche c’est d’une unique boutique qu’elle rayonne.
Bien plus, d’une personne singulière dont elle tient l’âme et la vie.
mardi 14 octobre 2008
Sans titre (3)
C’était une bulle, d’abord un point, qui ne cessait de grandir. Elle s’était juchée dans l’angle mort entre mon épaule et mon cou, en retrait, juste en suspension. Au septième jour, commençant à exercer une pression contre mon crâne, elle dut s’excentrer. Alors que je la reconnaissais enfin, elle s’éloignait. Toutefois je lui en sais gré. Elle aurait tout aussi bien pu me phagocyter !
Comme une idée fixe : une légère rengaine, une âme en peine, la présomption d’une caresse. Comme une idée fixe toujours plus pesante ! Un monstre se réveille puis s’étire avant de cracher du feu. Ce n’est qu’un ballon d’essai. Il se lève et alors la terre tremble et craque sous ses pas. Tout n’est que désastre sur son passage. Et nous n’avons que des larmes pour regretter le passé ou l’évanouissement avant l’horreur. Après : la folie. Puis ceux qui se vendent et le servent croyant s’épargner. Mais le consentement n’est qu’une vue de l’esprit qui se satisfait du pire. Et son roi fantoche assassine les nouveaux nés car il confond sa couronne d’avec celle de l’enfant éternel. Lui niera le mal et la souffrance : sont temps n’est pas encore venu, il vit avec les anges désormais, qui ne parlent plus aux hommes ou alors ne les entendent ils plus. Blasés, eux nient le bon et l’amour qui n’est devenu qu’un moyen comme un autre de poursuivre la guerre.
La honte a-t-elle de l’avenir dans ces conditions ? Quel Oedipe se crèvera les yeux, Caïn fuira t il encore cette rumeur qui le suit tel une ombre, qui le marque au front de l’infamie ? Que nenni, l’impunité en héritage. Et les intérêts de la dette reportés sans cesse sur l’enfant bouc émissaire, courent au taux usuraire de la peine. Et ceux qui croient voler une étincelle de lumière pour un peu de joie : les « bon vivants » qui puent la mort ! Ceux là, les Prométhée de pacotille qui ne risqueront jamais leur liberté et leur foie ont ratés un rendez vous avec la grâce.
Comme une idée fixe : une légère rengaine, une âme en peine, la présomption d’une caresse. Comme une idée fixe toujours plus pesante ! Un monstre se réveille puis s’étire avant de cracher du feu. Ce n’est qu’un ballon d’essai. Il se lève et alors la terre tremble et craque sous ses pas. Tout n’est que désastre sur son passage. Et nous n’avons que des larmes pour regretter le passé ou l’évanouissement avant l’horreur. Après : la folie. Puis ceux qui se vendent et le servent croyant s’épargner. Mais le consentement n’est qu’une vue de l’esprit qui se satisfait du pire. Et son roi fantoche assassine les nouveaux nés car il confond sa couronne d’avec celle de l’enfant éternel. Lui niera le mal et la souffrance : sont temps n’est pas encore venu, il vit avec les anges désormais, qui ne parlent plus aux hommes ou alors ne les entendent ils plus. Blasés, eux nient le bon et l’amour qui n’est devenu qu’un moyen comme un autre de poursuivre la guerre.
La honte a-t-elle de l’avenir dans ces conditions ? Quel Oedipe se crèvera les yeux, Caïn fuira t il encore cette rumeur qui le suit tel une ombre, qui le marque au front de l’infamie ? Que nenni, l’impunité en héritage. Et les intérêts de la dette reportés sans cesse sur l’enfant bouc émissaire, courent au taux usuraire de la peine. Et ceux qui croient voler une étincelle de lumière pour un peu de joie : les « bon vivants » qui puent la mort ! Ceux là, les Prométhée de pacotille qui ne risqueront jamais leur liberté et leur foie ont ratés un rendez vous avec la grâce.
lundi 13 octobre 2008
Articulation de l'espace - temps
Si les possibilités de la vie sont finies, je veux aller le plus lentement possible
Si elles sont infinies alors je veux aller le plus loin possible
Si elles sont infinies alors je veux aller le plus loin possible
dimanche 12 octobre 2008
Le clown
Il fait sentir le parfum d’ombre,
Juché sur sa corde raide
Si haute qu’un pouce est déjà de trop.
Mais le son de l’air vibre
Dans cet espace, si intensément
Que l’assistance devrait en être ivre.
L’ivraie du temps a disparu
Et ne tient plus que dans sa main libre :
Stupide bouquet de pédantes couleurs.
Des gouffres profonds de son pantalon,
Maintenu dans les limites de la décence par une main,
Il avait retiré un mouchoir ténébreux de crasse.
De son appendice démesuré et ivre
Du purin jaillit et nourrit les germes
D’arrogantes fleurs à la beauté hypnotique.
Il fallait applaudir à cette passe d’horticulteur !
Mais lorsqu’il jonglait et jongle encore avec sa vie
On baillait : sauvages que seule la verroterie amuse.
Juché sur sa corde raide
Si haute qu’un pouce est déjà de trop.
Mais le son de l’air vibre
Dans cet espace, si intensément
Que l’assistance devrait en être ivre.
L’ivraie du temps a disparu
Et ne tient plus que dans sa main libre :
Stupide bouquet de pédantes couleurs.
Des gouffres profonds de son pantalon,
Maintenu dans les limites de la décence par une main,
Il avait retiré un mouchoir ténébreux de crasse.
De son appendice démesuré et ivre
Du purin jaillit et nourrit les germes
D’arrogantes fleurs à la beauté hypnotique.
Il fallait applaudir à cette passe d’horticulteur !
Mais lorsqu’il jonglait et jongle encore avec sa vie
On baillait : sauvages que seule la verroterie amuse.
jeudi 9 octobre 2008
Normandie (3) - Littoral
J’aime le flux des marées quand les larges plaines de sable habitent des torrents salés.
J’ai aimé les nacres exposées, chavirées et les chairs de crabes éventrés.
Les embruns pourrissent au vent quand, lointaine, l’écume de la grande mare, sclérose éphémère, surgit inattendue au gré des chaos inondés.
C’est un souffle profond qui m’arrime et chavire mon œil gauche décillé dans l’effluve marine.
C’est une aile de Sterne qui l’a éventrée la comète irisée, prisonnière des marées salines qui refluaient.
Vois l’iris dans l’automne atlantique qui explose ses couleurs byzantines dans le limon et la friche d’un estuaire évidé.
Vois l’horizon sabordé, les nuages y coulent des jours d’atlantes bercés.
Vois.
Je vois.
Voilà la voile à l’horizon des barbares tant aimés.
Dragons et serpents de pourpre drapés.
Qu’il coule, qu’il coule ton sang adoré, souillez les plages infinies de ma vie.
Ressacs, brisez les falaises prétentieuses de la vie.
J’ai aimé les nacres exposées, chavirées et les chairs de crabes éventrés.
Les embruns pourrissent au vent quand, lointaine, l’écume de la grande mare, sclérose éphémère, surgit inattendue au gré des chaos inondés.
C’est un souffle profond qui m’arrime et chavire mon œil gauche décillé dans l’effluve marine.
C’est une aile de Sterne qui l’a éventrée la comète irisée, prisonnière des marées salines qui refluaient.
Vois l’iris dans l’automne atlantique qui explose ses couleurs byzantines dans le limon et la friche d’un estuaire évidé.
Vois l’horizon sabordé, les nuages y coulent des jours d’atlantes bercés.
Vois.
Je vois.
Voilà la voile à l’horizon des barbares tant aimés.
Dragons et serpents de pourpre drapés.
Qu’il coule, qu’il coule ton sang adoré, souillez les plages infinies de ma vie.
Ressacs, brisez les falaises prétentieuses de la vie.
mercredi 8 octobre 2008
Normandie (2) - Honfleur
mardi 7 octobre 2008
Normandie (1) - Ballade Normande
Il marchait sur des jours
Que bientôt il quitta
Arrimés aux bas fonds de Jaipur
Il rêvait d’intouchables en parias.
La gouaille en bandoulière
(Un passé sous arcane
Il jetait ses pieuses)
– Demeurait sous arcane,
Rose de fleuriste, une stratosphère :
C’était un signe cette eau forte sans fanes –
Le fleuve se mit en marche
Dépassant le passé
Et gravait sur des épreuves bravaches
De gangue, de terre, la geste des contrefaits
Les graviers s’y mêlèrent
De galets. Surpassé
Il n’en portait pas moins sa vie altière
Sifflotant la chanson du trépassé.
Arrogant – La rose, et
Oui, pétale à pétale
Sans rien d’anormal suivait son lais
Ronsard n’y pouvait être plus banal –
Des diamants et des rêves habitaient mes nuits.
L’arme insolite fut un tremblement de trêve.
Que bientôt il quitta
Arrimés aux bas fonds de Jaipur
Il rêvait d’intouchables en parias.
La gouaille en bandoulière
(Un passé sous arcane
Il jetait ses pieuses)
– Demeurait sous arcane,
Rose de fleuriste, une stratosphère :
C’était un signe cette eau forte sans fanes –
Le fleuve se mit en marche
Dépassant le passé
Et gravait sur des épreuves bravaches
De gangue, de terre, la geste des contrefaits
Les graviers s’y mêlèrent
De galets. Surpassé
Il n’en portait pas moins sa vie altière
Sifflotant la chanson du trépassé.
Arrogant – La rose, et
Oui, pétale à pétale
Sans rien d’anormal suivait son lais
Ronsard n’y pouvait être plus banal –
Des diamants et des rêves habitaient mes nuits.
L’arme insolite fut un tremblement de trêve.
lundi 6 octobre 2008
Sans titre (2)
Et le feu de la balle surgissant du buisson m’avait aveuglé. C’était un tir solaire qui s’était libéré du branchage après y avoir mûrement concentré ses rayons. Un coup d’œil nonchalant l’avait fait partir qui n’en finissait plus d’être capté par la lumière. Elle irradiait dans un éclat centrifuge mon iris et sa blancheur absorbait toute forme. Alors que la fusion était complète subitement le noir néant s’abattit.
Comme au cinémascope : le train entra en gare, les ouvriers sortaient de l’usine et l’arroseur arrosé. Comme une première du cinémascope ! Une créature se libérait de sa gangue et apparaissait à l’aveugle, se révélait au voyant et le voyeur s’en damnait : seule la lune y perdait un œil mais son éclat se fit alors plus aimant pour des générations jusqu’en l’an 69 du siècle, harmonique et érotique. Depuis longtemps les oracles annonçaient la réunion de l’être solaire d’avec la lune. La fécondation du satellite eu lieu et les marées et les astres en furent changés. La science s’était mise une fois au service de l’onirisme et des forces occultes et déjà le jour brillait en pleine nuit, la marche de la terre se ralentit, s’arrêta et s’opposa à la volonté du créateur : seule une habile manipulation nous fait encore croire à une marche normale de la gravitation par inversion des sens de nos hémisphères cérébraux. Mais qui regarde à l’ouest voit désormais le soleil levant se coucher à l’est de nulle part. Et sa force naissante qui s’accroît sans cesse décile l’œil par la lame affûtée de la faux d’une fusion nucléaire : cette grâce n’est accordée qu’à ceux qui se retournent et seuls la femme de Loth et Orphée ont payé de leur âme ce sacrilège. Dans l’éternité de leur audace, l’immortalité de son chant, leurs vertèbres cervicales se sont pétrifiés et quand on croît qu’ils avancent ils reculent : ils ont vu l’arc tonnerre et voient l’expansion de l’univers comme ils verront le battement éternel de la matière.
Mais à quel prix accepte t on la mort ? Contre un plat de lentille, contre une descendance et sa connaissance omnisciente … contre sa naissance ? La déshérence pour des générations. Et cette cicatrice qui ne se console de rien, qui demeurera toujours les myriades noires se dispersant à l’infini dans l’espace blanc de l’éternité, des pixels de ténèbres que nulle mystique n’éteindra jamais : la chekhina à jamais déflorée. Mais certains n’accepteront jamais ce marché et ceux qui ne peuvent plus le refuser. Eux sont morts de ne vouloir mourir et on leur extorqua le pire pour leur offrir la mort : le cri primordial, des larmes et du sang. Et la souffrance en héritage pour les spectres et les vivants.
Comme au cinémascope : le train entra en gare, les ouvriers sortaient de l’usine et l’arroseur arrosé. Comme une première du cinémascope ! Une créature se libérait de sa gangue et apparaissait à l’aveugle, se révélait au voyant et le voyeur s’en damnait : seule la lune y perdait un œil mais son éclat se fit alors plus aimant pour des générations jusqu’en l’an 69 du siècle, harmonique et érotique. Depuis longtemps les oracles annonçaient la réunion de l’être solaire d’avec la lune. La fécondation du satellite eu lieu et les marées et les astres en furent changés. La science s’était mise une fois au service de l’onirisme et des forces occultes et déjà le jour brillait en pleine nuit, la marche de la terre se ralentit, s’arrêta et s’opposa à la volonté du créateur : seule une habile manipulation nous fait encore croire à une marche normale de la gravitation par inversion des sens de nos hémisphères cérébraux. Mais qui regarde à l’ouest voit désormais le soleil levant se coucher à l’est de nulle part. Et sa force naissante qui s’accroît sans cesse décile l’œil par la lame affûtée de la faux d’une fusion nucléaire : cette grâce n’est accordée qu’à ceux qui se retournent et seuls la femme de Loth et Orphée ont payé de leur âme ce sacrilège. Dans l’éternité de leur audace, l’immortalité de son chant, leurs vertèbres cervicales se sont pétrifiés et quand on croît qu’ils avancent ils reculent : ils ont vu l’arc tonnerre et voient l’expansion de l’univers comme ils verront le battement éternel de la matière.
Mais à quel prix accepte t on la mort ? Contre un plat de lentille, contre une descendance et sa connaissance omnisciente … contre sa naissance ? La déshérence pour des générations. Et cette cicatrice qui ne se console de rien, qui demeurera toujours les myriades noires se dispersant à l’infini dans l’espace blanc de l’éternité, des pixels de ténèbres que nulle mystique n’éteindra jamais : la chekhina à jamais déflorée. Mais certains n’accepteront jamais ce marché et ceux qui ne peuvent plus le refuser. Eux sont morts de ne vouloir mourir et on leur extorqua le pire pour leur offrir la mort : le cri primordial, des larmes et du sang. Et la souffrance en héritage pour les spectres et les vivants.
dimanche 5 octobre 2008
Revue Alsacienne de Littérature
Le nouveau numéro (n°103) de la "Revue Alsacienne de Littérature" (RAL) est sorti !
Je rappelle que certains de mes poèmes ont été publié dans les n° 95 et 97 de cette excellente revue.
Vous pouvez vous procurer ou commander la RAL dans toutes les bonnes librairies de France et de Navarre.
samedi 4 octobre 2008
J'embrasse des espaces infinis (3)
Enfin j’arrivais à Jérusalem. Du mur des lamentations je remontais l’ancienne ville pour emprunter l’antique Cardo : la voie se rétrécissait. De là je sortis par la porte de Jaffa et je descendis les collines de la ville Sainte en me dirigeant vers Jéricho. Sublimes collines de pierre ocre jaune reflétant le soleil. Les troupeaux de chèvre des bédouins, vifs et agiles, y broutaient d’étiques buissons épineux. Arrivé dans la vallée je la descendis, m’y enfonçant toujours plus profondément et laissant derrière moi l’oasis verte des dattiers. J’entrais dans la plaine salée. A ma droite se dressait de curieuses formations géologiques : d’un minéral blanc et gris, morcelé par l’érosion des pluies, des cratères alternaient à de petits monticules. Il me fallait passer par ce paysage lunaire afin de rejoindre les hauteurs. J’arrivais aux monts de Judée alors que le soleil se couchait. Derrière moi la Mer Morte scintillait de mille éclats. Devant moi s’étendait l’infini du désert embrasé par les cieux. C’était le départ et l’arrivée d’un périple sans cesse recommencé où je traçais ma géographie.
J’embrasse des espaces infinis.
J’embrasse des espaces infinis.
vendredi 3 octobre 2008
Hagadah
Je revenais de la capitale en train, quand en me promenant dans les wagons je croisais mon rabbin. Je fis mine de ne pas le voir mais lui m’avait bien vu ou plutôt sentit. Il me fit signe de rentrer dans sa cabine et de m’asseoir en face de lui, j’obtempérais.
Il me souhaita le bonjour et après les formules de politesse d’usage me demanda ce que je faisais dans ce train ; ce qui donnait en langage de rabbin à peu près cela :
- Shalom David ben Abraham. Comment vont tes parents, que la paix soit sur eux ? Et ta sœur, que Dieu la bénisse, que devient elle ?
Je répondais par des formules de généralité sans m’enquérir en retour de sa famille. Pour ma part je revenais d’une exposition au Grand Palais, je lui parlais de l’érotisme chez Picasso, il me répondit par le Zohar et le traité six du Talmud et en particulier de Nidda relatif à la pureté chez la femme. J’étais édifié par le pharisianisme de sa réponse, positivement édifié : ses propos entraient en résonance avec les dessins les plus scabreux du peintre espagnol.
Enfin, après m’avoir récité en conclusion un passage du Cantique des Cantiques, il me demanda ce que je devenais. Je finissais mes études, sans savoir encore de quoi demain serait fait. S’engagea alors la discussion la plus surprenante que je n’ai jamais eu :
- Tu arrives à la fin de ta formation ! Dis moi de quoi parlions nous la dernière fois que nous nous étions vu ?
Depuis ma bar mitzvah j’avais délaissé le judaïsme, mais ces derniers temps avaient été marqué par la découverte personnelle de la grâce du Shabbat et ma curiosité religieuse s’était éveillée, si bien que je demandais à mon rabbin des cours de religion.
- Nous parlions de ma paracha.
- Ah ! Miqqets, c’est bien ça. Nous en étions au moment où Joseph, après avoir interprété les rêves de Pharaon grâce à la médiation de l’échanson, va devenir son conseiller personnel. C’est une belle paracha et pleine de promesse pour toi …
- Comment ça ?
- Et oui ne vois tu pas que grâce à tes études, ton savoir, toi aussi tu es en mesure de devenir le conseiller des grands de ce monde ? Il te faut investir la vie à présent.
Je répondais par des mots très modestes, lui disant que j’étais loin d’être un inspiré et que mon savoir résistait peu à la réalité, qu’avant tout les examens que j’avais passé n’étaient que de vagues contrôles de connaissances.
Il me répondit par cette hagadah :
- Il était une fois dans une yechivah un élève et son maître. Un jour le rebbe convoqua son élève pour lui tenir ces propos :
- Depuis combien de temps es tu là Moshé ?
- Cela va faire dix ans que j’étudie à vos côtés rebbe, une année par commandement.
- Oui c’est un beau chiffre pour étudier. J’espère que ces années t’ont été profitables, que tu y as grandit dans la crainte du Seigneur, bénit soit son nom.
- Oui rebbe, mais je croyais qu’il fallait étudier sans attendre quelque chose en retour.
- C’est vrai Moshé, l’étude se suffit à elle même, mais curieusement c’est ce désintéressement qui procure le plus à l’élève : de savoir, de sagesse. Et s’il faut poursuivre toute sa vie cette œuvre pour la plus grande gloire de l’Eternel un et unique, loué soit il, il faut également un moment quitter son maître.
Ces derniers mots furent comme un coup de tonnerre, sonnèrent comme les trompes du shoffar dans le cœur de Moshé. Quoi, son maître voulait il se débarrasser de lui ?
- Maître j’ai encore tant à apprendre, il est trop tôt.
- Moshé, tu as lu la thorah et le talmud, j’ai commencé à t’initier aux secrets de la Kabbale ; tu pourrais me réciter par cœur n’importe quel passage des saintes écritures. Dieu en soit remercié tu fus l’un de mes meilleurs élèves …
- Mais je suis loin d’avoir épuisé le sens des écritures. Et d’ailleurs comment cela se pourrait il ? les voies du Seigneur sont infinies !
- Les voies du Seigneur sont infinies et ses voix longtemps encore parleront en toi. Mais dit moi Moshé il me semble par tes propos que tu as appris à te poser toi même des questions ?
- Oui rebbe j’ai appris la vanité de toute réponse.
- Sache et prend le comme une ultime leçon, qu’il faut sans cesse se remettre en question. Pose toi des questions et sur ces questions interroge toi encore. Car apprends qu’en toute question réside sa réponse.
- Oui mais rebbe, pour trouver la voie juste, quels questions devrais je me poser ?
- Il me semble Moshé que tu es sur la bonne voie.
Et sur ces derniers mots le rebbe mit fin à l’entretien et mon rabbin me fit signe que je pouvais disposer.
Il me souhaita le bonjour et après les formules de politesse d’usage me demanda ce que je faisais dans ce train ; ce qui donnait en langage de rabbin à peu près cela :
- Shalom David ben Abraham. Comment vont tes parents, que la paix soit sur eux ? Et ta sœur, que Dieu la bénisse, que devient elle ?
Je répondais par des formules de généralité sans m’enquérir en retour de sa famille. Pour ma part je revenais d’une exposition au Grand Palais, je lui parlais de l’érotisme chez Picasso, il me répondit par le Zohar et le traité six du Talmud et en particulier de Nidda relatif à la pureté chez la femme. J’étais édifié par le pharisianisme de sa réponse, positivement édifié : ses propos entraient en résonance avec les dessins les plus scabreux du peintre espagnol.
Enfin, après m’avoir récité en conclusion un passage du Cantique des Cantiques, il me demanda ce que je devenais. Je finissais mes études, sans savoir encore de quoi demain serait fait. S’engagea alors la discussion la plus surprenante que je n’ai jamais eu :
- Tu arrives à la fin de ta formation ! Dis moi de quoi parlions nous la dernière fois que nous nous étions vu ?
Depuis ma bar mitzvah j’avais délaissé le judaïsme, mais ces derniers temps avaient été marqué par la découverte personnelle de la grâce du Shabbat et ma curiosité religieuse s’était éveillée, si bien que je demandais à mon rabbin des cours de religion.
- Nous parlions de ma paracha.
- Ah ! Miqqets, c’est bien ça. Nous en étions au moment où Joseph, après avoir interprété les rêves de Pharaon grâce à la médiation de l’échanson, va devenir son conseiller personnel. C’est une belle paracha et pleine de promesse pour toi …
- Comment ça ?
- Et oui ne vois tu pas que grâce à tes études, ton savoir, toi aussi tu es en mesure de devenir le conseiller des grands de ce monde ? Il te faut investir la vie à présent.
Je répondais par des mots très modestes, lui disant que j’étais loin d’être un inspiré et que mon savoir résistait peu à la réalité, qu’avant tout les examens que j’avais passé n’étaient que de vagues contrôles de connaissances.
Il me répondit par cette hagadah :
- Il était une fois dans une yechivah un élève et son maître. Un jour le rebbe convoqua son élève pour lui tenir ces propos :
- Depuis combien de temps es tu là Moshé ?
- Cela va faire dix ans que j’étudie à vos côtés rebbe, une année par commandement.
- Oui c’est un beau chiffre pour étudier. J’espère que ces années t’ont été profitables, que tu y as grandit dans la crainte du Seigneur, bénit soit son nom.
- Oui rebbe, mais je croyais qu’il fallait étudier sans attendre quelque chose en retour.
- C’est vrai Moshé, l’étude se suffit à elle même, mais curieusement c’est ce désintéressement qui procure le plus à l’élève : de savoir, de sagesse. Et s’il faut poursuivre toute sa vie cette œuvre pour la plus grande gloire de l’Eternel un et unique, loué soit il, il faut également un moment quitter son maître.
Ces derniers mots furent comme un coup de tonnerre, sonnèrent comme les trompes du shoffar dans le cœur de Moshé. Quoi, son maître voulait il se débarrasser de lui ?
- Maître j’ai encore tant à apprendre, il est trop tôt.
- Moshé, tu as lu la thorah et le talmud, j’ai commencé à t’initier aux secrets de la Kabbale ; tu pourrais me réciter par cœur n’importe quel passage des saintes écritures. Dieu en soit remercié tu fus l’un de mes meilleurs élèves …
- Mais je suis loin d’avoir épuisé le sens des écritures. Et d’ailleurs comment cela se pourrait il ? les voies du Seigneur sont infinies !
- Les voies du Seigneur sont infinies et ses voix longtemps encore parleront en toi. Mais dit moi Moshé il me semble par tes propos que tu as appris à te poser toi même des questions ?
- Oui rebbe j’ai appris la vanité de toute réponse.
- Sache et prend le comme une ultime leçon, qu’il faut sans cesse se remettre en question. Pose toi des questions et sur ces questions interroge toi encore. Car apprends qu’en toute question réside sa réponse.
- Oui mais rebbe, pour trouver la voie juste, quels questions devrais je me poser ?
- Il me semble Moshé que tu es sur la bonne voie.
Et sur ces derniers mots le rebbe mit fin à l’entretien et mon rabbin me fit signe que je pouvais disposer.
jeudi 2 octobre 2008
Temporel
Le nouveau numéro de la revue littéraire en ligne "Temporel" est paru!
Vous pouvez le retrouver à partir de mes sites favoris ou directement à l'adresse suivante :
http://temporel.fr/
Je rappelle que vous pouvez retrouver certains de mes poèmes dans le numéro 2 et 3 de cette revue à partir du lien suivant :
http://temporel.fr/_David-Schnee_
les informations me concernant ne sont plus tout à fait exactes!
Bonne lecture.
Vous pouvez le retrouver à partir de mes sites favoris ou directement à l'adresse suivante :
http://temporel.fr/
Je rappelle que vous pouvez retrouver certains de mes poèmes dans le numéro 2 et 3 de cette revue à partir du lien suivant :
http://temporel.fr/_David-Schnee_
les informations me concernant ne sont plus tout à fait exactes!
Bonne lecture.
mercredi 1 octobre 2008
Rap
Dans un déclic de ma souris
J’envoie mes mots dans la fibre optique :
Ça ferraille dur dans les nœuds du réseau.
Le verbe surf en novlangue de Paris Turf,
Du tac au tac il réplique
Dans la course épique
Qui oppose les lettres sanscrites,
Ça cut et ça condense :
Kfé, Kkouète, Skimo glaC ?
Il faut bien dé - Compresser entre deux lols.
Désormais on se tâte par chat,
« Tu me plais, Je te plais »
Un petit pear to pear
Et ça repart :
L’homme connecté a un idéal connexionniste,
Ça zappe, ça double – clic … Dépit ! ça bug.
Mes fichiers sont hakés j’ai plus qu’à recommencer,
Briques après briques je reconstruis mon site :
Pour une fenêtre ouverte sur le monde
Combien de volets fermés pour la pénombre ?
Qu’importe ma porte
Moi je prends la clef
Des champs numériques :
Qu’est ce que va bien pouvoir me dealer mon fournisseur d’accès ?
Il dégroupe, on se regroupe,
Je recoupe l’information désirée :
Ça fuse
J’en suis toute confuse.
Déconstruction, reconstruction,
Le mot clef est télé :
Téléphone,
Télé transportation,
Téléchargement,
Une décharge des sens
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’essence.
Pour faire le plein je me ressource
Au code source … ça y est
Je m’énerve sur le clavier :
CRIS et chuchotements
Et tout le tremblement.
Dis moi petit,
Réel ça a combien de pixels ?
J’envoie mes mots dans la fibre optique :
Ça ferraille dur dans les nœuds du réseau.
Le verbe surf en novlangue de Paris Turf,
Du tac au tac il réplique
Dans la course épique
Qui oppose les lettres sanscrites,
Ça cut et ça condense :
Kfé, Kkouète, Skimo glaC ?
Il faut bien dé - Compresser entre deux lols.
Désormais on se tâte par chat,
« Tu me plais, Je te plais »
Un petit pear to pear
Et ça repart :
L’homme connecté a un idéal connexionniste,
Ça zappe, ça double – clic … Dépit ! ça bug.
Mes fichiers sont hakés j’ai plus qu’à recommencer,
Briques après briques je reconstruis mon site :
Pour une fenêtre ouverte sur le monde
Combien de volets fermés pour la pénombre ?
Qu’importe ma porte
Moi je prends la clef
Des champs numériques :
Qu’est ce que va bien pouvoir me dealer mon fournisseur d’accès ?
Il dégroupe, on se regroupe,
Je recoupe l’information désirée :
Ça fuse
J’en suis toute confuse.
Déconstruction, reconstruction,
Le mot clef est télé :
Téléphone,
Télé transportation,
Téléchargement,
Une décharge des sens
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’essence.
Pour faire le plein je me ressource
Au code source … ça y est
Je m’énerve sur le clavier :
CRIS et chuchotements
Et tout le tremblement.
Dis moi petit,
Réel ça a combien de pixels ?
mardi 30 septembre 2008
Sans titre (1) - à André CHENIER
A pile ou face le sou était retombé exactement sur la tranche. Et la pièce ne cessait de tourner sur elle-même. Aucune décision ne serait prise sur la foi de ce lancer. Aucun pari ne pouvait être tranché. D’ailleurs quel fou miserait sur cette probabilité ? Le coup ne valait pas une tune mais était bien plus que cela. Au début le phénomène était regardé avec curiosité. Puis il fut étudié. Avant d’être délaissé.
Comme une révolution : une marche pour du pain, la prise d’une Bastille et le champ de Mars. Comme une révolution subversive ! A en perdre la tête. Déjà. Et tu claudiquais sur tes pieds (l’un long l’autre court) à saint Lazare sur le départ sans avoir vu les Amériques. Ses herbes grasses, ses feuilles d’herbes si bien chantées … pressenties. Mais quoi, toujours trahis ! Vos rêves évanouis renaissant sans cesse et jamais si bien portés que lorsqu’ils sont légers. « Je sais » dit l’élève qui méconnait. Vous, les croyant, ratiocinateurs, lourds dogmatiques ignorants, programmez, commandez, dictez la mécanique du rêve. Où réside l’oxymore quand l’un des termes anéanti l’autre ?
Liberté chérie, libre pensée, rêve adoré. Je ne vous donnerais pas ma vie mais il est possible que par mégarde je meurs pour vous.
Comme une révolution : une marche pour du pain, la prise d’une Bastille et le champ de Mars. Comme une révolution subversive ! A en perdre la tête. Déjà. Et tu claudiquais sur tes pieds (l’un long l’autre court) à saint Lazare sur le départ sans avoir vu les Amériques. Ses herbes grasses, ses feuilles d’herbes si bien chantées … pressenties. Mais quoi, toujours trahis ! Vos rêves évanouis renaissant sans cesse et jamais si bien portés que lorsqu’ils sont légers. « Je sais » dit l’élève qui méconnait. Vous, les croyant, ratiocinateurs, lourds dogmatiques ignorants, programmez, commandez, dictez la mécanique du rêve. Où réside l’oxymore quand l’un des termes anéanti l’autre ?
Liberté chérie, libre pensée, rêve adoré. Je ne vous donnerais pas ma vie mais il est possible que par mégarde je meurs pour vous.
lundi 29 septembre 2008
dimanche 28 septembre 2008
J'embrasse des espaces infinis (2)
C’était une forêt pauvre humide, aux hautes frondaisons couvertes de clématites, des plantes rampantes couvraient le sol et des giessen que je devais passer à gué la parcouraient. Je me dirigeais résolument vers l’ouest. De temps en temps les arbres cédaient la place à de vastes prés parsemés de saules têtards. Le terrain en pente douce s’élevait jusqu’à un fossé d’où s’étendait une terrasse de terres agricoles. A l’horizon la ligne bleue des montagnes se dressait. Passé le Piémont cultivé de vignes les collines se couvrirent de forêts où les aulnes, les frênes, les saules étaient remplacés par des marronniers, des chênes, des érables. Des fougères et des herbes grasses prospéraient par terre tandis que les lierres se hissaient sur les troncs rugueux couverts de mousses. Depuis des terrasses de grès s’étendaient à mes pieds au loin la plaine et proche le flamboiement des couleurs de l’automne. A mesure que je montais les tâches vertes persistantes des sapins apparaissaient. Leurs innombrables aiguilles, qui jonchaient le sol, servaient à l’édification de fourmilières géantes en forme de pain de sucre. Des torrents dévalaient les pentes. Je montais encore et le sol devint granitique, bientôt j’affrontais mon premier pierrier. Passée cette épreuve, j’arrivais à un replat où la forêt se clairsemait. Le sol était devenu humide et spongieux. Ma progression s’en trouva ralentie. Au centre de la clairière un lac noir reposait. Le sommet était proche : de l’autre côté de la tourbière une sente se hissait dans un cirque glaciaire bordée des deux côtés par des falaises de granit. Longtemps j’escaladais les parois abruptes par où passait mon chemin. J’arrivais enfin sur les chaumes primaires. Seuls quelques hêtres couverts de lichens poussaient rachitiques et torturés par les vents contraires qui soufflaient sur ces sommets désolés. A perte de vue s’étendait une mer de nuages d’où, tels des îles, se dressait le sommet des montagnes. Un corbeau survolait ce paysage et m’enjoignait à le rejoindre : véritablement je planais sur ces surfaces éthérées.
Je ne repris pied nulle part et de là je poursuivis mon chemin droit vers le sud et à l’est, traversant des pays insensés.
Je ne repris pied nulle part et de là je poursuivis mon chemin droit vers le sud et à l’est, traversant des pays insensés.
vendredi 26 septembre 2008
Morgendämmerung
Seit die Morgen erscheinen,
Vor der Mitte der Nacht
Wo der Mond so stark wie die Sterne scheint,
Löst das Mittel die verboten Liebe
Und verblühen die Sterne
Und der verblümt Mond
Fliesst, mit dem dunklen Fluss des Himmels,
Wie Gott, selbst, verblutet sein schwarz – blaues Leben,
Ins weisse Meer am Anfang des Tages.
Vor der Mitte der Nacht
Wo der Mond so stark wie die Sterne scheint,
Löst das Mittel die verboten Liebe
Und verblühen die Sterne
Und der verblümt Mond
Fliesst, mit dem dunklen Fluss des Himmels,
Wie Gott, selbst, verblutet sein schwarz – blaues Leben,
Ins weisse Meer am Anfang des Tages.
jeudi 25 septembre 2008
Sonnet d'après Juda Halévy
Il est rarement une présence comme la tienne
Qui s’impose de jour comme de nuit à mes pensées
Tu m’accompagnes comme ces vielles antiennes
Qui comme un baume sur le cœur vient le panser
Cette plaie qui s’est ouverte pour ne plus se
Refermer, revient dans mes rêves me hanter,
J’y bois, prégnant et fruité comme un thé russe,
Le souvenir que n’effacerait le Léthé
Le monde se déchire pour mieux se révéler
Et chaque amour respire aux sources de l’Amour
Que je porte et que tu me donnes pour m’élever
Est il temps du dais qui nous sépare, le lever ?
Du fonds de l’abîme spirituel où l’on courre
Le temps glouton nous aura peut être avalé.
Qui s’impose de jour comme de nuit à mes pensées
Tu m’accompagnes comme ces vielles antiennes
Qui comme un baume sur le cœur vient le panser
Cette plaie qui s’est ouverte pour ne plus se
Refermer, revient dans mes rêves me hanter,
J’y bois, prégnant et fruité comme un thé russe,
Le souvenir que n’effacerait le Léthé
Le monde se déchire pour mieux se révéler
Et chaque amour respire aux sources de l’Amour
Que je porte et que tu me donnes pour m’élever
Est il temps du dais qui nous sépare, le lever ?
Du fonds de l’abîme spirituel où l’on courre
Le temps glouton nous aura peut être avalé.
mercredi 24 septembre 2008
Nouvelle - Le train
Il s’était (à nouveau ?) levé comme tous les matins.
Et après une toilette et un petit déjeuner bâclés, il se dirigea vers la gare où l’attendait virtuellement le train qui l’emmènerait sur ses lieux d’études, fatigué de n’avoir pas assez dormi (il avait une fois de plus lu trop tard) et par son hygiène alimentaire exécrable.
Se rendant compte que le TER partirait bientôt (ou prochainement, « dans trois minutes ») il s’effraya, étant pourtant persuadé (ou certain) de l’avoir ; et si toutefois tel n’était pas le cas, n’aurait ce pas été une bonne occasion de s’emparer de l’automobile ?
Il accéléra donc la cadence des coups de pédale, ce qui, lui permettant d’arriver à l’heure, lui faisait également bénéficier d’un petit peu d’exercice.
A l’approche du pont de franchissement de la voie de chemin de fer, ayant en ligne de mire l’échappée d’une grand-mère, il ne put résister à son esprit de compétition ; d’autant plus difficilement que la victoire était facile : c’était tout de même autre chose que les voitures, comme la plupart du temps, faute de mieux.
Arrivé au sommet de la côte, ses craintes semblaient se justifier : le train démarrait.
Dans le bénéfice du doute (il n’avait jamais vu un train partir en avance) il se rendit sur le quai et fut immédiatement rassuré (certes la conduite est agréable et la possession d’une voiture confère une popularité ou un potentiel d’attractivité humaine non négligeable mais le rail a tout de même ses avantages ou ne nécessite aucun effort de concentration).
Durant l’attente il comprit la présence inhabituelle du train qu’il avait cru sien : en fait il n’avait fait que passer, mais les travaux effectués sur l’autre ligne l’avaient contraint à ralentir d’où cette impression qu’il démarrait.
Le décalage de cette situation avait suffit à créer une ambiance surréaliste dans la gare.
Les ouvriers étaient là, assez nombreux, répartis sur le chemin de fer, tout le long de l’intervalle du quai, par petits groupes, par petites grappes, comme jetés là d’un mouvement de bras ample et désinvolte.
Paradoxalement le quai lui même était désert
Dès lors tout lui sembla étrange.
Ces voitures sur le parking auxquelles il n’avait jamais prêté attention, il prenait désormais conscience du fait qu’elles appartenaient à des dizaines de personnes qui, comme un seul corps silencieux, allaient prendre le train, allaient travailler comme poussées inexorablement par une force invisible.
Le bureau, l’atelier commençaient ici, quand ils entraient en ce lieu, où toute individualité était annihilée au profit de la masse. Individus surnuméraires, muets, qui formaient cette masse dormante, grondante.
La gare était devenue un univers concentrationnaire.
Ils ne le subissaient pas, mais au contraire s’y complaisaient car ils portaient le vide en eux (autosatisfaction d’avoir un travail en ces temps de crise), gestation du néant qui accoucherait de la violence déjà perceptible et envoûtante, comme le feu intrigue ou ensorcelle l’enfant.
Cette impression était confirmée par les tâches des ouvriers, qui paraissaient primitives, absurdes : travailler pour travailler.
Particulièrement, l’un d’eux, qui déplaçait un tas de st-Nabor à l’aide d’une fourche, me rappelait Sisyphe.
Ainsi en cette matinée grise mais lumineuse, dans cette gare aux allures de chantier au mauvais décor industriel – l’abattement récent d’une bâtisse désaffectée de la SNCF laissait apparaître la lourde installation de minoterie où le fer et la boue se mélangeaient aux lourds nuages de vapeurs qui venaient engrosser les cohortes de nuages du ciel – au milieu de travailleurs sisyphiens et des spectres d’employés que l’on devinait aux nombreuses voitures parquées, le train entra en gare tel un monstre surpuissant de lourdeurs, précédé par le hurlement d’une corne de brume qui provoqua l’arrêt des travaux et força le passage du convoi.
Les ouvriers s’inclinaient à son passage tels les serfs lorsque passait leur souverain. Seuls quelques vassaux se déplaçaient avec aisance pour accueillir le géant.
Quelques jours plus tard, tout était redevenu normal.
Et après une toilette et un petit déjeuner bâclés, il se dirigea vers la gare où l’attendait virtuellement le train qui l’emmènerait sur ses lieux d’études, fatigué de n’avoir pas assez dormi (il avait une fois de plus lu trop tard) et par son hygiène alimentaire exécrable.
Se rendant compte que le TER partirait bientôt (ou prochainement, « dans trois minutes ») il s’effraya, étant pourtant persuadé (ou certain) de l’avoir ; et si toutefois tel n’était pas le cas, n’aurait ce pas été une bonne occasion de s’emparer de l’automobile ?
Il accéléra donc la cadence des coups de pédale, ce qui, lui permettant d’arriver à l’heure, lui faisait également bénéficier d’un petit peu d’exercice.
A l’approche du pont de franchissement de la voie de chemin de fer, ayant en ligne de mire l’échappée d’une grand-mère, il ne put résister à son esprit de compétition ; d’autant plus difficilement que la victoire était facile : c’était tout de même autre chose que les voitures, comme la plupart du temps, faute de mieux.
Arrivé au sommet de la côte, ses craintes semblaient se justifier : le train démarrait.
Dans le bénéfice du doute (il n’avait jamais vu un train partir en avance) il se rendit sur le quai et fut immédiatement rassuré (certes la conduite est agréable et la possession d’une voiture confère une popularité ou un potentiel d’attractivité humaine non négligeable mais le rail a tout de même ses avantages ou ne nécessite aucun effort de concentration).
Durant l’attente il comprit la présence inhabituelle du train qu’il avait cru sien : en fait il n’avait fait que passer, mais les travaux effectués sur l’autre ligne l’avaient contraint à ralentir d’où cette impression qu’il démarrait.
Le décalage de cette situation avait suffit à créer une ambiance surréaliste dans la gare.
Les ouvriers étaient là, assez nombreux, répartis sur le chemin de fer, tout le long de l’intervalle du quai, par petits groupes, par petites grappes, comme jetés là d’un mouvement de bras ample et désinvolte.
Paradoxalement le quai lui même était désert
Dès lors tout lui sembla étrange.
Ces voitures sur le parking auxquelles il n’avait jamais prêté attention, il prenait désormais conscience du fait qu’elles appartenaient à des dizaines de personnes qui, comme un seul corps silencieux, allaient prendre le train, allaient travailler comme poussées inexorablement par une force invisible.
Le bureau, l’atelier commençaient ici, quand ils entraient en ce lieu, où toute individualité était annihilée au profit de la masse. Individus surnuméraires, muets, qui formaient cette masse dormante, grondante.
La gare était devenue un univers concentrationnaire.
Ils ne le subissaient pas, mais au contraire s’y complaisaient car ils portaient le vide en eux (autosatisfaction d’avoir un travail en ces temps de crise), gestation du néant qui accoucherait de la violence déjà perceptible et envoûtante, comme le feu intrigue ou ensorcelle l’enfant.
Cette impression était confirmée par les tâches des ouvriers, qui paraissaient primitives, absurdes : travailler pour travailler.
Particulièrement, l’un d’eux, qui déplaçait un tas de st-Nabor à l’aide d’une fourche, me rappelait Sisyphe.
Ainsi en cette matinée grise mais lumineuse, dans cette gare aux allures de chantier au mauvais décor industriel – l’abattement récent d’une bâtisse désaffectée de la SNCF laissait apparaître la lourde installation de minoterie où le fer et la boue se mélangeaient aux lourds nuages de vapeurs qui venaient engrosser les cohortes de nuages du ciel – au milieu de travailleurs sisyphiens et des spectres d’employés que l’on devinait aux nombreuses voitures parquées, le train entra en gare tel un monstre surpuissant de lourdeurs, précédé par le hurlement d’une corne de brume qui provoqua l’arrêt des travaux et força le passage du convoi.
Les ouvriers s’inclinaient à son passage tels les serfs lorsque passait leur souverain. Seuls quelques vassaux se déplaçaient avec aisance pour accueillir le géant.
Quelques jours plus tard, tout était redevenu normal.
lundi 22 septembre 2008
J'embrasse des espaces infinis (1)
J’embrasse des espaces infinis.
Marchant à la fortune du cœur dans des forêts profondes, où les sentiers se frayaient des passages dans le sous bois touffu, je vis à ma dextre un rocher hissé sur un promontoire. Je m’engageais sur la pente ardue afin de voir ce qu’elle recelait par derrière. Au travers des arbres le ciel commençait à se dessiner. Arrivé au sommet une ouverture se découpa : à mes pieds un aven à marée basse coulait. Soulagé je respirais l’air qui remontait des méandres, puis je repris mon chemin. La forêt se clairsemait et laissa bientôt place à une lande sauvage faite de bruyères et d’herbes sèches balayées par des vents féroces. Ma course y semblait interminable. Je me retournais et déjà la forêt avait disparu de mon horizon. Seuls des menhirs se dressaient et offraient un abri. Adossé à l’un d’eux je buvais quand une rafale venue du Sud de plein fouet me frappa au visage : elle portait des effluves marins, désormais l’Océan était proche. Ce fut tout d’abord une ligne grise à l’horizon. Puis je me rapprochais. L’air iodé m’enivrait et ce fut un autre choc quand la vaste étendue d’eau salée s’offrit entière à mon regard : l’azur s’y reflétait, se mélangeait à des bruns, des verts improbables ; le blanc des embruns apparaissait et disparaissait, porté par des courants profonds venus de loin, venus de temps anciens. Posté sur la plage, à bras ouvert je me saoulais de cette immensité. Longtemps je longeais la côte, le sable céda la place aux rochers qui ralentirent ma progression. Les vagues venaient s’y fracasser avec une violence rare projetant dans l’air des milliards de fines gouttelettes étincelantes.
Je me perdis sur ce littoral et sans conscience je regagnais la Forêt.
Marchant à la fortune du cœur dans des forêts profondes, où les sentiers se frayaient des passages dans le sous bois touffu, je vis à ma dextre un rocher hissé sur un promontoire. Je m’engageais sur la pente ardue afin de voir ce qu’elle recelait par derrière. Au travers des arbres le ciel commençait à se dessiner. Arrivé au sommet une ouverture se découpa : à mes pieds un aven à marée basse coulait. Soulagé je respirais l’air qui remontait des méandres, puis je repris mon chemin. La forêt se clairsemait et laissa bientôt place à une lande sauvage faite de bruyères et d’herbes sèches balayées par des vents féroces. Ma course y semblait interminable. Je me retournais et déjà la forêt avait disparu de mon horizon. Seuls des menhirs se dressaient et offraient un abri. Adossé à l’un d’eux je buvais quand une rafale venue du Sud de plein fouet me frappa au visage : elle portait des effluves marins, désormais l’Océan était proche. Ce fut tout d’abord une ligne grise à l’horizon. Puis je me rapprochais. L’air iodé m’enivrait et ce fut un autre choc quand la vaste étendue d’eau salée s’offrit entière à mon regard : l’azur s’y reflétait, se mélangeait à des bruns, des verts improbables ; le blanc des embruns apparaissait et disparaissait, porté par des courants profonds venus de loin, venus de temps anciens. Posté sur la plage, à bras ouvert je me saoulais de cette immensité. Longtemps je longeais la côte, le sable céda la place aux rochers qui ralentirent ma progression. Les vagues venaient s’y fracasser avec une violence rare projetant dans l’air des milliards de fines gouttelettes étincelantes.
Je me perdis sur ce littoral et sans conscience je regagnais la Forêt.
dimanche 21 septembre 2008
Sonnet du poète - à Monsieur de Sainte Colombe
Brave les soleils inachevés
Arpège les harmonies célestes
Des grands orgues de la voie lactée
Fais jaillir le lais des cieux agrestes :
Sur la nuit grave je sème l’aigu
Blanches sur noires germe la nova
Comme une brisure d’où, ambiguë,
Surgit la mélodie à Dieu va
Comme l’eau à la mer, l’homme en terre.
Ainsi de nouvelles atmosphères
Viennent s’ajouter aux airs anciens
Pour composer le tombeau martien
D’une suite infinie de regrets
Dont la raison s’est évaporée.
Arpège les harmonies célestes
Des grands orgues de la voie lactée
Fais jaillir le lais des cieux agrestes :
Sur la nuit grave je sème l’aigu
Blanches sur noires germe la nova
Comme une brisure d’où, ambiguë,
Surgit la mélodie à Dieu va
Comme l’eau à la mer, l’homme en terre.
Ainsi de nouvelles atmosphères
Viennent s’ajouter aux airs anciens
Pour composer le tombeau martien
D’une suite infinie de regrets
Dont la raison s’est évaporée.
vendredi 19 septembre 2008
Trêve
mercredi 17 septembre 2008
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